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Il y a quelques semaines, un des lieutenants du président ATT l’interpella au sujet de la candidature du PDES – le parti politique qui se réclame de lui – pour la présidentielle de 2012 en ces termes : « Monsieur le président, Séméga soutient qu’il vous attend à propos de la candidature du PDES pour la présidentielle de 2012 ». La réponse d’ATT ne s’est pas faite attendre : « Mais pourquoi? Séméga ne m’a pas attendu en déclarant (à Nioro du Sahel, ndlr) que Modibo ne sera pas le candidat du PDES ». Cette réponse du président ATT, venue à chaud face à une interpellation légitime, peut être analysée sous deux angles. Un: il se place légitimement au dessus de la mêlée partisane au sein du PDES. Deux: il ne semble pas avoir lâché l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé.

La première analyse laisse apparaître qu’ATT ne veut pas trop se mêler de la guéguerre qui oppose certains de ses disciples autour de la candidature du parti se réclamant de lui pour la présidentielle du 29 avril 2012. En d’autres termes, le président de la République veut que chacun de ses lieutenants vole de ses propres ailes pour émerger dans le champ politique. Auquel cas, l’histoire donne raison à Jeamille Bittar qui se démène comme un beau diable, contre vents et marées, au sein du PDES afin d’être investi candidat du parti. Pour cela, il se bat au nom du réalisme politique qui veut que tout homme désirant conquérir le pouvoir, se lève tôt afin de se donner les moyens d’atteindre ses objectifs.

Il se bat également au nom du respect des textes de son parti. Pour rappel, face à la menace de sanction brandie par la direction du PDES contre sa personne ainsi que certains de ses fidèles dont le jeune Amadou Koïta, pour leur implication dans la création de l’Union des mouvements et associations pour le Mali (UMAM) et leur participation à la conception et à l’organisation du meeting de lancement de ladite Union, toute chose qui constitue aux yeux de la direction du parti une violation grave des statuts et règlement intérieur du PDES, Bittar a répondu qu’ils «ne sont point devant une situation de candidature quelconque, le parti n’ayant ni choisi, ni investi un candidat et que de façon officielle aucun dépôt de candidature n’a été fait à ce jour. C’est pourquoi, il a invité ses camarades à lire de façon minutieuse les textes du parti avant de se prononcer sur quoi que ce soit». Certains de ses partisans vont plus loin en soutenant qu’il y a, aujourd’hui au PDES une substitution de rôle avec son corollaire de manquement à l’éthique.

Aussi, les propos du président ATT, toujours perçus sous le même angle, sonnent comme un avertissement pour cet autre candidat caché du PDES, en l’occurrence Hamed Sow qui, comme son homonyme Ahamed Diané Séméga, est également dans l’attente d’un signal en provenance du président de la République pour se lancer dans la course pour Koulouba 2012.

La seconde analyse laisse entrevoir que le président ATT misait ou mise encore sur son ancien Premier ministre, Modibo Sidibé avec qui il partage plus de deux décennies de franche collaboration pour ne pas dire de complicité. Et cela, malgré la façon imprévisible dont il s’est séparé de lui, le mercredi 30 septembre 2011, à l’issue du traditionnel Conseil des ministres qui, sans doute, est désormais inscrit en lettres d’or dans les annales de l’histoire politique du Mali.

Il est vrai que le président ATT n’a pas apprécié la façon dont Modibo était en train de préparer sa campagne pour la présidentielle de 2012, c’est-à-dire placer ses pions dans l’administration sans avoir l’air d’y toucher et débaucher dans les partis de la majorité présidentielle au risque de déstabiliser ceux-ci et de susciter colères et ressentiments contre ATT lui-même, soupçonné d’en être le chef d’orchestre invisible.

Il est également vrai qu’ATT n’a pas, non plus, apprécié la gestion du dossier de l’uranium de Faléa par l’ancien ministre Abou Bakar Traoré, considéré comme un fidèle parmi les fidèles de l’ancien Premier ministre limogé. Cependant, Modido Sidibé est et demeure un protégé d’ATT qui a su conduire, avec détermination et succès, de nombreuses actions dans le cadre de la mise en œuvre du Projet pour le Développement Economique et Social.

Alassane DIARRA

L’Indépendant

Le 09 Novembre 2011