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L’État postcolonial, quel est-il ? L’État néocolonial est-il en mesure d’assurer les missions régaliennes qui sont les siennes, notamment en matière de sécurité des personnes et des biens. L’ONU est devenu certificateur d’élections dans certains Etats africains simplement parce que les acteurs politiques lui ont fait appel … « . Ce sont là quelques unes des interrogations qui ont fusé lors de la conférence-débats animée au Centre Djoliba par l’ADEMA association le samedi 11 décembre 2010. Plusieurs acteurs politiques comme IBK du RPM, Me Mountaga Tall du CNID, Younouss Hamèye Dicko du RDS, Mohamedoun Dicko de l’ADEMA ont appelé à une « domestication de l’État » et à un renforcement de son autorité.

La problématique de la sécurité au Mali ». C’est le thème de cette conférence-débats organisée par l’association  » Alliance pour la Démocratie au Mali (A DE MA) « . La conférence était animée par les professeurs Zéini Moulaye et Harouna Diallo, en présence du président de la Coordination du Mouvement Démocratique (COMODE), le Pr Ali Nouhoum Diallo. La rencontre a enregistré la présence de plusieurs leaders du mouvement démocratique comme Me Mountaga Tall du CNID, Ibrahim Boubacar Kéita du RPM, Younouss Hamèye Dicko du RDS et bien d’autres personnalités issues d’autres formations politiques.

Plantant le décor, les conférenciers ont présenté la question sécuritaire au Mali comme un phénomène récurrent que les gouvernants successifs ne sont pas arrivés à régler. La région septentrionale du Mali est réputée plus agitée même si les zones comme le Sahel occidental, le Delta central du Niger, le Plateau Dogon et le grand nord ont connu, à des degrés divers, des troubles à la sécurité des personnes et des biens.

Dans les débats et, par rapport au rôle et les responsabilités des acteurs politiques nationaux dans la prévention et le règlement des conflits, plusieurs intervenants ont plaidé pour une meilleure sensibilisation des populations.

Pour le président du RPM, l’honorable Ibrahim Boubacar Kéita, l’essentiel des conflits sociaux qui créent l’insécurité a sa base dans la nature et l’autorité de l’Etat en place. Tirant exemplaire d’un documentaire diffusé récemment sur une chaîne de télévision française, IBK a déclaré que certains témoignages de ce film sont simplement  » époustouflants, ahurissants sur la nature de nos Etats postcoloniaux africains. De véritables Etats par procuration, des Etats néo patrimoniaux où tout passe par le chef de l’Etat… « .

Et l’ancien Premier ministre de faire allusion à la faiblesse de l’Etat, de ses moyens de coercition dans l’exercice de ses missions régaliennes de justice, de sécurité, etc. le président du RPM a alors déclaré que « notre pays est à la croisée des chemins en matière d’insécurité.  » L’Etat postcolonial, quel est-il ? « , s’est-il demandé.

Il n’a pas manqué de parler des révélations faites dans le documentaire suscité sur les dossiers de l’assassinat du président Sékou Touré en Guinée, le conflit du Biafra au Nigéria, les problèmes auxquels il a fait face en tant que Premier ministre dans la gestion des contrats miniers avec les partenaires occidentaux… IBK a appelé les uns et les autres à réfléchir sur le sens et l’autorité de l’Etat dans nos pays. Il n’a pas manqué d’inviter le participants à la conférence à lire dans ce sens le récent ouvrage publié par Moussa Mara sur le sujet.

Pour sa part, le président du CNID Faso Yiriwa Ton, Me Mountaga Tall a déclaré que la politique est aussi une des sources de l’insécurité. Ceci, dans la mesure où des élections ne sont pas organisées à hauteur de souhait, des élections faites sous couvre-feu, avec état d’urgence, etc.

Il a appelé l’Etat, en vertu de ses pouvoirs exorbitants, à prendre toutes ses responsabilités pour sécuriser tous les citoyens. Et Me Tall, répliquant à un propos du Pr Younous Hamèye Dicko, de dénoncer le fait que des acteurs politiques fassent appel à l’ONU pour certifier les élections avant de s’en plaindre après.

D’autres orateurs, comme Mohamedoun Dicko de l’ADEMA sont allés dans le même sens, celui de la réaffirmation de l’autorité de l’Etat.  » Nous avons un Etat qui n’est pas le nôtre. Nous avons un Etat qui vient d’ailleurs. Nous avons un Etat dont le territoire est très vaste… « .

Pour lui, les partis politiques et la société civile doivent s’impliquer dans la recherche des voies et moyens pour endiguer le problème sécuritaire dans notre pays. Le retour au système de médiation traditionnelle, les rencontres intercommunautaires, l’approfondissement de la décentralisation sont, entre autres, les préoccupations évoquées par plusieurs autres intervenants pour renforcer la sécurité au Mali.

Bruno D SEGBEDJI

13 Décembre 2010.