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Ils sont au nombre de plusieurs milliers ceux qui ont postulé cette année au concours d’entrée à l’Institut de Formation judiciaire.

Après plusieurs semaines passées dans l’attente et l’angoisse, le département en charge de la justice vient, par un communiqué lu le week-end dernier sur les antennes de la radio nationale, de mettre fin au suspens.

La liste objet du communiqué déclare admissibles six (06) candidats à l’issue du concours. Et, comme on pouvait s’y attendre, aussitôt après leur publication ces résultats ont été vivement décriés par ceux qui ont postulé au concours.

La plupart de ceux dont nous avons recueilli la réaction voient dans ces résultats une volonté du ministre de la justice de freiner l’entrée des jeunes juristes dans cette fonction.

Cinquante était le nombre de places mises en jeu cette année par le ministère en collaboration avec la Direction Nationale de l’Administration judiciaire (DNAJ) gérée par Mme Manassa Danioko qui a eu en charge l’organisation matérielle du concours.

Dans le cadre du programme décennal de la justice (Prodej) chaque année, et ce depuis 5 ans, le ministère de la justice organise des concours de recrutement d’auditeurs de justice.

Si à l’entame du programme, beaucoup se sont précipités pour y voir un coup de baguette magique facilitant l’accès à l’exaltante fonction de magistrat, force est de constater que plus le temps passe plus cet espoir s’est sensiblement émoussé.

Et pour cause le taux de recrutement est d’année en année revu à la baisse à la grande déception des milliers de juristes qui attendent et espèrent encore à leur tour de chance.

La Faculté des Sciences Juridiques et Economiques de l’Université de Bamako où sont formés les dernières générations de juristes du pays, est de plus en plus l’objet de critiques acerbes faisant cas de la mauvaise formation dispensée ces dernières années.

Ce qui, constate plus d’un, se répercute et se ressent sur le niveau de ces jeunes qui sortent avec un diplôme de Maîtrise en droit.

Interpellé lors de la dernière édition de l’Espace d’Interpellation Démocratique (EID) par l’Association Nationale des Jeunes juristes du Mali (ANJM), relativement au faible recrutement des juristes dans les professions juridiques et judiciaires (Magistrature, barreau, corps des Notaires et des Huissiers), Maître Fanta Sylla, ministre de la justice, garde des Seaux avait presque mis en doute le niveau intellectuel des jeunes qui sortent de cette faculté.

Dans sa réponse qui jette presque le discrédit sur les candidats à ces différents concours, le ministre de la justice avait laissé aussi entendre qu’il ne peut être question de rendre aussi facile l’accès à ces différentes fonctions.

Car, a-t-elle précisé, la crédibilité de notre justice est aussi fonction de la qualité de ceux qui en ont la charge. Une déclaration qui, on se rappelle, a été analysée par nombre de juristes comme une tentative du ministre visant à leur jeter l’anathème.

Mais le ministre de la justice cherche-t-elle à nuire injustement aux jeunes juristes ? La faiblesse de plus en plus perceptible des taux de recrutement cache-t-elle sa volonté de cadenasser l’entrée à la fonction de magistrat ?

Aucun argumentaire bien solide ne permet, à ce jour, de le certifier.

Oumar Diamoye

09 janvier 2006.