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La question est de taille, après la sortie hasardeuse (une fois de plus) du Secrétaire Général du parti des Tisserands, M. Bocary Tréta, visant à protester contre la composition du bureau de la nouvelle Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) présidée, il est vrai, par le très controversé ancien ministre de l’Agriculture et non moins Secrétaire politique de l’Adéma-PASJ, M. Seydou Traoré.

Qu’est-ce que le RPM a à dire de plus, après avoir assisté jusqu’au bout au processus de ladite composition du bureau de la CENI ? Le parti du Tisserand serait-il tout simplement “en manque de fils à tisser”?…

Aux débats sur la répartition des 10 représentants de la classe politique entre la Majorité et l’opposition jusqu’à la mise en place du bureau de la CENI, le RPM était présent. Mieux, il figure même dans le nouveau bureau, à travers le 3è vice-président, M. Oumarou Arboncana.

Si la raison qui offusque le RPM est le fait que la Majorité se soit adjugée 7 représentants sur les 10 de la classe politique, ladite raison n’est, en réalité, qu’une tentative de fuite en avant du parti d’IBK. Cela est d’autant plus avéré que c’est Nancoma Keïta en personne qui faisait office de Porte-Parole de l’Opposition.

Et lorsque le ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, le Général Kafougouna Koné, avait brandi la menace de la répartition par la règle de trois, c’est bien lui qui était venu déclarer dans la salle, que… l’Opposition accepte le fait que la Majorité obtienne 7 représentants. Où se situe alors la dérive dans ce processus ?

En outre, si l’Opposition n’a pas pu convaincre les représentants de la société civile -qui estiment peut-être que cette dernière n’est pas crédible-, elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Mais au délà des clivages, où se situe le problème, dans le fait que Seydou Traoré soit élu président de la CENI ? Il n’y en a point, dans la mesure où la CENI est un ensemble formé par toutes les composantes de la société malienne.

Mais si ce qui rend le RPM amère est qu’il aspirait à la présidence de la CENI, il n’y a vraiment pas deux solutions, mais une seule : le parti n’a qu’à retirer son représentant du nouveau bureau de la CENI. Car opter pour l’Opposition, c’est aussi faire des choix difficiles, parfois même oser se démarquer complètement.

Ce qui est d’autant plus vrai qu’à part la dictature de la Majorité, tout le reste n’est que bavardage inutile. Car ceux qui crient à l’instrumentalisation de la CENI avaient usé de cette même dictature de la Majorité -bien qu’assortie de quelques petits calculs politiciens- pour en exclure l’Opposition dite extra-parlementaire.

Aussi, à défaut d’avoir “quelque chose à déclarer” (comme dirait l’ami douanier), le Secrétaire Général du RPM doit se garder de déclarations inopportunes, surtout à un moment où son parti va de plus en plus mal sur l’échiquier politique national. Pour cette raison le duo PARENA-SADI ne doit même plus laisser le RPM lui ravir le vedette de chef de file de l’Opposition.

Et pour cause : au regard de la situation politique du RPM, bien des maliens, sans aller jusqu’à dire que le parti des Tisserands n’est plus que l’ombre de lui-même, se demandent pourtant s’il est réellement apte à conduire l’Opposition.

Reste d’ailleurs à savoir si le RPM résistera encore, après les échéances de 2012, date de la retraite politique de son mentor IBK. Autrement dit, la retraite de ce dernier ne risque-t-elle pas de signer l’arrêt de la disparition politique du RPM? …

Adama S. DIALLO

15 octobre 2008