Nyamina, hier ville florissante et très peuplée s’est, aujourd’hui, pour diverses raisons, vidée progressivement au fil des années d’une bonne partie de la population. Le reste de la commune ne fait pas figure d’exception.
Par exemple, ce qui frappe un visiteur qui y arrive pour la première fois, c’est le nombre impressionnant de concessions en ruines, des ruelles remplies de déchets de toutes sortes. A cela s’ajoute l’état de dégradation très avancé des berges du fleuve.
Mais ce qui étonne l’étranger le plus, dans cette ville, c’est la non prise de conscience des populations de la richesse de leur environnement et les enjeux qui découlent de son exploitation.
En effet, en plus des conséquences sur les espèces animales qui tendent à disparaître du fait d’un braconnage et l’exploitation abusive du bois de chauffe dans une forêt classée dont les limites sont méconnues.
Mieux, le bitumage de la route Koulikoro-Banamba et la réhabilitation de la piste Sirakorola-Nyamina, peuvent constituer de sérieuses menaces sur l’environnement si des dispositions idoines ne sont pas prises.
Cela parce que tout simplement, il y a des cuvettes qui servent de défluents au fleuve qui risquent d’être sérieusement menacées.
Dans cette ville où les activités pratiquées sont l’élevage et la pêche, les Somonos et bozos constituent la couche la plus pauvre à cause du manque de poissons dans cette partie du fleuve Niger. Cette situation touche particulièrement les femmes quand on sait que c’est elles qui s’occupent de la gestion du poisson.
Il est bon de rappeler que la situation privilégiée de la commune rurale de Nyamina du fait de sa richesse en flore et faune d’une part, et de sa position géographique entre le sahel et la ville de Koulikoro, d’autre part constitue un bassin d’approvisionnement idéal en bois de service d’oeuvres et de chauffe pour Koulikoro et environs.
Malheureusement, aujourd’hui, contrairement à la richesse de l’écosystème forestier la commune est confrontée à une véritable érosion des berges du Niger et à une perte des formations végétales.
Sur la berge, on s’aperçoit que seuls quelques petits épineux résistent aux assauts de l’eau et du vent. Et les villageois voient tous les ans, leur rivage s’approcher du lit du fleuve et fait planer une sérieuse menace sur les maisons qui risquent de s’écrouler.
Les pâturages aquatiques sont fortement dégradés, nous a informé un spécialiste de l’environnement ressortissant de la ville de Nyamina.
Selon lui, l’une des conséquences directes de cette situation, s’explique dans la quasi disparition du poisson de tout genre durant une bonne partie de l’année.
Pourtant, cette partie de notre pays, située au bord du Niger, constitue une des zones où l’on pouvait observer quelques lamantins.
L’inquiétude de certains habitants de Nyamina est si grande qu’ils souhaitent que le président de la République Amadou Toumani Touré effectue un déplacement pour voir les réalités auxquelles les populations sont confrontées.
En dehors de cela c’est une interpellation qui est faite chaque jour au ministre de l’Environnement Nancouma Kéïta et par ricochet celui de l’Elevage et de la Pêche.
Pour les ressortissants de Nyamina résidant à Bamako et qui occupent des postes de responsabilité dans l’administration, le problème a une dimension qui ne doit laisser personne indifférente.
C’est pour cela qu’ils ont pensé à la réalisation d’un documentaire pour faire passer l’information et la sensibilisation auprès des habitants de la ville afin d’attirer l’attention des plus hautes autorités sur le danger auquel les populations sont confrontées dans cette ville.
Pour limiter les dégâts sur l’environnement, des chasseurs se sont organisés en groupes pour lutter contre les feux précoces ordonnés.
D’autres actions sont en train d’être entamées par les ressortissants de la localité qui veulent mettre en place une convention collective.
Laya DIARRA
15 décembre 2005.