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Pour la campagne 2008/2009, il est attendu une production, toutes céréales confondues, d’environ 4,6 millions de tonnes, dont 1 618 323 tonnes de riz paddy dans le cadre de l’Initiative riz, soit une augmentation de 50% de la production de la campagne écoulée. Pour le maïs, il est attendu 859.000 tonnes ; 861.000 tonnes pour le mil ; 800.000 tonnes pour le sorgho ; 37.000 tonnes pour le fonio et 13 000 tonnes pour le blé orge.

La production des oléagineux et des protéaginés attendue est de 340.000 tonnes d’arachide, 50.000 tonnes de tournesol et 161.000 tonnes de niébé. Concernant les plantains, il est prévu de récolter 104.000 tonnes de pomme de terre, de patates et d’ignames. L’objectif est d’assurer un approvisionnement correct des marchés, surtout que le besoin de consommation de cette année a été estimé par la direction nationale de la statistique et l’informatique (DNSI) à 669.956,92 tonnes de riz, 778.014,49 tonnes pour le sorgho, 547.915,43 tonnes pour le maïs et 1.460.684,06 pour le mil.

Ainsi, avec plus de 4,6 millions de tonnes de céréales, notre pays peut largement couvrir son besoin de consommation et contenir les prix dans une fourchette relativement supportable pour les consommateurs, si les commerçants jouent carte sur table. Mais, certains esprits malins tenteront toujours de doper les prix pour maximiser leurs profits.

Ce sont, en général, des grands groupes céréaliers bien organisés, qui ont une surface financière assez large leur permettant de faire la rétention des céréales pour créer la rareté sur le marché. Leur méthode consiste à envahir les campagnes aussitôt après les récoltes pour collecter les céréales à vil prix, afin de les revendre plus cher.

Car, ils savent qu’au sortir de l’hivernage, les producteurs ont besoin d’argent pour s’acquitter des engagements financiers contractés auprès des fournisseurs pour acquérir des kits agricoles en début d’hivernage (matériels agricoles, intrants et redevances eau).

Les fonds sont alors placés en avance auprès des débiteurs, qui sont tenus de rembourser en nature après la récolte. Il arrive même que des collecteurs travaillant au service des groupes céréaliers fassent chanter les producteurs, devant la concurrence des petits assembleurs bien connus dans le milieu. Ils obligent ainsi les producteurs à leur vendre à vil prix.

Rétention de stocks. Les graines collectées sont acheminées vers des magasins de stockage installés sur place ou dans les grands centres urbains, en attendant la période de soudure, durant laquelle, les graines sont injectées par petites quantités sur le marché. Ils agissent ainsi sur les fondamentaux du marché pour vendre cher.

C’est ce mécanisme, bien rodé, qui est à l’origine des récurrentes tendances haussières des prix sur les marchés. Selon Famoudou Diarra, un jeune opérateur céréalier, installé au marché de Niarela, actuellement la majeure partie du riz gambiaka vendu sur le marché de la capitale, proviendrait des magasins de Niono.

Mais, depuis près d’un mois et demi, une relative stabilité des prix est perceptible sur les marchés, tant ruraux qu’urbains. La fourchette oscille autour de 300 sur les marchés ruraux et de 350 à 500 Fcfa sur les marchés urbains pour le riz local et de 110 à 250 Fcfa pour les mil/sorgho et maïs (pilés ou non). Pour Famoudou Diarra, c’est déjà le signe d’une baisse probable. Cependant, il faut attendre la fin des prochaines récoltes, en début du mois d’octobre pour voir les prix baissés réellement.

Rappelons que notre pays est soumis à une augmentation galopante des prix des céréales depuis près de deux décennies. Les prix moyens sont passés de 65 Fcfa le kilo pour les céréales sèches pilés (mil et sorgho) au début des années 1990 à plus 200 le kilo actuellement. Le riz de production locale est passé de 225 Fcfa en moyenne le kilo à environ 500 Fcfa selon les marchés, actuellement. Idem pour les autres spéculations (haricot, fonio, arachide, etc.).

Cette augmentation constante a tendance à vider les portefeuilles des consommateurs moyens, dont le revenu est en dessous du prix du sac de riz de 100 kg. Le taux mensuel des salaires minimum est de 21.936 Fcfa pour la catégorie I ; 23.338 Fcfa pour la catégorie II ; 25.641 Fcfa pour la catégorie III ; 28.947 Fcfa pour la catégorie IV ; 32.346 Fcfa pour la catégorie V ; 33.646 Fcfa pour la catégorie VI et 35.049 Fcfa pour la catégorie VII.

Pour contenir l’inflation sur les prix des céréales dans des proportions supportables pour les consommateurs moyens, les autorités de la première République avaient placé sous le monopole exclusif de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM), le circuit commercial du marché céréalier, contrôlé par le secteur privé durant la période coloniale.

La réforme visait à débarrasser le secteur des pratiques, jugées amorales par les autorités d’alors : les prêts usuraires, les prix jugés trop bas aux producteurs et exorbitants aux consommateurs, surprofits et insécurité d’approvisionnement, etc. Mais après des décennies d’indépendance et une forte pression contre le monopole d’État, le marché céréalier a été rouvert à l’initiative privée, à la faveur d’une réforme du secteur en 1981.

Le retour du privé dans le circuit de la commercialisation a été motivé par deux raisons fondamentales : la crise profonde de trésorerie à l’OPAM et le marasme du tissu économique. A mois de dix ans, l’Office a accumulé un déficit de plus de 20,4 milliards de Fcfa entre 1973/1974 et 1980/1981. Avec la réforme de 1981, le « volet commercialisation » a été supprimé des missions de l’OPAM au profit du secteur privé.

Désormais, l’Office se consacre à la régulation du marché céréalier, la gestion du stock de sécurité et la distribution des aides céréalières accordées au gouvernement. Le secteur privé réhabilité, se voit ainsi confier le rôle principal d’approvisionnement des villes en céréales et d’autres produits alimentaires.

A suivre !

A O. Diallo

03 Septembre 2008