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e riz vendu à Bamako à 400Fcfa et à 325Fcfa à Niono. Les autres céréales ne sont pas mieux loties, car la flambée des prix s’est généralisée. Tel est le désolant tableau présenté par la commercialisation de l’initiative riz.

De surcroît, ce cinglant constat d’échec, fait par les media d’Etat- aussi bien l’ORTM que l’Essor- a été réitéré, à l’exception des représentants des producteurs concernant les prix dans les régions, par les participants à l’émission Question d’actualité, dimanche dernier.

Il s’agissait de Jeamille Bittar, président de la CCIM, Abdoul Karim Sissoko, directeur adjoint de la DNCC, Bakary Togola, président de l’APCAM, Youssouf Touré, PDG de l’OPAM, Fanéry Boly, représentant de l’AOPP et du représentant du REDECOMA, Samourou Badou. Ils sont tous convaincus que le prix du riz vendu actuellement aux Maliens est insupportable. Il n’a jamais atteint un niveau aussi élevé, à la même période, ont-ils convenu.

L’aveu est de taille puisqu’il n’y a eu aucune dissonance sur ce point et qu’il émane des différents acteurs présents sur le terrain de la commercialisation du riz. C’est finalement le consommateur qui sort floué de ce programme dont le Premier ministre Modibo Sidibé, prenant les devants et à contre courant de la réalité manifeste avait déjà ‘’bombé le torse’’ en clamant le succès.

Les observateurs avaient compris qu’il avait saisi au vol une occasion de répondre au président ATT qui avait déclaré que l’initiative n’avait pas été lancée au bon moment. Jeamille Bittar s’est voulu moralisateur ‘’ nous sommes tous des Maliens’’, n’a-t-il cessé de répéter lors du débat télévisé.

Si ATT, a-t-il dit, a mis en place l’initiative riz, c’était pour que le riz soit vendu à vil prix et que les Maliens puissent manger à leur faim. ‘’ Je suis surpris, a-t-il ajouté, que les producteurs parlent de coûts de production. Nous avons des chiffres qui prouvent que les prix pratiqués ne sont pas les prix réels. ‘’

Les producteurs se sont sentis visés et ont répondu qu’ils devaient faire des marges bénéficiaires en tenant compte des coûts de production et des crédits qu’ils ont contractés. Ils ont attiré l’attention sur le nombre important des intermédiaires qui provoque une hausse des prix sur le marché.

Le public a donc assisté à une confrontation télévisée entre représentants de producteurs et responsable de commerçants arbitrée par la DNCC et la BNDA. Du moment que tous les acteurs étaient d’accord sur la hausse excessive des prix, le représentant de la REDECOMA n’attendait plus que la solution au problème.

Malheureusement, des invités, dont le PDG de la BNDA, ont affirmé que la crise est structurelle, donc qu’elle va s’installer à demeure. Les prix des céréales, pour eux, vont continuer à grimper au Mali. Ce qui est tout à fait désespérant pour le peuple malien qui ne mérite pas un pareil sort, puisqu’il a payé le prix des exonérations et des subventions.

Le représentant du REDECOMA, Samourou Badou était toutefois du même avis que Jeamille Bittar qui soutenait que le riz était invisible dans les différents lieux de production et que les commerçants les plus fortunés n’arrivaient pas à y accéder.

Pour certains, le riz est clandestinement exporté, mais Bittar s’oppose à cette affirmation. Le président de la CCIM a énoncé deux hypothèses : soit le riz est caché, soit il n’y a pas de riz du tout, contrairement à tout ce qui a été annoncé. Propos qui mettent en doute les annonces du gouvernement et sonnent le glas de l’initiative riz.


D’un air désolé, le représentant du REDECOMA a confirmé Bittar par ces propos :
’ Est-ce qu’il y a du riz ? Nous en doutons ‘’. Le directeur adjoint de la DNCC, Abdoul karim Sissoko, aussi, confirme qu’ils ont dépêché une mission à l’intérieur du pays et celle-ci n’a pu entrer en contact avec les grands producteurs de riz. De concert avec la CCIM, la DNCC et le REDECOMA, le PDG de l’OPAM, Youssouf Touré, déclare avoir vécu la même expérience à savoir le constat d’invisibilité du riz. Il n’y a donc pas pire preuve d’échec pour ATT et le gouvernement de Modibo Sidibé.


Baba Dembélé

03 Février 2009