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On se souvient de ce paysan burkinabé – François Traoré, président de l’Union des producteurs de coton de son pays – vêtu d’un boubou en cotonnade tissée remettant des signatures au directeur général de l’OMC à la réunion de Cancun. C’était en septembre 2003.

L’image avait fait le tour du monde et avait fait un grand effet. Les producteurs de coton réussissaient pour la première fois à se faire entendre dans ce forum mondial.

Le dossier coton devenait une question centrale dans les négociations de l’OMC.

En rappel, le coton africain est depuis quelques années dans l’impasse à cause de la baisse continue des cours sur le marché international.

Cette baisse est due à la surproduction qui, elle- même, est la conséquence des subventions massives accordées par les Etats-Unis et certains Etats européens à leurs cotonculteurs.

Ces su
bventions, selon les pays en voie de développement, sont contraires aux règles du commerce multilatéral. Depuis 2003, les producteurs africains – Bénin, Burkina, Mali et Tchad en tête – ont engagé une bataille pour obtenir la suppression de ces subventions ou leur réduction.

Les pertes sont énormes

Selon l’Association des producteurs de coton africains (APROCA) représentée dans 12 pays d’Afrique, plus de 10 millions de cotonculteurs africains croupissent dans la misère à cause de ces subventions dont 1% seulement pourrait sauver des millions de vies africaines.

D’une année à l’autre, les pertes sont énormes pour les paysans africains.

« L’année dernière, je m’attendais à un million de francs CFA dans la vente de ma récolte, témoigne Casimir Zoungrana, un producteur de la région de Ouagadougou. Mais je me suis retrouvé avec huit cent mille à cause de la baisse des prix. Cette année, j’ai refait 6 hectares, mais je ne suis pas sûr d’avoir cinq cent mille francs. »

Cette situation a une forte incidence sur le pouvoir d’achat des producteurs qui, le plus souvent, n’ont pas d’autres ressources monétaires que le coton.

« Le coton, c’est comme une banque pour moi, explique Zoungrana. C’est là que je peux obtenir de l’argent pour nourrir ma famille, l’habiller et envoyer les enfants à l’école. Mais actuellement, tout ça est difficile pour moi. »

« En deux campagnes, indique François Traoré, également président de l’APROCA, la perte subie par un producteur burkinabé par exemple est de 35 000 francs CFA (53 Euros environs) par tonne. »

« Régler le problème une bonne fois pour toutes« 

Les Africains, qui attendent beaucoup de Hong Kong après l’échec de Cancun, n’entendent pas relâcher la pression sur l’OMC et les pays riches. C’est pourquoi l’idée de la pétition a été reconduite.

Mais au lieu de 80 000 signatures recueillies au Burkina en 2003, cette année l’initiative s’étend sur tous les pays producteurs d’Afrique de l’Ouest et du Centre.

L’APROCA a fixé la barre à 2 millions de signatures. Dans chaque pays, les organisations paysannes et d’autres volontaires seront chargés de la collecte des signatures.

Le premier à signer a été le directeur général du commerce du Burkina, Sériba Ouattara, le 29 octobre à Ouagadougou à l’issue de la cérémonie de lancement de la pétition.

Une fois les signatures réunies, l’association dont le siège est situé au Mali espère les remettre au président malien Amadou Toumani Touré en marge du sommet franco-africain, prévu début décembre à Bamako.

Ce sont les autorités maliennes qui, au nom des autres Etats africains, devraient à leur tour présenter ces signatures à la réunion de l’OMC.

« Ces signatures viendront marquer la volonté et la détermination des pays producteurs africains de coton de voir leur problème réglé une bonne fois pour toutes« , commente Sériba Ouattara.

A Barry

7 novembre 2005.