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172 cartons contenant 133 350 boîtes contenant également 1 655 400 comprimés de différents genres de produits pharmaceutiques dont de faux viagras, les comprimés «Eclumal» communément appelés au Mali «Samprin» que les gens utilisent contre la fatigue, de faux anti-biotiques, des comprimés contre les règles douloureuses et les «Mouchoirni» contre le Rhum.

Tel est le butin de la Brigade Mobile d’Intervention (BMI) de Bamako dirigée par l’Inspecteur des Douanes, Mohamed Coulibaly. Cette grosse saisie de faux médicaments en provenance de la Guinée Conakry et destinés au marché malien a été faite dans la nuit du vendredi au samedi dans la zone de Kourouba, précisément dans le village de Déguéla située sur le fleuve Niger.

Selon le Chef de la BMI, l’Inspecteur des Douanes Mohamed Coulibaly, lesdits faux médicaments se trouvaient dans deux pirogues bourrées et conduites chacune par trois gaillards. Lors de l’opération, nous révéla-t-il, ses agents ont pu attraper trois d’entre eux et les autres ont profité de l’obscurité pour prendre la fuite.

Les premières auditions faites par les agents de la BMI ont permis de savoir que la marchandise a été embarquée à NGuélé, un village guinéen situé près de la frontière à Nafadji.

Le nouveau dispositif mis en place par la Douane pour lutter efficacement contre la fraude et la contrefaçon sur le fleuve Niger n’est pas étranger à cette performance.

Faut-il rappeler en effet que tout récemment, les services des Douanes du Mali se sont dotés de pinaces ultra-rapides qui traquent aujourd’hui les fraudeurs sur le fleuve Niger jusque dans leur dernier retranchement. Le chef de la BMI de Bamako nous confia d’ailleurs qu’avec l’arrivée de ces pinaces, ils prennent fréquemment toutes sortes de produits frauduleux sur le fleuve.

Cette grosse saisie de faux médicaments sur le fleuve Niger ne fait que confirmer les inquiétudes de la Fondation Chirac qui se bat aujourd’hui contre «les pharmacies par terre».

Dans une étude sérieuse réalisée par la Fondation qui porte le nom de l’ancien président de la République française, Jacques Chirac, il ressort que l’utilisation des produits pharmaceutiques contrefaits, c’est-à-dire des «pharmacies par terre» dans les pays africains provoque la mort de 200 000 personnes par an.

Malgré ces statistiques effrayantes, l’importation de ces produits pharmaceutiques contrefaits a tendance à devenir une activité très lucrative dans nos pays pauvres. Une source douanière nous indique d’ailleurs que «le trafic de faux médicaments est 25 fois plus lucratif que le trafic de la drogue».

A en croire la même source, cette activité crapuleuse brasse une manne financière extraordinaire. Où vont donc tous «ces médicaments qui tuent» qui sont généralement bien emballés ? Qui vend ces produits ? Et pourquoi les autorités ferment-elles les yeux sur cette activité ?

Au Mali, en tout cas, ce n’est pas les petits ambulants de «pharmacie par terre» qui en profitent le plus. Notre pays s’est en effet doté des textes juridiques qui veillent scrupuleusement sur l’importation des produits pharmaceutiques. Les pharmaciens qui évoluent dans ce secteur savent que c’est un véritable parcours de combattant.

Et pourtant, malgré tout ce garde-fou, des produits pharmaceutiques contrefaits inondent aujourd’hui les marchés de Bamako. Le 26 janvier 2008, la Commission nationale de destruction a procédé à l’incinération de près d’une centaine de tonnes de faux médicaments saisis par la BMI de Bamako.

Aujourd’hui encore, ce sont des produits pharmaceutiques contrefaits qui arrivent. Par définition, les produits pharmaceutiques contrefaits sont soit des produits qui ne contiennent pas la dose normale de principe actif qu’ils devaient contenir, soit qui ne contiennent même pas de principe actif, soit qui contiennent des substances nocives.

Malheureusement, ce sont ces produits qui se retrouvent de plus en plus en vente dans certaines pharmacies de la place. L’Ordre des pharmaciens du Mali qui veille au grain aurait sanctionné deux pharmaciens en leur retirant leur agrément parce qu’ils s’adonnaient à la commercialisation des produits pharmaceutiques contrefaits.

Quant à la BMI de Bamako qui a réalisé cette prouesse pour la bonne cause, elle a déféré hier matin les trois fraudeurs pris dans la nuit du vendredi au samedi devant le Procureur de la République, près le Tribunal de Première Instance de la Commune III du District de Bamako, Sombé Théra. C’est dire qu’ils sont en train de méditer aujourd’hui sur leur sort en prison.

Birama Fall

16 Avril 2010.