LA REACTION DES AUTORITES FACE A L’INSECURITE
ALIMENTAIRE
Aujourd’hui, les populations se réfèrent moins aux
causes de cette insécurité alimentaire qu’aux
solutions que les autorités actuelles sont en train de
préconiser pour enrayer le mal. Et effectivement, les
autorités réagissent avec promptitude à la situation
avec les moyens disponibles et continuent à rechercher
de l’aide auprès des partenaires au développement pour
gérer au fur et à mesure cette insécurité alimentaire
qui est en passe de déstabiliser.
Conscientes de l’urgence de la situation, elles
multiplient les efforts d’encouragement de
l’importation des céréales sèches en vue de leur
distribution. Mais là encore, il faudra que les prix
pratiqués soient abordables pour les consommateurs.
C’est là qu’on dit que les autorités actuelles sont à
rude épreuve. Il s’agit d’une expérience non souhaitée
parce que due aux caprices de la nature : invasion
acridienne, faiblesse et répartition inégale des
pluies à laquelle le pouvoir ATT fait face en ce
moment. Cela intervient à un moment où se multiplient
les projets de développement agro-sylvio-pastoraux à
travers le pays.
Malgré les difficultés de la gestion de l’insécurité
alimentaire, les grands aménagements agricoles se
poursuivent, car le président de la République, qui a
fait du développement de l’agriculture une priorité
est convaincu que ce sont les aménagements des
périmètres et la réalisation d’ouvrages de maîtrise
d’eau qui sont en mesure de mettre le monde rural, et
partant, la population générale à l’abri de
l’insécurité alimentaire due aux caprices de la
nature. A l’étape actuelle du développement des
technologies et de la science, il est inadmissible que
nos pays soient encore sous l’effet des caprices de la
nature.
Aucun progrès significatif n’est possible en ce
moment si l’homme ne parvient pas à dompter la nature.
C’est d’ailleurs cela qui fait la différence entre les
pays en développement et ceux du nord. Les expériences
récentes prouvent, en effet, que nous ne pouvons plus
continuer une gestion à vue des affaires publiques,
notamment pour ce qui est des questions relatives au
développement socio-économique. Nous sommes à un
moment où les autorités politiques et administratives
multiplient les efforts dans le cadre de
l’approvisionnement des populations en céréales
sèches. Il faut reconnaître que ces actions en cours
sont salutaires, parce qu’elles sont une exigence
vis-à-vis du pouvoir qui assume la responsabilité du
bien être des populations.
Ainsi, tout en saluant cette promptitude des
autorités, il ne faudra pas qu’elles perdent de vue
qu’il ne s’agit là que de mesures palliatives.
L’expérience de cette année en matière de gestion de
l’insécurité alimentaire doit renforcer les capacités
du pouvoir à adopter des stratégies visant à mettre en
place un dispositif solide en terme d’infrastructures
de développement agricole. Pour un pays pauvre comme
le Mali, le rythme du développement est lent pendant
que les attentes sont multiples. Or, pour la bonne
gouvernance démocratique, le président de la
République s’est engagé sur la voie du développement,
du bien-être des populations. On comprend d’ores et
déjà que le temps presse et qu’il se distinguera de
ses prédécesseurs en parvenant à révolutionner
l’agriculture.
La loi d’orientation agricole récemment adoptée
pourrait être l’instrument privilégié de cette
révolution. La question que l’on se pose cependant est
de savoir s’il existe les ressources nécessaires à la
réalisation d’une telle ambition d’ici à la fin du
mandat en cours du président ATT. L’idéal serait qu’en
fin de mandat, les populations de plusieurs localités
du pays parviennent à bénéficier progressivement des
avantages des ouvrages de maîtrise d’eau et de
nombreux projets d’aménagement des périmètres. Tout
dépendra de la façon dont seront gérés ces périmètres
surtout à un moment où des superficies sont affectées
aux Etats de la CENSAD. Le salut du Mali réside dans
les efforts de sa transformation en un géant de l’agro
industrie de la sous-région.
Moussa SOW
EXONERATION DE TVA SUR 150 MILLE TONNES DE CEREALES
Pour que l’offre soit supérieure ou égale à la demande
Depuis janvier 2005 les prix des céréales sont en
hausse. Les consommateurs avec un pouvoir d’achat
limité interpellent chaque jour les autorités afin de
trouver une solution à ce problème.
A cet effet, en février 2005, il a été décidé par le
gouvernement d’exonérer 60.000 tonnes de riz de TVA à
l’importation, et du15 juin 2005 au 31 juillet 2005 il
est autorisé aux importateurs d’introduire 50.000
tonnes de riz et 100.000 tonnes de maïs sans payement
de TVA à l’importation sur instruction du chef du
gouvernement et après plusieurs réunions
interministérielles. Et cela pour éviter toute rupture
de stock et la flambée de prix pendant la période de
soudure.
PREMIERE MESURE
Il avait été décidé par les autorités d’importer
60.000 tonnes de riz sans payer de TVA à
l’importation. Et pour éviter que n’importe quel
commerçant se mêle à cette histoire, puisqu’il s’agit
d’exonération de TVA, le gouvernement avait arrêté un
certain nombre de critères afin de mieux servir le
pays.
Il s’agissait d’avoir une surface financière
suffisante pour être en mesure d’apporter la quantité
demandée, de disposer des réseaux de distribution
denses pouvant couvrir l’ensemble du territoire,
d’être présent dans la filière depuis au moins trois
ans et de continuer, c’est pourquoi GDCM (Grand
distributeur de céréales du Mali) de Modibo Kéïta, GGB
(Grand grenier du bonheur) de Bakoré Sylla et
l’opérateur Hamet Niang ont été choisis pour un
meilleur approvisionnement du pays.
Malgré cela, la
demande est encore forte et les prix sont élevés.
Les autres opérateurs économiques n’avaient pas
apprécié ces critères qui les disqualifiaient. Ils
avaient même suspendu leurs commandes qui sont dans
les ports.
DEUXIEME MESURE
Pour résoudre le problème, le gouvernement a pris une
deuxième mesure, celle d’accorder aux opérateurs
économiques des facilités pour l’importation de 50.000
tonnes de riz et 100.000 tonnes de maïs détaxés de la
TVA. Mais pour être sûr de couvrir l’ensemble du
territoire national, deux conditions ont été posées.
Il s’agit du delai d’importation qui s’étend du 15
juin au 31 juillet 2005, du choix des points de
dédouanement.
A cet effet, il a été décidé que le bureau de douanes
de Kayes dédouane 10.000 tonnes, le bureau de Bamako
20.000 tonnes et le bureau de Mopti 20.000 tonnes pour
l’importation des 50.000 tonnes de riz. Et cela pour
permettre que les 20.000 tonnes dédouanées à Bamako
puissent approvisionner Koulikoro, Sikasso, Ségou et
le District de Bamako, que les 20.000 tonnes
dédouanées à Mopti couvrent Tombouctou, Gao, Kidal et
la région de Mopti. Le délai a été établi pour éviter
une importation massive pouvant compromettre la
production nationale.
Malgré toutes ces mesures, les prix n’ont pas changé
puisque jusqu’à présent la demande est supérieure à
l’offre. Au terme de cette deuxième mesure, après
l’importation des 50.000 tonnes de riz et des 100.000
tonnes de maïs, l’offre peut être égale ou supérieure
à la demande, ce qui peut conduire à la baisse des
prix. Et, avec cette autorisation d’importation sans
TVA, les opérateurs économiques seront obligés
d’écouler car il peut y avoir un problème de stockage.
Et en gardant ces céréales, elles peuvent (surtout le
maïs) être concurrencée par la production ce qui
n’est pas dans l’interêt des opérateurs économiques.
Dado CAMARA
23 juin 2005