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A l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré hier la commémoration du 1er mai 2008, retenu comme la journée mondiale des travailleurs. Pour manifester leur solidarité syndicale internationale, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) a respecté sa tradition. Dans le cadre de cette célébration, elle a organisé un défilé effectué par tous les syndicats des travailleurs du Mali affiliés à l’UNTM.

Notre gouvernement était représenté par neuf ministres, dont le ministère du Travail et de la Fonction publique, M. Abdoul Wahab Berthé. Il y avait le secrétaire général de l’UNTM, M. Siaka Diakité accompagné de Moussa Balla Coulibaly du Patronat du Mali, du président du Conseil Economique, Social et Culturel (CESC).

En effet, comme à l’accoutumée, l’UNTM a organisé avant cette journée du 1er mai, une conférence de presse tenue le 30 avril 2008, c’était à la Bourse du Travail. Au cours de cette rencontre, le secrétaire général a souligné qu’il a placé cette année, cette journée sous le signe de la consolidation des acquis en faveur du peuple malien compte tenu des crises qui prévalent au plan national qu’international.


La retenue de la Conférence de presse

Pendant la conférence de presse, le secrétaire général a évoqué les problèmes auxquels le gouvernement doit trouver nécessairement des solutions. Parmi ces différentes crises, il a mentionné la flambée actuelle des prix des denrées de première nécessité, le problème de l’école malienne, la crise au Nord, sans oublier de se prononcer sur certaines situations au plan international.

Il a par ailleurs demandé à l’Etat de prendre des mesures réglementaires en terme de fixation des prix pour que le revenu des Maliens puisse leur permettre de vivre. Il a aussi demandé la vigilance de l’Etat pour que les forces démocratiques de mars 1991 ne s’endorment pas. Quant à l’école, l’Etat doit s’assumer; il en est de même pour la crise du Nord.

Pour terminer, le secrétaire général a signalé que l’UNTM n’a pas l’intention de s’ingérer dans les affaires politiques de l’Etat mais qu’elle est capable de faire partir les incapables. Avant le défilé d’hier, l’UNTM a organisé un match de football entre les joueurs de l’UNTM et ceux du SYNACOM qui s’est soldé par 0-6 en faveur du second. Aussi, un film documentaire sur le parcours démocratique que l’UNTM a été projeté à la télévision nationale.

Il faut noter que cette année, il y a eu une participation massive des travailleurs maliens au défilé comparativement aux autres années. Ont pris part à ce défilé, les différents syndicats affiliés à l’UNTM, notamment la Compagnie des Travailleurs Industriels, CYNAMETIM, SYNABEF, SYMAPOTEL, SOTELMA, Malitel, Orange Mali, les Hôtelleries, les entreprises Laitières, SYNACOMP, EDM, Aéroport, Syntral, Syntade, DNCC, INPS, Police Nationale, Douane, Protection Civile, Amaldème, UMAV, Synapro pour ce citer que ceux-ci.


Une reconnaissance à l’endroit de l’etat

Malgré les enjeux de la période que nous vivons, nous ne pouvons qu’être fiers des résultats obtenus
dans différents domaines de la vie économique et sociale. Il s’agit là de l’augmentation des salaires de 5% en 2008 et de 5% en 2009 ; la diminution du taux de l’impôt sur le traitement des salaires, la relecture du décret instituant le service minimum en cours, l’exécution du contenu de l’accord intervenu entre le gouvernement et l’UNTM en faveur des partants volontaires à la retraite ; la relecture des conventions collectives en cours d’exécution ; la tenue du forum sur les prix.

Sur ce dernier point, l’UNTM, à travers son secrétaire général, a réaffirmé son attachement au dialogue tout en signalant qu’un protocole n’est pas une fin en soi mais qu’il faut se donner la peine et le temps de mettre en oeuvre son contenu.


Des Crises actuelles

Siaka Diakité n’a pas manqué de rappeler que la commémoration de cette fête de 1er mai 2008 intervient dans un contexte particulier, tant au plan national qu’international. Ainsi, au plan mondial, il faut noter, en l’occurrence la flambée des prix du pétrole, la crise alimentaire, singulièrement celle des céréales sèches dont le riz qui ne cesse de provoquer des scènes de récolte, a-t-il martelé. A ce niveau, il a exprimé son inquiétude car, selon lui, aucune solution n’est encore envisagée.

Quant au plan national, le contexte est marqué par les répercussions de crises sur l’économie nationale, la situation sécuritaire au nord, la situation de l’école malienne avec les années qui se chevauchent dans certaines facultés de l’Université de Bamako.

En appelant à la solidarité nationale face à ces crises qui hypothèquent notre destin commun, le monde du travail, a indiqué M. Siaka Diakité, doit assumer sa part de responsabilité, car a-t-il ajouté, la route est longue et chaque étape historique que traverse la société les interpelle.

C’est pourquoi, le secrétaire général a rappelé que le forum tenu à l’initiative de sa centrale syndicale les 26 et 27 décembre 2007 sur les produits de première nécessité qui, selon lui, tarde à connaître les succès attendus des justes recommandations formulées. D’où l’urgence car personne n’est à l’abri des “émeutes de la vie chère”, a-t-il exprimé.

Par ailleurs, la question de l’emploi, singulièrement l’emploi des jeunes constitue aujourd’hui selon l’UNTM un véritable casse-tête. Malgré cela, il a salué les efforts des pouvoirs publics pour venir à bout cette question qui s’achemine vers un fléau national. C’est pourquoi, a-t-il souligné, l’agenda du travail décent attire leur attention.

Par conséquent, pour obtenir les Objectifs du Millénaire, il faut objectivement régler les problèmes de nourriture, d’hébergement, de santé, d’eau potable, d’éducation, de transport et de communication, car ceux-ci constituent un enjeu national. Cependant, une véritable politique de l’emploi ne peut se consolider qu’à travers le développement du potentiel économique.

En effet, compte tenu du marasme des grandes entreprises, il est nécessaire de réviser l’option ultro-néolibérale qui est l’approche du gouvernement au profit d’une réglementation améliorée et des mesures incitatives au plan fiscal pour un assainissement de l’environnement des affaires.

Selon l’UNTM, il est impérieux également de créer les conditions pour que la méthode d’unités de l’économie informelle puisse s’intégrer dans le tissu économique national formel. En tout cas, a dit le secrétaire général de l’UNTM, si rien n’est fait pour que nos entreprises résistent aux multionationales, l’extraversion de notre économie nationale ira en s’aggravant.

Nous risquons d’être condamnés à produire ce que nous ne mangerons pas et à consommer ce que nous ne produirons pas. Il a par ailleurs demandé au gouvernement de faire de notre pays une puissance agricole
auquel tous les militants de l’UNTM réaffirment leur détermination à soutenir toute politique de développement endogène. Mais, il faut que cela soit une volonté politique soutenue et ferme.

L’école malade

S’agissant l’école, Siaka Diakité a dit que l’école malienne est malade et il a expliqué cela par la démission de ceux qui sont en charge de son administration. Les années scolaires se chevauchent avec des formations au rabais. Que de saupoudrage, que de colmatage! Le temps est venu d’engager une politique hardie et clairvoyante pour sauver notre école si demain nous voulons occuper notre rang dans le concert des nations.

L’école doit être mise à l’abri, comme disait-il, l’école à l’école. Il a par ailleurs recommandé à l’Etat de recruter les enseignants, procéder à leur formation et d’engager une politique nécessaire d’adéquation de formation-emploi pour donner plus de chance aux produits qui en sortiront. Notre école, dira-t-il, a besoin d’un véritable dialogue franc et sincère de tous les acteurs pour un compromis honorable.

Il s’agit d’oeuvrer à l’émergence d’une école libératrice, d’une école facteur d’insertion sociale. Si le forum annoncé devrait s’inscrire dans ce cadre, vivement sa tenue.


La situation au nord mali

Le nord malien connaît depuis des mois une crise sécuritaire. Le temps est venu d’en finir avec la gestion ambivalente de cette question qui constitue une menace à l’unité nationale. Nous appelons les pouvoirs publics à s’assumer davantage. Pour la part de l’UNTM, elle réaffirme sa fidélité et son attachement à l’unité nationale et l’intégrité territoriale.

Par ailleurs, le 1er mai 2008 a inspiré les revendications suivantes de l’UNTM. Il s’agit de la relecture des textes instituant les primes et indemnités et leur adaptation au contexte actuel ; l’élargissement de la prime de zone aux autres secteurs ; l’octroi d’avantages fiscaux aux entreprises nationales pour assurer leur décollage économique ; la réorganisation des unités de l’économie informelle, en vue de leur intégration dans le tissu économique moderne.

En cette journée solennelle et au-delà de la solidarité syndicale internationale et des masses laborieuses, l’UNTM entend affirmer son soutien indéfectible à tous les peuples qui se battent pour la liberté, la démocratie.

La scene internationale

Entre autres, l’UNTM exige de la communauté internationale d’oeuvrer activement pour que la Palestine puisse disposer immédiatement d’un Etat ayant pour capitale Jérusalem. Elle souhaite vivement le retour de la paix au Darfour sans oublier les accords intervenus entre les acteurs politiques du Kenya qui ont malheureusement été payés le prix fort, a dit le secrétaire général de l’UNTM.

Aussi, la centrale syndicale appelle les dirigeants africains à se mettre un peu plus à l’écoute des masses populaires qui aspirent à un changement dans la gestion des affaires publiques.

Hady BARRY

02 Mai 2008