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Pour soutenir la position du Gouvernement du Mali sur la situation de Kidal, qui rejette toute négociation avec des groupes armés, et dénoncer le jeu de la communauté internationale, principalement de la France, sur la gestion de la situation de Kidal, le Collectif pour la Défense de la République organise, demain vendredi 27 décembre 2013, une grande marche.

Ledit collectif est composé de l’Association des Sofas de la République, du Syndicat National des Transporteurs et Commerçants Détaillants, du Réseau National des Handicapés du Mali, de l’Association des Tailleurs du Mali, du Réseau “lahidou ton” et beaucoup d’autres organisations sympathisantes, républicaines, attachées à l’intégrité territoriale du Mali et au respect de sa souveraineté.
Au cours d’une conférence de presse organisée avant-hier mardi au Carrefour des Jeunes, les organisateurs ont informé sur les raisons de cette marche après celle qu’ils ont organisée le 27 novembre dernier. La conférence de presse était animée par Mohamed Bathily, porte-parole de l’association des Sofas de la République, assité par M. Djadia Traoré, M. Mohamed Ould Assadeck, tous du Réseau National des Handicapés du Mali, de M. Boubacar Macalou, représentant la Fédération Nationale des Syndicats de Conducteurs Routiers du Mali….

UNE ÉVOLUTION POSITIVE DE L’ATTITUDE DES AUTORITÉS…

Après sa marche du 27 novembre 2013 pour exiger la résolution de la situation de Kidal, conformément aux attentes des Maliens, le Collectif pour la Défense de la République a dit évaluer l’attitude des politiques tant nationales qu’étrangères sur la gestion de la situation de Kidal. Le Collectif reconnaît avoir remarqué une évolution positive de la part des autorités maliennes.
Seon M. Bathily, pour une fois les maliens se reconnaissent dans la politique de leur Gouvernement sur le cas de Kidal du fait que celui-ci agit conformément à la volonté populaire. Quant à la communauté internationale, le Collectif pour la Défense de la République s’indigne face au constat que celle-ci, au lieu d’être sensible aux préoccupations des maliens qui consiste à respecter la souveraineté et le droit du Mali d’établir son intégrité et sa politique, tarde à œuvrer dans ce sens.

C’est d’ailleurs pourquoi la marche du vendredi vise à appeler la communauté internationale au respect de la souveraineté du Mali, de son intégrité territoriale et au respect de la volonté populaire des Maliens, qui souhaitent que le Mali assure seul la sécurité à Kidal sans interférence quelconque.
« Nous montons d’un cran à travers cette marche que nous organisons, le vendredi 27 décembre, pour rappeler à la communauté internationale que le peuple du Mali dans son entier est intransigeant par rapport à la question de Kidal. Et qu’il ne saurait y avoir de négociation avec des bandits armés, qu’aucun diktat ne saurait être exercé sur le peuple malien, que le peuple malien ne saurait accepter aucune compromission, aucune concession à des bandits armés. C’est un soutien populaire légitime aux autorités par rapport à leur position sur la question de Kidal, tout en appelant la communauté internationale de cesser d’abuser de la faiblesse de l’armée malienne et de l’état économique du Mali pour lui imposer des choses qu’aucun peuple souverain ne saurait accepter », a déclaré Mohamed Bathily.

LE NÉCESSAIRE SOUTIEN DES HOMMES POLITIQUES

Pour ce conférencier, du moment où les résolutions des Nations Unies et l’Accord préliminaire de Ouagadougou prévoient tous le désarmement du Mnla, cela doit être effectif sans tarder. “Que cessent la complaisance, que cessent les insultes à l’endroit du peuple malien et des institutions du Mali”, a ajouté M. Bathily.
A la question de savoir si le Collectif entend mener ce combat avec les hommes politiques, Mohamed Bathily a fistigié le comportement des politiques. Pour lui le Mali se trouve dans la situation actuelle à cause du comportement des hommes politiques et qu’il faut que ceux-ci tirent les leçons de leur échec et se rachètent auprès des maliens pour rentrer dans le cadre de la République et avoir un comportement républicain.

« Qu’ils agissent sur le terrain politique où ils ont beaucoup de moyens. Nous ne voulons pas qu’ils viennent se mêler à la société civile, car nous craignons une récupération politique de cette lutte au profit d’un système qui n’arrange pas le peuple. Ils veulent récupérer la société civile pour essayer de biaiser la lutte pour se présenter comme des porte-paroles du peuple auprès des institutions et à long terme, comme par le passé, d’aller négocier leurs carrières politiques. C’est ce que nous craignons. S’ils veulent que nous ayons confiance en eux, nous les exhortons à doubler d’ardeur dans le domaine politique. Si nous sommes tous pour le Mali, il y a pas de raison qu’on ne se rejoigne pas à la ligne d’arrivée. Nous ne souhaitons plus être surpris par les beaux discours des hommes politiques », a déclaré le conférencier Mohamed Bathily.

Ainsi, le Collectif pour la Défense de la République, par la voix de M. Bathily, a appelé les populations maliennes à sortir massivement, le vendredi 27 décembre 2013, pour prendre part à cette marche, en vue de montrer à la communauté internationale que les 15 millions de maliens sont unis derrière leur gouvernement sur la position qu’il a adoptée pour la résolution de la situation de Kidal.

SOUTENIR LE DÉFI LANCÉ PAR IBK

« Plus nous sommes nombreux, plus notre action pèse dans la résolution de cette situation de Kidal. C’est ce que le Mnla a compris vite en faisant sortir leurs femmes et leurs enfants pour aller sur le tarmac de l’aéroport de Kidal, en faisant croire au monde que c’est toutes les communautés du nord qui ne veulent pas du Mali. Ce qui est faux. Donc que les Maliens sortent le vendredi pour montrer que chacun est prêt à abandonner son travail pour se mettre au service de la nation », a déclaré Mohamed Bathily au nom du collectif.
Par ailleurs, M. Bathily a affirmé que le président IBK a lancé un défi, une guerre ouverte en déclarant qu’il ne négociera plus jamais avec des hommes armés. Et que de ce fait, la France ne ménagera aucun effort pour exercer sur le président des pressions économiques, voire militaires. Pour l’amener à fléchir sa position.

Le conférencier pense que c’est seulement la légitimité populaire et l’amour de la patrie qui peuvent faire que IBK résiste aux pressions de la France. Raison pour laquelle, dit-il, « nous canalisons l’unité et la solidarité autour des autorités maliennes pour démontrer à la face du monde que le peuple du Mali est contre les manœuvres qui se trament pour la division de son territoire à cause des richesses que regorgent ses régions du nord ».
Au cours de cette conférence de presse, M. Bathily a fait savoir que la France est en train d’implanter 17 radios dans les régions du nord dont 6 dans la ville de Gao. Selon lui, c’est la France qui détermine la ligne éditoriale desdites radios qui visent à préparer mentalement les populations du nord à la partition du pays. “Quel impact ces radios vont avoir sur les populations du nord dans les années à venir ?”, s’interroge M. Bathily qui ajoute que “nous avons le devoir de nous projeter dans le futur pour prévenir contre toute éventuelle surprise”.
Enfin, le conférencier a rappelé que le Collectif pour la Défense de la République soutient les autorités dans leur position et que toute concession que celles-ci accepteront, sans consulter les populations au préalable, est une trahison de leur part.

Quant à Mohamed Ould Assadeck du Réseau National des Handicapés du Mali, il a demandé à tout un chacun d’éviter les discriminations et les amalgames à l’endroit des compatriotes de peau blanche et des français qui viennent au Mali pour gagner leur pain. Il a souligné avec insistance que toutes les communautés du nord ne partagent pas la position du Mnla et que c’est une petite minorité qui veut faire croire que toutes les populations du nord la soutiennent dans ses manœuvres de partition de la nation.

Un compte rendu de Modibo KONÉ

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Comment sortir de la crise de Kidal ? : les propositions de Ahmed Mohamed Ag Hamani, ancien Premier ministre

La conférence-débat organisée par la Comode (Coordination Malienne des Organisations Démocratiques), le samedi 21 décembre 2013, a été l’occasion pour l’ancien Premier ministre du Mali, M. Ahmed Mohamed Ag Hamani, pour avancer des propositions de sortie de crise.
Pour l’ancien Premier ministre, le gouvernement semble privilégier le dialogue pour la résolution de la crise conformément à la déclaration du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta à l’occasion de son investiture et lors de sa rencontre avec les représentants des mouvements armés du nord.

M. Ahmed Mohamed Ag Hamani suggère que le Gouvernement écarte à priori l’idée fausse et nuisible selon laquelle la rébellion actuelle est celle de tous les touaregs du Mali contre le pays ou d’autres ethnies. A ses dires, les groupes armés (Mnla, Hcua, Maa, etc…) ne bénéficient pas d’une légitimité fondée sur le soutien de la population dont ils se réclament. Partant, M. Ahmed Mohamed Ag Hamani a souligné la nécessité qu’il soit aussi fait appel, dans le cadre du dialogue, aux élus locaux, aux chefs traditionnels et religieux, aux notables, au leaders d’opinion, seuls représentants légitimes des populations.
L’ancien Premier ministre a rappelé la nécessité de l’implication de l’ensemble des collectivités décentralisées dans la gestion de la crise et de l’après-crise, en leur transférant les compétences et les ressources nécessaires à cet effet.

Toujours selon M. Ahmed Mohamed Ag Hamani, le Gouvernement doit poursuivre en justice toute personne ayant commis des fautes graves durant le conflit (fautes avérées à la suite d’investigations impartiales et transparentes) et exclure la prime à la rébellion ou à la violence par des intégrations systématiques de tous les combattants armés. Pour lui, il faut intégrer dans la recherche de solution la crise de leadership et de chefferie dans la région de Kidal qui constitue un des paramètres essentiels de ce conflit.
L’ancien Premier ministre estime que dans le cadre de la coopération avec les pays du champ (l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso), la France, l’Union Européenne, les États-Unis, les Nations Unies, l’Union Africaine et la Cedeao doivent exercer une pression politique sur le Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla) et ses alliés, afin de libérer rapidement les zones occupées et procéder à un désarmement total.

Ahmed Mohamed Ag Hamani a déclaré que la solution militaire deviendrait malheureusement inévitable pour libérer l’ensemble du territoire national, si la solution par le dialogue n’aboutissait pas à la libération de la partie du territoire occupée par le Mnla et ses alliés. Une solution militaire qui devrait tout mettre en oeuvre pour minimiser les risques de dérapage pouvant résulter des connexions éventuelles avec les djihadistes et les narco-trafiquants.

Tougouna A. TRAORÉ

Nouvel Horizon du 26 Décembre 2013