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manguier1.jpgD’un coût total de 3,47 milliards de Fcfa, les travaux de construction du collecteur naturel de Diafaranako, ont débuté en juillet 2006.

S’inscrivant dans le cadre des actions entreprises par les pouvoirs publics afin d’assainir et d’embellir les grandes villes du pays, particulièrement Bamako, l’aménagement du collecteur concerne les quartiers de Samé, El Farako, Niomirambougou, Badialan I, II et III, Hamdallaye, Ouolofobougou-Bolibana, Dravéla-Bolibana, Bamako-coura Bolibana et la cité ministérielle.

La première phase prévoit la construction d’un collecteur sur 7 kilomètres environ, du Lido au fleuve Niger, et la réalisation des voies destinées aux cyclistes et aux piétons.

La deuxième phase concerne l’aménagement de 30 places publiques, de casiers à déchets, de terrains de sport, d’espaces verts, d’agréments, de jeux et de l’éclairage public. Suivra dans un troisième temps, la reconstruction des ponts de Samé et de Diafarana.

Les travaux de construction du collecteur naturel ont nécessité quelques sacrifices douloureux. En effet, nombreux arbres, des manguiers notamment, poussant dans l’emprise du cours d’eau ont dû être abattus pour permettre de bétonner les rives. Les propriétaires de la mangueraie ont auparavant été dédommagés par l’Office malien de l’habitat.

Malheureusement, quelque chose d’inattendu que le projet n’avait pas prévu arrive: les manguiers épargnés s’assèchent au fur et à mesure de la progression des travaux de construction du collecteur. En début de semaine, environ une trentaine de manguiers ne présentaient plus que des feuilles mortes. À ceux-ci s’ajoutent d’autres manguiers à moitié morts.

Le phénomène prend de l’ampleur et commence à susciter un début de grogne au sein de la population. Pour Dramane Djiguiba, un des plus anciens propriétaires de verger, le dépérissement des arbres serait du au surcreusement du Diafaranako : « Ces arbres ont tous grandi dans l’humidité du collecteur naturel. Les racines des manguiers ne pénètrent pas en profondeur si le sol est rocailleux. Le surcreusement du marigot a sevré ces arbres de l’humidité qui les a aidés à pousser. Ce qui, de mon avis, a engendré leur mort« , explique-t-il.

Pour Mr Djiguiba: « les mangueraies situées sur les collines de Lassa et Koulouba n’ont pas été touchées par l’hécatombe et tous les puits des parages se sont asséchés. « Pendant 40 ans, mon puits n’a jamais manqué d’eau. L’utilité du Diafaranako, ce réservoir d’eau, ne se démontre pas. Son eau a servi à construire toutes les classes de l’école fondamentale de Samé. Traitée, elle était également utilisée dans la consommation courante. L’achat d’eau s’est considérablement accru ces temps-ci à Samé« .

Pour d’autres riverains également, le surcreusement de Diafaranako est bien la cause de la mort des arbres.

Le micro-climat de Samé, connu pour sa fraîcheur est également en train de disparaître suite aux effets des travaux.

De mémoire d’habitant, la localité n’a jamais connu une canicule aussi forte que cette année. Aussi, habitants du quartier souhaitent vivement le reboisement de l’espace aménagé pour que Samé retrouve son statut de refuge durant la canicule.

Toutes ces remarques posent le problème de l’impact environnemental du projet. Dès le départ, l’abattage des manguiers dans un pays sahélien comme le nôtre avait suscité beaucoup de critiques. Une fois les arbres abattus, le problème à résoudre actuellement est comment sauver les manguiers rescapés qui sont en danger et comment restaurer la nappe qui semble souffrir de la perte de l’apport du cours d’eau.

17 mai 2007.