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Sur scène des icônes de la musique comme Boubacar Traoré «Kar Kar», Yoro Diallo, Vincent Bucher, Nicolas Gravouin… A leurs côtés, des jeunes virtuoses comme Madina N’Diaye, Vieux Kanté et Pédro Kouyaté.

Ensemble, ils ont exploré les territoires du blues en passant «d’un versant à l’autre des imaginaires» au grand bonheur du public nombreux. Un merveilleux et captivant spectacle car ces génies confrontent leurs musiques et leurs instruments, improvisent, inventent des couleurs et des rythmes. Ils échangent surtout en instaurant de nouvelles convivialités musicales …Sublime, magnifique au-delà de nos attentes !

Une réussite qui ne surprend guère parce que chacun des artistes est une référence dans son genre. C’est le cas de Vincent Bucher à l’harmonica. Après avoir accompagné les plus grands musiciens de jazz et blues tels que Carlos Johnson, Charlie Love, Little Smokey Smothers, Lynn Jordan, Paul Personne…, il a enregistré trois albums avec Charlélie Couture. Depuis 20 ans, il évolue en duo avec l’artiste malgache Tao Ravao (4 albums et des tournées au Canada, Usa et aussi en Afrique).

Mais, cela ne l’empêche pas de jouer et enregistrer avec différents artistes africains tels Lobi Traoré, Janet n’Dyaye, Donny Elwood, Henri Dikonge et Boubacar Traoré.

Nicolas Gravouin, un guitariste et chanteur de Jazz et blues, a évolué dans différentes formations en France, jusqu’à sa découverte de l’Afrique et son foisonnement de musiques.

De là, a commencé alors un voyage de quatre ans et la traversée de quatorze pays d’Afrique, de la Namibie au Soudan. Nicolas Gravouin a électrisé sa salle comble du CCF, riche de ses multiples rencontres, pour nous présenter sa musique agréablement métissée.

Non-voyante, formée à l’Institut National des Arts de Bamako, initiée par des maîtres comme Toumani Diabaté, Djélimadi Cissoko… Madina N’Diaye a su s’emparer d’un instrument habituellement réservé aux hommes ou à la caste des griots.

La pureté de sa voix, la fluidité de ses compositions et l’engagement de ses textes pour la cause féminine, font d’elle une artiste de renom. Une notoriété confirmée dans un somptueux album qui sera bientôt sur le marché.

C’est avec au kamalen n’goni que Noumoussa Soumaoro dit Vieux Kanté voit le monde et exprime mieux ses sentiments et ses opinions. Aveugle depuis l’enfance, ce prodige de la musique malienne n’a pas eu la chance, comme les garçons de son âge, ni d’aller à l’école, ni aux champs. Pour passer le temps et assurer sa subsistance, il faisait du petit commerce.

A 11 ans, il commence à jouer le kamalen n’goni, empruntant l’instrument de ses frères en leur absence. Il s’installe ensuite à Bamako et multiplie les collaborations avec les musiciens les plus talentueux du Mali (Habib Koité, Kèlètigui Diabaté, Toumani Diabaté, Bassékou Kouyaté…).

Ces expériences lui ont permis de parcourir le monde, notamment la Hollande (en 1997 avec le groupe FraFrason et Ams Dolpher), la France, les Etats-Unis, le Burkina Faso…
Boubacar Traoré dit Kar Kar ! Ce rossignol n’est plus à présenter même si on venait seulement de découvrir avec Yoro Diallo «Ciècorobani»(Kamalen n’goni et Pédro Kouyaté (calebasse).

Ils ont assuré la seconde partie de ce merveilleux spectacle offert par le CCF à son fidèle public.
Aujourd’hui Boubacar Traoré est comparé à de nombreuses stars de la musique pop. Au son de sa voix mélancolique, il est un de ces hommes solides qui reflètent l’histoire d’un pays, les espoirs et les désespoirs d’un peuple.

Fidèle à ses racines et à sa première compagne, Pierrette Françoise, ce bluesman khasonké s’est admirablement servi de sa guitare pour chanter le monde qui l’entoure, l’amour, la paix, les petits plaisirs de la vie…

Un nouvel album, une nouvelle distinction

Son nouvel album «Kongo Magni» (La faim est un calvaire, Marabi/Harmonia Mundi) fait déjà une grande sensation en Europe. Sur ce tube, le bluesman continue d’explorer les couleurs musicales, de développer son amour pour le monde et de se lancer dans un plaidoyer pour la liberté des peuples.

Il y renouvelle son univers et les couleurs se font plus chatoyantes. Boubacar Traoré dégage une émotion universelle, celle de la vie. Ce qui lui vaut une reconnaissance internationale marquée par des distinctions méritées comme le Award 2005 d’Africa Festival en Allemagne.

Cette rencontre musicale est l’une des plus vieilles, des plus grandes et des plus prestigieuses du monde. Son trophée lui a été remis vendredi dernier après une brillante prestation vivement acclamée du début à la fin.

Virtuose du kamalen n’goni, compositeur inspiré et interprète à la voix chaleureuse, Yoro Diallo dit « Cièkorobani » (lire Tièkorobani) est aujourd’hui une référence pour les artistes du Wassoulou.

Ce talent incontesté dispose aujourd’hui d’une discographie riche de huit albums dont trois voluptés en duo avec Ténin Sidibé (sa première épouse, paix à son âme) et Samba Diallo (son frère cadet).

Autodidacte, Pédro Kouyaté a découvert la scène au CCF lors de la fête de la musique en 2003. Il accompagnait la jeune Déné Issébéré pour l’occasion. Sa prestation est si brillante que Boubacar Traoré le repère et lui propose de devenir son calebassiste.

Les concerts s’enchaînent. Après plus de soixante dates avec Boubacar Traoré, l’aventure continue pour Pédro Kouyaté qui repart dès la semaine prochaine pour une tournée en Europe.

La démonstration de vendredi dernier au CCF prouve si besoin en est, qu’on le verra de moins en moins au Mali car les sollicitations ne vont pas manquer de part le monde.

Moussa Bolly

06 juillet 2005