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A l’instar de toutes les troupes venues des différentes régions du pays, avant sa prestation, celle de Kidal espérait vraiment améliorer son palmarès pour figurer parmi le trio gagnant. Malgré la sensible évolution du côté du ballet Kidalois, qui a traité la thématique de « l’eau, source de vie », la pièce de théâtre portant sur le thème de la citoyenneté n’ayant pas atteint le niveau de celle présentée à Kayes, la troupe venue de l’Adrar des Ifogas, doit compter sur les ratés des autres troupes pour espérer un meilleur classement. Mais pour celui qui connaît son histoire aux différentes éditions de la biennale, force est d’admettre que Kidal a énormément évolué.

Et, au rythme de son évolution, il va falloir compter avec sa troupe dans les années à venir. Mais, en attendant, que s’est-t-il passé à Sikasso ? Dans la nuit du 25 décembre 2010, la troupe venue de l’Adrar des Ifogas s’est installée en demeure au Stade Babemba Traoré, le temps qu’a duré son spectacle. L’orchestre « Amanar » eut l’honneur et le mérite d’annoncer les couleurs dans deux morceaux : « Tebadde » et « Agna ». Le premier traite du cinquantenaire et le second, de l’importance de la culture. Mais, détenteur depuis 2008 du trophée dans le domaine de la pièce de théâtre, Kidal est la région à battre cette année.

Et, c’est conscient de cela que les Kidalois sont arrivés à Sikasso avec une pièce de théâtre qui traite de la citoyenneté. Mieux, cette pièce touche à un problème crucial dans cette partie du Mali : la participation de la femme dans le développement à des postes stratégiques. Kidal a fait le choix de poser le problème de la citoyenneté à travers toute la difficulté rencontrée dans l’installation d’une femme à la tête d’un conseil municipal. A ce thème central seront greffés des sous-thèmes comme le changement de comportement et de mentalité, la confiance en soi, l’insécurité, le chômage des jeunes, la pauvreté, le non payement des taxes et impôts, premières richesses de toute commune. Ici, le metteur en scène de Kidal a été piégé par son approche de la scénographie.

Resté trop collé aux habitudes du milieu, il a fait jouer ses acteurs assis sur des tapis, pratiquement durant tout le spectacle. Cette approche a été de nature à réduire les mouvements des acteurs. L’esthétique d’une pièce tient compte de la présence scénique des acteurs, de la maîtrise du jeu des acteurs, de la diction. Mais, assis à même le sol, l’acteur doit dire au revoir à certains mouvements qui devaient l’aider à amplifier sa présence sur la scène. Pour tout cela, malgré la pertinence du thème traité par Kidal, force est d’admettre que sa prestation n’a pas eu la même émotion sur les spectateurs de Sikasso, comme ce fut le cas à Kayes. En ce qui concerne sa prestation dans le chœur, Kidal a chanté le cinquantenaire en louant les efforts faits dans le pays en matière d’éducation des jeunes filles.

Ici aussi, les grandes réalisations du pays n’ont pas été occultées. Un vibrant appel a été lancé à tous les Maliens pour leur mobilisation en faveur du développement du pays. « Cehem » est la danse maure, sur laquelle la région de Kidal a jeté son dévolu pour la compétition en danse traditionnelle. Cette danse est exécutée lors des fêtes religieuses comme le Mahouloud, le ramadan, la tabaski et les cérémonies de mariage. S’il y a une œuvre de Kidal qui n’est pas passée inaperçue, c’est bien l’ensemble instrumental intitulé « la politique politicienne ». Pour la simple raison que sa troupe a fait appel à des instruments comme le balafon et le tamani. Même si ce fut par moment laborieux pour le balafoniste qui n’a encore pas atteint le niveau d’un célèbre Neba Solo, il faut quand même saluer cette audace de la troupe de Kidal qui doit être encouragée dans le cadre de la biennale.

Autre préoccupation de Kidal : la prolifération des stupéfiants. Et, il faut dire que cela a été pris en compte dans le solo de chant, intitulé « La prolifération des stupéfiants ». Kidal y lance un cri de cœur afin que la jeunesse dise nom à la drogue. Selon Kidal en plus de sa capacité nuisible de dépersonnalisation, la drogue est prohibée par les érudits et les écritures saintes. Le solo de chant fut une réussite. Exécuté par une jeune cantatrice dont la voix est mise en relief par l’accompagnement d’une guitare acoustique et d’un tamani, le solo de chant de Kidal a beaucoup de chance de se classer parmi les meilleurs. Pour terminer, il faut rappeler que le ballet de Kidal a mis l’accent sur la déforestation et ses conséquences que sont : la sécheresse, la faim, le manque d’eau et la mort des animaux. Mieux, Kidal a dégagé des pistes de solutions dont la préservation de l’environnement par la plantation des arbres.

Assane Koné

Envoyé Spécxial

28 déc 2010