Brrr… le chauffeur de Sotrama s’arrête. Le policier fait le garde-à-vous (salut militaire) et demande le cahier de bord du conducteur du véhicule. Il lui tend son cahier. Le policier le confisque pour «défectuosité de la Sotrama». Tout d’un coup, le chauffeur, avec une pièce de cinq cent francs (500F C FA), saute de sa cabine en se dirigeant vers le chef de poste afin de récupérer son cahier.
Arrivé au quartier général des agents de police (C.C.R, écriteaux sur les banquettes en béton à travers la ville), ce dernier refusa d’empocher les 500F C FA au motif que c’est peu. Le chauffeur en colère empoche ses sous et démarre en trombe en vociférant.
Lorsque le policier parle de «défectuosité» d’une Sotrama (appellation des mini- bus) société de transport urbain du Mali dont le promoteur fut Moustapha Bamba paix à son âme), c’est une pure méconnaissance du B.A.ba de la police d’un coté. Ensuite, la plupart des chauffeurs du transport urbain sont des demi -lettrés.
Le mot défectuosité est très fort pour un chauffeur de Sotrama. Soit le policier dans sa ruse de lui soutirer des sous utilise ce mot pour noyer le poisson, soit n’ayant pas de raison valable à lui dire pour la confiscation de son cahier a tout simplement fait usage d’un mot dont le chauffeur ignore le sens.
De son coté, le chauffeur de la Sotrama en profite pour déverser sa colère sur l’agent de police qui est resté sourd aux incantations de ce dernier.
«Autrefois, on payait 500F CFA par Sotrama tous les matins de 7h à 16h à la première équipe de policiers sur le tronçon Boulkassoubougou/Raïlda. Maintenant, ils demandent 1000F CFA par sotrama. C’est trop. On a l’impression que les gens vont à la police pour racketter les Sotrama», s’indigne- t- il. «Le transport urbain ne rapporte plus, la recette oscille entre 8000 et 10.000F CFA et s’il faut donner 2000 F par jour aux deux équipes qui contrôlent la circulation.
C’est embêtant», a- t- il conclu.
Là où les choses se compliquent c’est que le véhicule soit en règle ou pas, le chauffeur paie l’éternel droit de circuler 1000F de 7h 30 à 16h et un autre 1000 F CFA de 16h à 22h.
Lorsqu’on écoute les policiers, le langage est sévère à l’endroit des plus hautes autorités. «Nous savions à qui appartiennent tous ces véhicules Sotrama, c’est pourquoi nous les sifflons. Si nous les emmenons au GMS (Groupement mobile de sécurité), les propriétaires viennent les reprendre sans payer un seul copeck», déclare notre interlocuteur.
«Pour la bonne marche du service et pour donner une bonne réputation à la police, nous avions demandé d’instituer des ristournes sur les véhicules en infraction. Mais notre demande n’a pas été agréée et depuis l’éternelle soustraction des 1000F CFA a refait surface», regrette- il
La leçon qu’on tirer de ces deux interventions, c’est qu’il y a une absence de l’autorité de l’Etat.
Brin COULIBALY
02 Février 2009