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Le président de la République Amadou Toumani Touré a parlé des évènements de Logo Sabouciré, qui ont eu lieu le 22 septembre 1878, comme le prélude à un vaste mouvement de résistance symbolisé par des villes et des sites. Il a cité, entre autres : Goumbako le 11 février 1881 ; Daba le 15 janvier 1883 ; Koundian en 1889 ; Ouelessougou le 25 avril 1890 ; Nioro le 1er janvier 1891 ; Diema le 21 février 1891 ; N’Gorfou Hondo en 1895 ; Sikasso le 1er mai 1898 ; Nankou en 1912 ; Yangasso en 1913 ; Tominian en 1913 ; Koumi le 18 mars 1915 ; Anderamboukane en 1916 ; Tabi en 1920. Il a cité des grands hommes : Niamody Sissoko, Mamadou Lamine Dramé, Cheiboun Ag Fondagouma, Bandiougou Diarra, El Hadj Omar Tall, Chérif Hamallah, Firhoun Ag Alinsar, Almamy Samory Touré, Ingoma Ag Mohamed Ahmed, Tièba Traoré, Babemba Traoré. En fait, c’est dire que l’indépendance nationale n’a pas été obtenue, sans sacrifices suprêmes. Ces héros de la patrie, par leur lutte opiniâtre, font partie des hommes qui ont précipité la libération de notre peuple. Il ne faut pas, non plus, oublier les grandes batailles politico sociales qui ont conduit notre pays à l’indépendance.

L’ancien président français, le général De Gaulle, sentant la fronde révolutionnaire avait dit : ‘’ si vous voulez l’indépendance, prenez-la. ‘’ C’est donc face à la pression que la France a cédé. Qu’avons-nous fait de cette indépendance ? La première République sous feu Modibo Kéita s’était alignée d’emblée derrière le socialisme scientifique.

Malgré des initiatives hardies telles que la volonté de se libérer économiquement de la puissance coloniale et la création de la monnaie nationale, les entreprises d’Etat n’ont pu impulser le développement de notre pays. Advint très vite le coup d’Etat de l’ancien président Moussa Traoré. Il a instauré un régime militaire tout en composant avec les institutions internationales et les partenaires techniques et financiers. Ce fut alors un retournement de situation, en l’occurrence, les programmes d’ajustement structurel et les privatisations. 23 ans durant, le goulot d’étranglement de la dictature a persisté.

Le discours de la Baule prononcé par l’ancien président français, François Mitterrand, le 20 juin 1990, dans le cadre de la 16e conférence des chefs d’État d’Afrique et de France a marqué une date importante dans les rapports de coopération car, 37 pays africains y étaient invités. Dans ce discours, l’ancien président français laissait entendre qu’il n’y a pas de développement sans démocratie et de démocratie sans développement.

Certains en ont vite déduit que cela a impulsé la volonté des acteurs de mars 1991 à mettre un terme à la dictature militaire. Donc, l’ombre de la France restait toujours archi présente. Elle se signalait, dans ce cas, par son harmonie avec les mouvements politiques et syndicaux de notre pays. Survint alors le 26 mars 1991 et l’avènement de la IIIème République. Les libertés syndicales, politiques, associatives et de presse furent proclamées. Malgré la prolifération des partis politiques et les différents programmes conçus avec les bailleurs de fonds, la situation économique reste précaire, entraînant la persistance de la pauvreté et un niveau élevé de corruption et de délinquance financière.

Aujourd’hui, le cinquantenaire est fêté, mais quel est le bilan qu’on pourrait en dresser ? Si la stabilité politique est avérée dans notre pays et que des libertés ont été arrachées par des luttes syndicales et associatives, il n’en demeure pas moins que le Mali est loin d’avoir atteint le niveau d’un pays développé. Si hier, à Sabouciré, c’était la lutte contre le colon, aujourd’hui, les programmes et projets sont mis en œuvre avec l’appui des partenaires techniques et financiers dont la France reste parmi les leaders. Malgré tout, les luttes sociales continuent, notamment à travers des marches et meetings de protestation.

C’est à ce titre qu’il faut rappeler que les députés doivent bientôt se prononcer sur des projets de loi sensibles tels que le code des personnes, la révision constitutionnelle et l’abolition de la peine de mort. Quel cinquantenaire doit donc fêter aujourd’hui notre pays, en recherche perpétuelle des voies de son développement et de son affirmation culturelle ?

Baba Dembélé

16 Septembre 2010.