Oubli ou négligence ? La question mérite d’être posée. Toujours est-il qu’en aucun moment le nom du plus grand couturier et idole du bogolan, Chris Seydou, n’a figuré dans les activités de célébration du cinquantenaire de notre pays. A l’occasion de cette fête, on a entendu les noms d’artistes vivants et décédés sauf celui qui, durant des années, a porté haut le nom du Mali sur la scène internationale.
Chris a utilisé dans ses créations les différents tissus traditionnels africains, notamment le bogolan. C’est ce qui a fait sa particularité dans le grand cercle des stylistes. On se rappelle qu’il était difficile sinon impossible de parler de mode lors des grands festivals, grandes rencontres de coutures ou autres défilés de mode, sans évoquer son nom et son label qui a imposé le bogolan fait de coton naturel. Chris Seydou n’était pas qu’un « simple » styliste, il était au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer en matière de création.
« Fabuleux réservoir de la mode« , Christ l’a été. Cet ancien de chez Yves Saint-Laurent a osé, le premier, habiller les citadins européens aux couleurs de l’Afrique. Comble de l’audace, il mit au goût du jour le bogolan, étoffe traditionnelle jusqu’alors réservée aux fêtes de village. Ses successeurs puisèrent dans le fabuleux réservoir des tissus africains pour revisiter la mode moderne.
Parmi la jeune génération de styliste qui veut faire comme l’enfant de Kati, figure un autre Malien, Gaoussou Goïta avec son design « Faso Kanu ». La promotion du coton malien, notamment biologique, est la mission que s’est donnée le jeune styliste qui a fait sa formation dans une grande école de stylisme européenne.
Pour le modéliste, il est impensable de parler des grands noms qui ont fait le Mali moderne sans rendre hommage à Chris. « Il s’est donné corps et âme pour son métier et pour le Mali« , témoigne M. Goïta. Aux dires du styliste, les responsables de l’artisanat et du tourisme doivent réparer l’erreur. Quant aux stylistes, il propose l’organisation d’un défilé de mode exclusivement avec du coton malien « pour rendre hommage à Chris » avec au finish l’institutionnalisation d’un trophée christ Seydou.
Il faut dire que Chris, dès son jeune âge, a dessiné et créé des modèles des vêtements pour habiller les poupées. Au moment où son pays d’origine l’a oublié, dans un pays voisin, on continue à reconnaître la valeur de l’homme avec l’instauration du prix Chris Seydou. Il faut rappeler que le maître a tiré sa révérence en 1994 à Bamako.
A. Sidibé
14 Octobre 2010