Pour la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), la célébration des 50 ans du Mali indépendant n’a donné lieu qu’à la présentation des « réalisations » du président de la République au détriment de l’essentiel.
Le 22 septembre 2010, le Mali a célébré ses 50 ans d’indépendance. Les défilés militaire et civil, organisés les 22 et 23, n’ont pas enregistré la participation de la CSTM qui n’a pas été invitée. N’empêche, elle a ses réserves et ses observations sur la célébration du cinquantenaire.
Si la centrale syndicale reconnaît que la réussite du cinquantenaire réside dans des actions d’aménagements et de réalisations d’infrastructures, elle estime, en revanche, qu’il y a eu beaucoup de ratés dans l’organisation de l’événement qui, selon elle, devrait être l’occasion d’expliquer aux jeunes générations comment nos pays ont accédé à l’indépendance et qui a fait quoi ? Malheureusement, la CSTM estime que cet aspect des choses a été occulté.
A la CSTM, l’on indique que le 22 septembre n’est pas seulement une fête de l’armée mais celle de la société civile également. « Nous aurions souhaité qu’on sorte le 22 septembre 2010, date anniversaire des 50 ans du Mali indépendant, ceux qui restent des pères fondateurs de l’indépendance pour leur rendre hommage. Certains d’entre eux vivent encore. C’est à eux qu’on doit rendre publiquement hommage« , regrette-on à la CSTM.
L’autre regret de la CSTM est le fait que Seydou Badian Kouyaté, auteur de l’hymne national, n’ait pas été publiquement présenté aux jeunes qui ont chanté son œuvre (hymne) en bambara. « C’était l’occasion de dire aux jeunes voilà Seydou B. Kouyaté. Il est vivant. Ça allait être son plus grand jour. Malheureusement ça n’a pas été fait« .
Pour la CSTM, la fête de l’indépendance du Mali, c’est le 22 septembre et non le 23 faisant allusion au défilé civil qui a été organisé ce jour-là. « La date anniversaire c’est le 22 septembre« , rappelle la centrale syndicale qui soutient que l’essentiel a été passé sous silence au profit des éloges au pouvoir en place.
Auto célébration
« La fête aurait pu être un moment d’étaler les différentes étapes des 3 Républiques, mais c’est à la fête d’un mandat présidentiel auquel les Maliens ont assisté. Tout a été résumé au seul président de la République. Or, avant lui, d’autres ont passé. Pourquoi n’a-t-on pas évoqué leurs œuvres« , relève la CSTM.
Que dire du défilé militaire ? Celui-ci n’était pas à hauteur de souhait non plus. Tout comme le citoyen lambda, la Confédération syndicale a noté que le défilé militaire a été bâclé. « On ne sentait pas la cadence militaire. Nous n’étions pas à l’aise sur nos chaises ce jour-là« .
Ce qui écœure davantage la CSTM, c’est la méprise commise par ATT d’avoir invité le Guide de la révolution libyenne comme invité d’honneur aux festivités en présence d’autres chefs d’Etat. « Khadafi aurait pu venir comme n’importe quel autre chef de l’Etat. Au regard de notre culture ça nous a mis mal à l’aise« , condamne la CSTM.
Puisque des montants faramineux ont été mobilisés pour l’organisation de l’évènement, la CSTM souhaite que le tout se passe dans une certaine transparence d’autant plus que ce sont des fonds publics. Mais d’ores et déjà, la centrale a des inquiétudes au regard des conditions dans lesquelles (sans appel d’offres) le marché pour la construction du monument du cinquantenaire a été attribué.
D’ailleurs, la CSTM se propose d’organiser une conférence syndicale de l’espace Uémoa fin octobre début novembre prochain. Ce sera à Bamako. La conférence fera notamment une évaluation critique des 50 années d’indépendance dans nos différents Etats.
Mohamed Daou
04 Octobre 2010