Arrêt sur une image de bataille. Le sang n’a pas coulé et le champ n’est pas encore que ruines et désolation mais le dénouement n’est plus loin. Car le clash est désormais inévitable : clash entre Tiebilé Dramé et Koniba Sidibé à propos du positionnement stratégique du Parena.
Le second, en tout cas, ne fait pas mystère de son plan : il n’acceptera pas la fusion Adema-Parena qui pour lui n’est que l’absorption du Bélier par la Ruche. Triste, car cette affaire n’exprime pas la vertueuse vitalité démocratique mais plutôt son cancer : la crise. Le conflit est inhérent à toute construction humaine, mais il ne débouche pas forcément sur une crise. Or entre Dramé et Sidibé, cette fois-ci, c’est bien d’une crise qu’il s’agit. Le débat ne se passe plus dans l’enclos du Bélier.
Ce n’est même plus un débat mais une amère désillusion étalée dans les colonnes des journaux. Comme si pris à défaut de solution -ce qui est le comble pour une formation qui se définit comme parti de proposition-, le Parena a choisi de recourir à l’ultime arbitrage de l’opinion.
Ce serait malhonnête cependant d’incriminer tout le parti pour ce beau gâchis, car la médiatisation de la crise est du seul fait de Koniba Sidibé. Nous savons ce que nous vaudra cette affirmation, car nous sommes plus proche de l’autre partie disant.
Pourtant, nous revendiquons la dignité du chroniquer qui, pour mériter ses colonnes, se doit de faire le départ entre le cœur et la raison. Voici notre explication : au niveau de la démarche, le député, c’est manifeste, a opté pour la chirurgie à ciel ouvert de son parti.
Lequel, si on suit son diagnostic, emprunte tellement au parti alimentaire qu’il ne peut que s’inscrire, dans « la grande volatilité ». Il ne reste que la purge ou le cercueil après de tels commentaires publics.
Il est cependant exact que les positionnements passés du Parena sont parfois difficiles à suivre, sauf si on se convainc de l’argument qu’un parti politique c’est pour aller aux scrutins et à tous les scrutins.
Mais, tout de même, ce parti, dans toutes ses prises de position publiques depuis 2002 a appelé de ses vœux l’alliance des partis. En outre, il était bien, pour son bonheur ou son malheur, l’allié de l’Adema dès sa formation et son entrée au gouvernement en juillet 1996.
Il le restera après, même s’il n’arrêtera pas dans l’espèce de majorité plurielle d’alors, de cultiver l’opposition aux abeilles, notamment au Parlement.
Sur le fond, le député de Dioïla est aussi difficile à suivre. Il ne prône pas le statu quo. Il ne plaide pas pour un Parena seul dans son coin, travaillant à son implantation. Il ouvrerait plutôt au rapprochement et à la « reconstitution de la grande famille Cnid avec des arguments qui doivent plus à la nostalgie qu’à la realpolitik en raison de la légitimité et du poids de l’Adéma.»
Mais la stratégie du député de Dioïla n’est pas sans conséquences. Elle rend désormais plus difficile le rapprochement Adema-Parena dont on peut dire, pour l’instant, qu’elle est plus soutenue par la volonté de Dioncounda Traoré et de Tiébilé Dramé que portée véritablement par les différents segments de leurs partis respectifs.
Le pire maintenant pour Dramé est de perdre son camarade de parti et l’alliance avec l’Adema. Car si dans ses structures et dans ses loyautés, le Parena c’est aujourd’hui plus Dramé que lui, -donc pas de risque d’hémorragie, Koniba Sidibé est la seule grande révélation du second mandat d’ATT en raison de ses interpellations courageuses et informées sur le chapitre de la gouvernance financière et économique.
Il se met certes en difficulté de ne pas pouvoir suivre la position majoritaire au sein de son parti, mais le Parena, en le perdant risque le capital-estime permis par l’action de Koniba Sidibé aujourd’hui une référence pour beaucoup de jeunes de notre pays. Même si ce n’est pas le stock de sympathie qui arbitre l’élection sous les tropiques.
Adam Thiam
30 Avril 2010.