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En effet, c’est le 7 février 1986 que Cheick Anta Diop décéda dans son domicile de Fann, un quartier situé non loin de l’Université de Dakar qui porte aujourd’hui son nom. Ainsi, 7 février 1986, 7 février 2006, cela fait 20 ans, bien sonnés que Cheick Anta Diop a quitté ce monde ici-bas.

Pour marquer l’événement, le groupe scolaire qui porte son nom a organisé une conférence sur la vie et les œuvres de l’illustre disparu afin de cultiver davantage chez les jeunes générations le sens du combat de l’homme en vue de le pérenniser.

C’est pourquoi, dira le directeur général adjoint de l’établissement, Aliou Badra Diall en direction de ses élèves « il ne s’agit de se réclamer seulement de Cheick Anta Diop pour le devenir. Il s’agit pas de perpétuer ses idéaux, ses vertus, bref de s’approprier de son sens du combat ».

Ainsi, à travers des poèmes les élèves ont soutenu que le combat de l’homme les engage. D’ailleurs, on pouvait lire ce slogan : «Cheick Anta Diop, ton combat nous engage» sur les T-Shirt que portaient les élèves.

En abordant le thème de la conférence «la vie et les œuvres de Cheick Anta Diop», le Professeur Cheickna Mody Sissoko qui fut un disciple de l’homme a souligné que Cheick Anta Diop était un Africain authentique qui a eu une vie assez pleine et un parcours riche et honorable.

Né le 29 décembre 1923 dans le village de Caytou situé dans la région de Diourbel près de la ville de Bambey située à 150 Km de Dakar, la capitale sénégalaise, Cheick Anta Diop, selon le Professeur Cheickna Mody Sissoko, «a été à la pointe de tous les combats pour la revalorisation de l’Africain. Pour cela, il a toujours conseillé aux Africains de revenir sur les traces de l’Egypte pharaonique pour que l’Afrique retrouve ses racines».

Pour Cheick Anta, l’Afrique est encore sous la domination coloniale, chose qu’il trouve anormale. C’est pourquoi, durant toute sa vie, il a été un éveilleur de conscience afin de changer les choses.

De l’école coranique où il est allé faire ses études avant de passer à l’école des Blancs où il a passé de classe en classe avec brio jusqu’à la Sorbonne où il soutient en 1960 sa thèse de doctorat d’Etat en lettres sous les titres « l’Afrique noire précoloniale et l’Unité culturelle de l’Afrique noire, Cheick Anta Diop a été le chantre du panafricanisme« .

A Paris, il créa l’Association des Etudiants Africains avant de militer au sein de l’US-RDA dont il était le membre fondateur de la section de Paris. Il a écrit plusieurs ouvrages dont le plus célèbre fut « les fondements culturels techniques et industriels d’un futur Etat fédéral d’Afrique noire« .

Notons que la conférence a enregistré les interventions fort remarquables d’Aminata Dramane Traoré et de Victor Sy. Ces deux personnalités ont invité les jeunes à être de rigueur pour mériter le nom de Cheick Anta Diop.

Au delà de son statut de scientifique, de philosophe, Cheick Anta Diop était également un homme politique. C’est pourquoi à son retour au Sénégal en 1960, il déclaré : « Je rentre en Afrique où une lourde tâche nous attend. Dans les limites de mes possibilités et de mes jours, j’espère contribuer efficacement à l’impulsion de la recherche scientifique dans le domaine des sciences humaines et celui des sciences exactes. Quant à l’Afrique noire, elle doit se nourrir des fruits de mes recherches à l’échelle continentale. Il ne s’agit pas de se créer de toutes pièces, une histoire plus belle que celle des autres, de manière à doper moralement le peuple pendant la période de lutte pour l’indépendance, mais de partir de cette idée évidente que chaque peuple a une histoire« .

Ainsi, il se lança dans la politique et s’opposa au Président Léopold Sédar Senghor. Dans ce combat, il créera d’abord le Bloc des Masses Sénégalaises (BMS) puis le Rassemblement National Démocratique (RND) et se livra à la publication d’articles politiques. Ce qui va lui valoir des poursuites judiciaires.

Il a fallu l’arrivée d’Abdou Diouf au pouvoir pour que le tribunal de Dakar mette un terme à ces poursuites. Ainsi, vingt ans après sa mort, Cheick Anta Diop figure en bonne place au panthéon des personnalités mythiques de l’Afrique contemporaine aux côtés de Kwamé N’Krumah, Patrice Lumumba ou Thomas Sankara.

Alassane DIARRA

08 février 2006.