Pendant le Forum, nous avons tendu notre micro à Chéïbane Coulibaly, membre de l’Académie royale des sciences d’Outre-mer de Belgique, président de l’Université privée Mandé Boukary, à Denis Dougnon, président de la Commission éducation de base, alphabétisation et des langues nationales, à M. Tibou Telly, secrétaire général du syndicat national de l’éducation et de la culture et à Djibonding Dembélé, secrétaire administratif du SNESUP.
Vos attentes par rapport au forum ?
Nous avons déjà publié le N°12 de la revue de notre université qui s’appelle les cahiers de Mandé Boukary où nous exprimons nos attentes et points de vue qu’on a sur l’éducation. Mais pour résumer à votre micro, je dois dire que ce que nous souhaitons c’est qu’il se dégage ici à la fin du forum une vision de l’école malienne. Un tel forum ne peut pas s’attaquer à des problèmes techniques. Il faut que les gens comprennent que le forum doit dégager un consensus sur quelle école nous voulons. Et cela projette sur quelle société on veut demain pour le Mali. En fonction de ce type de société, il y a des hommes à former.
Pour que ce forum ne soit pas un de plus
Ce que je préconise et que nous avons mis dans notre revue, c’est que les principaux acteurs qui ont en charge la gestion de l’école, les gens qui sont intéressés à l’école (ça veut dire tout le monde pratiquement) qu’il y ait un sursaut, qu’il y ait un examen de conscience, que les gens ne passent pas leur temps à accuser les autres. Mais à regarder ce qu’eux-mêmes font de mauvais pour l’école malienne.
Prenez le cas des revendications, il y a des revendications qui sont complètement étranges. Il faut qu’on se dise les choses. Que les syndicats reconnaissent que certaines revendications ne sont pas justes.
Que les étudiants aient le courage de restructurer l’Aeem. S’ils ne peuvent pas restructurer l’Aeem, il faut qu’ils acceptent qu’on la suspende pendant 5 ans au moins. Et qu’on refonde l’Aeem. Parce qu’on ne peut pas être dans une logique d’affrontement tout le temps avec le pouvoir et prendre en otage l’école. Ça n’a aucun sens.
Je pense qu’aujourd’hui les Maliens ont conscience qu’on ne peut pas continuer comme ça. Que si on suit, le système ne va pas seulement exploser mais il va imploser.
C’est-à-dire le système éducatif va s’arrêter et ça ne marchera plus du tout. Aucun des acteurs n’a intérêt à ça. Les gens savent aujourd’hui quels sont les dangers qui guettent notre société. Alors, que chacun balaye devant sa porte avant de parler des autres.
L’heure de l‘intégration, le pire qu’on puisse craindre pour le Mali ?
Oui, aujourd’hui, regardez les entreprises privées qui sont en train de s’installer dans le pays. Ces entreprises ne prennent pas de jeunes Maliens comme employés. Ils font venir des gens de l’étranger. Les seuls jeunes maliens qui ont la chance d’entrer dans des entreprises privées aujourd’hui sont ceux qui ont étudié à l’extérieur. Ça ne peut pas continuer. On a des enfants qui sont-là. Tout le monde ne peut pas aller à l’étranger étudier. Il faut améliorer le système pour que les enfants aient une chance pour leur avenir. Ça c’est notre responsabilité à tous.
Ce qui risque d’arriver, c’est qu’on va être les ouvriers de l’Afrique de l’Ouest. Les autres seront les ingénieurs, etc.
Propos recueillis par Boukary Daou
03 Novembre 2008