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tresor.jpgNous sommes au douar Ouled Hammou Abdoune, province de Khouribga. Abderrahim était chez lui quand il a entendu des coups à la porte. Il était 21 h. De coutume, personne ne lui rend visite en ce moment tardif sauf dans des cas exceptionnels. Son fils, qui a échangé avec lui des regards interrogatifs, a pris l’initiative d’ouvrir la porte. Pas moins d’une seconde, le fils est retourné chez le père pour l’aviser : «Deux hommes qui semblent être des fkihs t’attendent dehors». Abderrahim est sorti voir les deux hommes qui l’attendaient au seuil de sa demeure. «Ah ! Jamaa», s’est-il adressé à l’un des deux hommes qu’il connaissait depuis belle lurette. Jamaa est un fkih, issu de Taroudant, ami de la famille d’Abderrahim. «Je te présente mon ami le fkih Abdallah», dit Jamaa à Abderrahime. Après les salamalecs, Abderrahim les invite à rentrer. Les deux hôtes ont rejoint une chambre en attendant le dîner. Quelques minutes plus tard, Abderrahim les a rejoints à la chambre. Jamaa a pris l’initiative de causer. Abderrahime l’écoutait sans poser de questions.

«Il faut prendre soin de ton neveu, Saïd, qui est malade…Sa santé va se rétablir le plus tôt possible…Il sera la clé qui ouvrira les portes de la richesse…», lui a ajouté Jamaa sur un ton sérieux.

Jamaa a expliqué à Abderrahim que son neveu est «Zouhri». Autrement dit, Saïd présente des signalements que les charlatans prétendent être la clé pour exhumer les trésors enterrés depuis plusieurs centaines d’années dans un lieu abandonné et gardés par les djinns. Et où se trouve ce trésor ? Le fkih Jamaa a affirmé à Abderrahim que les documents qu’il possède précisent qu’il est enterré dans un ksar abandonné situé pas loin de la région de Bzou, province d’Azilal. S’agit-il vraiment d’un trésor de bijoux en or et diamants ? Oui, lui a répondu le fkih Jamaa en lui demandant de garder le secret. Les deux fkihs ont passé la nuit chez lui. Ils ne sont partis que le lendemain matin après avoir pris le petit déjeuner et avoir noté le numéro de téléphone d’Abderrahim.

Deux jours plus tard, mercredi 25 avril, le téléphone d’Abderrahim sonne. Qui est à l’autre bout du fil ? «Je suis Jamaa, on t’attend demain au café situé près du pont d’Oued Al Âbid», lui a ordonné le fkih. Ce qui a rassuré Abderrahim est que ni Jamaa ni le deuxième fkih ne lui ont demandé de l’argent. À bord de sa voiture, Abderrahim les a rejoints. Tous les trois se sont rendus chez un herboriste. Ils ont acheté de l’encens.

La nuit est tombée. Les trois hommes sont arrivés au ksar abandonné. Sans allumer de bougies, Jamaa a sollicité Abderrahim de creuser la terre. Les deux fkihs, quant à eux, ont commencé à psalmodier des versets du Coran et des mots incompréhensibles. Tout à coup, quatre jeunes hommes armés de gourdins l’ont surpris et l’ont menacé d’alerter le caïd de la région. Jamaa leur a promis de partager le butin en sept. Ils reprennent le travail. Quelques minutes plus tard, ils ont entendu le bruit du moteur d’une voiture. Ce sont les gendarmes qui sont arrivés. Les deux fkihs, Abderrahim et les quatre jeunes hommes aux gourdins ont pris la fuite.

Les gendarmes ont fouillé la voiture d’Abderrahim. Ils ont mis la main sur sa carte d’identité nationale et sur une caisse qui semble appartenir aux deux fkihs parce qu’elle renfermait sept pierres dorées, en taille d’œuf et quelques documents portant différents signes. Abderrahim a été arrêté, alors que les deux fkihs sont actuellement recherchés.

FDA

07 juin 2007