Notre pays abrite du 31 Mai au 03 juin 2007, une rencontre internationale sur la Charte du Manden dont l’ouverture a eu lieu hier au Centre International de Conférences de Bamako (CICB) en présence des chercheurs et d’éminentes personnalités dont les professeurs Chérif Keïta, Franci Cimonis, N’Ti Idriss Mariko, Bakary Kamian, Youssouf Tata Cissé et M. Babo Condé de la Guinée. Mais au présidium, on notait l’absence totale de l’Association N’Ko et tout au long de la cérémonie d’ouverture, on n’en a pas fait cas. La cérémonie était présidée par le Secrétaire général du ministre de la Culture Al Hady Goïta.
L’un des objectifs de cette rencontre internationale est de confronter les connaissances des chercheurs et des traditionnistes au sujet des textes fondamentaux du Mali et d’organiser une grande manifestation autour de la charte pour mieux la faire connaître.
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Après la rencontre de Bamako autour de la Charte de “Kurukanfuga”, du 27 au 30 juillet 2004, force est de constater que la question de la Charte de Manden est loin d’être épuisée. En outre, elle prend de plus en plus une dimension internationale avec des intellectuels du monde entier qui y trouvent un intérêt certain.
Malheureusement, leurs données sont, sans conteste, assez parcellaires et incomplètes pour donner lieu à un document scientifique. Le Mali étant le théâtre des événements historiques qui ont conduit à la proclamation de cette charte du Manden, il convient que le ministère de la Culture lui consacre un espace de rencontre. Ce qui rentre dans le cadre de la promotion du patrimoine immatériel de notre pays.
Une Rencontre Internationale sur la Charte du Manden sera une occasion idoine de mettre face à face, d’une part des détenteurs traditionnels que sont les chasseurs, les griots, les chefs de culte et autres connaisseurs du passé et d’autre part, des chercheurs de la tradition orale d’Afrique occidentale. En plus du Mali, plusieurs pays sont concernés par la grande histoire du Manden dont la Guinée, le Sénégal, la Gambie, le Niger.
La cérémonie a commencé par la prestation de l’Ensemble Instrumental du Mali qui a fait l’historique de la charte de Kurukanfuga.
LA PORTEE DE KURUKANFUGA
Dans son intervention, Al Hady Goïta, le Secrétaire général du ministère de la Culture a salué l’Ensemble Instrumental et surtout les personnalités composées des chercheurs. Il s’agit de Cheick Hamidou Kane (auteur du livre Aventure Ambiguë), Djibril Tamsir Niane (sous l’épopée), professeur Chérif Keïta, professeur Francis Simoni (France), Babo Condé (Guinée), Youssouf Tata Cissé, tous du Mali.
Il a souhaité à tous la bienvenue en terre malienne. Dans son intervention, il a affirmé que nos traditions nous enseignent que les hauts faits ne se passent pas tous les jours. Mais quand ils se passent, les hommes mettent du temps à le rencontrer. Tel est le cas de la charte de Kurukanfuga.
Bien que proclamé en 1236, la charte continue à susciter des débats et crée de l’engouement autour d’elle. Selon Al Hady Goïta, la charte est enseignée dans plusieurs universités dont le Sénégal compte tenu de son importance. A travers cette rencontre internationale, il s’agit pour les participants d’apporter leur contribution à la charte.
Al Hady Goîta dira que la charte est riche d’enseignements et mérite d’être connue du grand public.
Au cours de ces quatre jours, plusieurs thèmes seront développés et animés par des traditionnistes et chercheurs ayant des connaissances avérées sur la tradition orale et l’histoire de l’Empire du Mali.
Les communications et les débats seront publics et bénéficieront d’une traduction en langue Malinké. Des chasseurs et griots Manden feront des animations et retraceront l’histoire du Manden.
Cette rencontre internationale se tiendra aussi bien à Bamako qu’à Kangaba où auront lieu des manifestations sur la place de Kurukanfuga et la déclamation de la charte du Manden et une veillée des chasseurs ce dimanche.
Mamadi TOUNKARA
Le N’Ko ignoré
Au cours de la cérémonie d’ouverture, l’Association N’Ko a été ignorée et il n’y avait aucun de leur représentant au présidium. Ce qui est surprenant d’autant plus que les membres de cette association ont fait de nombreuses recherches et publications sur la charte. Et pourtant, ils étaient présents dans la salle entre autres, Mamadi Keïta, Nagnouma Moussa Keïta.Et personne d’entre eux n’a été citée ni l’association, “dans cette situation, on nous a accordé peu d’importance”, a dit l’un d’eux.
Rappelons que le Manden fut fondé sur l’entente et l’amour, la liberté et la fraternité. Cela signifie qu’il ne saurait y avoir de discrimination ethnique ni raciale au Maden. Tel fut le sens du combat.
LES CHERCHEURS N’KO OPPOSES A CEUX DE L’ECOLE FRANÇAISE
Les chercheurs N’Ko sont opposés aux chercheurs de l’école française sur la charte de Kurukanfuga. Selon les chercheurs N’ko, Soundjata a promulgué 120 lois (articles) dont quatre vingt à Kurukanfuga, selon les recherches du professeur Souleymane Kanté (paix à son âme).
Il n’y a pas d’unanimité quant au nombre de lois promulguées pendant et après Kurukanfuga.
Selon les chercheurs de l’école française, la charte se résume seulement en quelques articles en tout cas moins d’une vingtaine. “Comment nos ancêtres peuvent se réunir pendent 40 jours et ne promulguer que 20 articles environ, c’est de la foutaise”, a déclaré un membre de l’association N’Ko.
Feu Souleymane Kanté, au cours de ses recherches, a trouvé environ 130 articles répartis ainsi :
1. De la propriété financière privée et autres : 14 articles ;
2. Des dons, legs, créances et prêts : 14 articles ;
3. Du mariage et de la dot : 14 articles ;
4. De la caducité de quatre anciennes lois : 4 articles ;
5. De la condition des esclaves : 7 articles ;
6. De l’efficacité dans le travail et de la réprobation du chômage : 8 articles ;
7. De la sécurité du droit à la vie : 2 articles ;
8. De la sécurité des étrangères et de leurs biens : 5 articles ;
9. Des statuts sociaux : 7 articles ;
10. De la prévention et de la gestion des conflits) : 17 articles ;
11. Des injures de parents et autres grossièretés : 4 articles ;
12. De l’héritage et de sa répartition : 4 articles ;
13. De l’adaptabilité de la tradition et coutumes : 2 articles ;
14. De l’organisation des strates noble castes sociales :
1 article ;
15. Des tontigui : 1 article ;
16. Des labesi (Lanpassi) : 1 article ;
17. Siguinfe ou Furugnoko : 1 article ;
18. Des deux classes de Tontan : Mori et Gnamakala – 1 article ;
19. De la première classe de Tontan : Mori- 5 articles ;
20. De la deuxième classe de Tontan-Gnamakala- 5 articles ;
21. Du commerce d’Etat : diako Kela-2 articles ;
22. De l’interchargeabilité des attributions Tontigui – et Tontan et Dions : 3 articles ;
23. De la réprobation de l’Hostilité et de la Promotion de la convivialité (pouvoir- contre pouvoir) : 1 article ;
24. Au Sanankungna : 1 article ;
25. De la prohibition du mariage entre Sanankoun : 1 article ;
26. Du nimokoya et Numokoya (Génèse), Kariya : 1 article ;
27. De l’évolution physique de la personne humaine : 1 article ;
28. De la communication-information : 1 article ;
29. Des recommandations : 1 article.
Mamadi TOUNKARA
1er juin 2007.