Dans ce vaste chantier, abandonné à lui même, au bord du fleuve Djoliba, tout se vend dans l’obscurité de la nuit : sexe, alcool, drogue. On se croirait dans un pays sans loi et, les amateurs s’adonnent à coeur joie à ces pratiques déshonorantes.
Pour des habitués du coin, ici, on trouve tous les plaisirs de la vie, car, dans ce microcosme isolé, loin des regards indiscrets, on peut profiter du silence de la nuit où l’alcool coule à flots, où le tabac fait rêver et où on peut satisfaire son désir charnel sans être dérangé et sans déranger qui que ce soit.
Paradoxalement, quand le soleil se lève sur la capitale, l’espace de ce vaste chantier, situé au bord du fleuve, donne l’impression d’être abandonné à son propre sort. A la tombée de la nuit, l’immeuble en construction est pris d’assaut par ses locataires.
Mais miraculeusement, pour certaines personnes qui déplorent cette situation, ceux-ci ne sont jamais inquiétés. La brigade des moeurs est-elle complice? En effet, les opérations “coup de poing” de la Brigade des moeurs peuvent éviter la dépravation des moeurs.
Aujourd’hui on assiste à la prolifération des lieux sataniques dans plusieurs quartiers de Bamako. Mais, le chantier de l’Hôtel “Mariétou Palace”, situé au bord du fleuve Djoliba, en plein centre de la capitale, a la particularité que ses adhérents ne payent aucun ticket d’entrée ou autres taxes de nature que ce soit.
Ce qui peut surprendre un non avisé des lieux, c’est le titre et la qualité de la clientèle qui fréquente l’endroit. A côté des vrais amateurs, c’est-à-dire les habitués des lieux (vagabonds de la capitale), on peut distinguer des “Boss” d’où la présence de gros cylindrés que l’on peut apercevoir à quelques mètres des lieux sur le bord du goudron.
A la porte d’entrée de la cour, entourée à l’aide de feuilles de tôles, un non habitué peut craindre pour sa sécurité et hésiter d’avancer. Mais il est rassuré aussitôt par des péripatéticiennes présentes pour l’occasion.
A l’intérieur, dans la pénombre et sous les lumières des lampadaires, on peut apercevoir un impressionnant défilé de personnes bras dessus-bras dessous.
L’odeur de l’alcool et la fumée dégagée par la consommation de stupéfiants piquent aux yeux et au nez. Plus loin dans la cour, on peut entendre la voie de personnes cachées derrière des objets.
L’ambiance dans ce paradis artificiel commence juste après le crépuscule pour se terminer tard dans la nuit. Les plus pressés y prennent seulement le temps de leur plaisir pour repartir laissant gérer la situation.
Aussi, c’est ici qu’on procède au partage des butins. Lieu calme et innocent pour certains, le chantier de l’Hôtel Palace au bord du Djoliba, donne une image trompeuse.
Car c’est là que convergent la nuit, les vagabonds et petits délinquants de la capitale qui en ont fait leur quartier général.
Laya DIARRA
30 septembre 2005.