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Quel que soit le verdict de la Cour constitutionnelle, le déroulement de la campagne de la présidentielle du 29 avril dernier prouve déjà que plus rien ne sera comme avant. « Champion de la gestion consensuelle », donc de moins de bruit, le président sortant, si sa victoire est confirmée par les « Neuf sages » du Dabanani malgré la tonne de requêtes formulées par le FDR, devra compter avec une opposition résolue. Ce serait d’ailleurs une bonne chose pour la vitalité de notre démocratie.

Comment un président qui, dit-on, déteste cordialement la critique va-t-il se comporter avec des contradicteurs qui vont exploiter à fond la moindre incartade ? C’est la question qui hante à présent les esprits. En attendant, avec la flopée de courtisans, qui font dans l’excès de zèle, il n’est pas interdit de voir une sorte de chape de plomb sur ceux qui vont penser autrement que Koulouba. Mais, s’il se laisse mener à la baguette par des gens « qui n’ont pas de fief » (Blaise Sangaré, dixit), le locataire de Koulouba pourrait voir son capital sympathie fondre comme beurre de karité au soleil.

Le président, qui revendique de tout le temps l’indépendance, a tout intérêt à s’affranchir des partis et à faire savoir à l’ADP qu’il doit tout d’abord la victoire à son aura personnelle. Car comment comprendre que des politiciens qui n’ont jamais pu se faire élire députés dans leurs fiefs sans un coup de pouce extérieur puissent du jour au lendemain réussir le pari du « takokélén » avec un autre ? Foutaises. Il est évident que, pour cacher leurs incapacités, de nombreux alliés du chef de l’Etat vont répugner les législatives. Ils espèrent pourtant récolter les dividendes de leur refus de se soumettre à la sanction du peuple.

Le bas peuple, lui, s’attend à ce que plus rien ne soit comme avant. Il refuse déjà que le Mali soit une orange délicieuse dans la bouche de ceux qui sont à la droite du chef, qui la presse sans tenir compte des autres. Le président élu est attendu sur le terrain de la lutte contre la corruption, la gabégie, le népotisme… Dans ce domaine, il possède, pense-t-on, un atout majeur avec les rapports du Vérificateur général.

Faut-il espérer ou douter de l’avènement d’un soleil nouveau au profit exclusif du peuple malien ? L’avenir proche nous édifiera.

A. M. T.

07 mai 2007.