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Le week-end dernier, des centaines de commerçants, de transporteurs et d’industriels se sont donné rendez-vous au pavillon des sports du Stade Modibo Kéïta de Bamako. Objectif : contester les résultats proclamés des élections consulaires de la chambre de commerce et d’industrie du Mali, tenues le 1er octobre. Ce meeting qui a rassemblé le secteur privé malien visait à demander aux candidats et électeurs de rester mobilisés et d’avoir comme slogan : « oui à un Président élu et non à un Président imposé« .

L’allusion est claire. Pour le vieux Tidiani Tambadou, président du groupement des commerçants du Mali, qui est intervenu au nom de la section commerce, il s’agit d’expliquer ce qui s’est réellement passé lors de ces élections consulaires à Bamako : « on a la vérité avec nous mais on l’a usurpée. Nous avons gagné ces élections et notre victoire restera avec nous« .

Tambadou de préciser que le combat du collectif des candidats et électeurs de la liste A n’est pas politique. « Nous voulons simplement qu’on nous reconnaisse notre victoire« , a-t-il déclaré. Quant au porte parole de la section industrie, l’honorable Hammadaou Sylla, il a affirmé que la section industrie de la liste A « a gagné lors des dernières élections consulaires« . Mais seulement, dira t-il, « tant que les résultats restent en l’état, nous considérons que nous ne sommes pas membres consulaires« .

Selon lui, ils ont gagné dans toutes les trois sections (commerce, service et industrie) et le gouvernement doit leur retourner leur victoire. Dans ce cas, fera-t-il savoir, il n’y aura aucune difficulté.

Le député Hammadaou Sylla a précisé clairement que la question électorale à la chambre de commerce et d’industrie du Mali n’est pas une question politique. Selon lui, « c’est une élection professionnelle et elle doit rester dans ce cadre« . « Nous demandons au gouvernement de nous retourner notre victoire et de préserver la paix« .

Au cours de ce meeting, les industriels ont décidé de suivre le groupement des commerçants import-export du Mali dans leur initiative. Le porte-parole de la section service de la liste A, Mamadou Sy Savane, a affirmé de son côté : « nous ne voulons rien d’autre que de nous retourner notre victoire« .

Pour le PDG de Bani-Transport, Youssouf Traoré, il faut rester soudés jusqu’à la victoire finale.

Pétition contre Bittar

Ensuite les interventions de Cheick Oumar Sacko (Synacodem), le député Cheick Hamala Bathily et non moins président de la cellule communication du camp Guittèye et Ousmane Guittèye lui-même qui ont édifié l’assemblée sur la crise qui sévit depuis le scrutin du 1er octobre.

Aux dires du secrétaire général du Syndicat national des commerçants détaillants du Mali (Synacodem), Cheick Oumar Sacko, « c’est l’ancien président Jeamille Bittar qui a amené toute cette déchirure au sein de la CCIM en introduisant une deuxième liste dans la section commerce« . C’est cette démarche inhabituelle qui a brisé le consensus, selon lui.

Cheick Oumar Sacko révéla qu’une pétition est aujourd’hui en circulation dans le milieu des opérateurs économiques maliens, des industriels, des transporteurs et des services. Le collectifs des candidats et électeurs de la liste A en est l’initiateur.

Dans ce document, il est entre autres écrit que ce vote a été entaché de « violation flagrante des textes légaux et d’irrégularités manifestes dans les préparatifs du scrutin, lors des opérations de vote et dans le dépouillement des résultats« .

Par conséquent, « à défaut de la restitution de la victoire leur tendance demande l’annulation pure et simple du scrutin du 1er octobre 2006 et la reconduite d’élections transparentes dans les quinze jours sui suivent conformément aux textes« .

Une issue contraire à cette demande, avertit le collectif des candidats et électeurs de la liste A, « nous obligerait à un boycott systématique et sans réserve de la chambre de commerce et d’industrie du Mali dans sa mission consulaire et dans toutes ses activités et cela durant toute la mandature de la liste B« .

Pour l’honorable député Cheikna Hamalla Bathily « c’est le ministre Choguel Maïga qui est à la base de toute cette fraude« . Il a promis de prouver cette accusation grave, le jeudi prochain, à l’Assemblée nationale, lors de l’interpellation parlementaire.

Selon lui, c’est le camp Guittèye qui constitue aujourd’hui le poids économique de notre pays. Dans les quatre années à venir, dira-t-il, « si la chambre de commerce et d’industrie n’est pas contrôlée par ce groupe, cela veut dire qu’il n’y a pas de CCIM« .

Quant à Ousmane Guittèye lui-même, il invita ses sympathisants à rester soudés pour pouvoir travailler ensemble. Selon lui, au soir du 1er octobre, certains ont pleuré, d’autres sont tombés malades.

Depuis la création de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, c’est la première fois que les élections soient entachées de fraudes. « Le jugement qui a été rendu a été mal fait« .

Selon lui, certains éléments des documents électoraux notamment la liste d’émargement qui est capitale en la matière a disparu.

Dans le groupe qui le soutient, Guittèye ajoute que la coordination, le Syndacodem et la fédération, tous des détaillants jouent un rôle important dans leur travail.

Il révéla en outre : « des saboteurs tentent de politiser notre combat. Ils sont en train de citer les noms de certains partis. Ces accusations sont fausses« .

Birama Fall

06 novembre 2006.