La mesure du gouvernement d’instituer la gratuité de
la césarienne au Mali, a été saluée par de nombreuses
populations, quand on connaît le coût et le risque
liés à ce type d’opération chirurgicale pour la femme
enceinte.
Si la gratuité a résolu le problème de coût, on
constate qu’elle n’a pas résolu celui lié aux risques.
Pire, on pourrait dire qu’elle est devenue source de
négligence et de mépris. Pour beaucoup de personnes,
l’attention portée à la patiente qui payait les frais
de ses soins n’est plus la même que celle qu’on lui
porte aujourd’hui.
Cela est d’autant plus vrai que
l’acte est maintenant gratuit. Trois femmes viennent
de mourir dans différents centres de santé à la suite
d’une césarienne. Et certains parents ne cachent pas
leur amertune face à ce qu’ils qualifient de
négligence médicale.
La gratuité a-t-elle augmenté le
risque de la césarienne dans nos hôpitaux ? Difficile
de répondre pas l’affirmative quand on connaît le
“serment d’Hippocrate” qui lie le médecin à son
métier. Mais la conscience professionnelle, peu de
médecins au Mali peuvent s’en prévaloir, car l’appât
du gain a changé bien les moeurs.
Un problème de compréhension entoure également cette
gratuité de la césarienne. Si l’acte, c’est à dire
l’opération chirurgicale et tout ce qui est lié, est
gratuit, il faut bien se dire que la patiente paye de
sa poche pour toute autre maladie non liée à la
césarienne.
Autrement dit, si la dame enceinte avait un problème
de tension ou autre maladie, elle devra payer pour ce
traitement, qui est différent de l’opération
césarienne.
Ceci est-il bien expliqué aux patients ?
Les médecins n’en abusent-ils pas de certaines
ordonnances qu’ils présentent aux patients ? Autant de
questions dont les réponses dépendent de la bonne foi
de chaque acteur.
Seulement, certains hôpitaux arguent un manque de
moyens matériels et financiers pour bien assurer la
gratuité de la césarienne.
Financiers, parce qu’en
fait, il appartient au centre traitant de prendre en
charge les frais liés à la césarienne de la patiente
et de se faire rembourser plus tard par l’Etat.
Un
processus que tout hôpital ne peut suivre s’il n’a pas
suffisamment de fonds et de volonté.
Aussi, une grande sensibilisation s’impose afin de
faire comprendre à chaque acteur, médecin tout comme
le patient, son rôle dans l’opération.
Expliquer en
fait, qu’est-ce qui est gratuit dans le cadre de la
césarienne. Laissez la responsabilité aux seuls
médecins, de définir le cadre de cette gratuité, c’est
livrer les patients à la cupidité de certains hommes
ou femmes en blouse blanche.
Un préalable de
sensibilisation qui empêchera beaucoup de femmes de
trouver la mort dans la gratuité.
Aimé RODRIQUE
27 septembre 2005.