Face à la situation de crise au niveau de la sous-région et surtout compte tenu de la différence du prix des céréales entre le Mali et pays voisins, un risque d’exportation massive de nos produits céréaliers vers ces pays est à craindre. Il semble que des opérateurs, plutôt soucieux du gain que du sort de leurs concitoyens, ont commencé à dégarnir les greniers intérieurs au profit des marchés de la sous-région. Ce qui laisse entendre que nos céréales font actuellement l’objet de sorties frauduleuses en direction de l’extérieur.
Le problème ? Il situe à plusieurs niveaux, dont l’étendue de nos frontières et la faiblesse des moyens de contrôle du pays. Ainsi, l’Etat se trouve en position difficile face cette «hémorragie» de céréales en direction des pays voisins.
Pour faire face à ces exportations frauduleuses et surtout mettre le pays à l’abri d’une crise alimentaire et éventuellement de la famine, des actions rigoureuses et urgentes doivent être prises. Dans ce cadre, les forces de sécurité frontalière (douane, police, gendarmerie, garde nationale), ainsi que la direction nationale des transports auront un rôle clé à jouer pour empêcher toute exportation frauduleuse de céréales en cette période difficile.
A l’intérieur, le Commissariat à la sécurité alimentaire, l’OPAM, la chambre de commerce et les commerçants de céréales, sont appelés à assurer une meilleure distribution des vivres aux populations, en vue de juguler la crise et surtout mettre un frein à la spéculation à laquelle se livrent actuellement certains opérateurs.
Tous ces effort seront cependant vains sans une sensibilisation des populations. En effet, il doit être porté à leur connaissance que l’État malien a subventionné nos céréales pour les rendre beaucoup plus accessibles à tous et à moindre coût sans oublier les distributions gratuites de grains dans les zones les plus touchées. Cette sensibilisation incombe non seulement à l’État mais aussi aux élus.
Le marché le moins cher
Selon des informations émanant de divers services chargés de l’alimentation : Commissariat à la sécurité alimentaires, l’office des produits alimentaires du Mali (OPAM) et Direction du commerce et de la concurrence, le Mali malgré la crise alimentaire qui y sévit se classe parmi les pays les moins chers de la sous-région. En clair, les céréales sèches sont de loin moins chères chez nous que dans de nombreux pays de la sous-région.
A en croire les mêmes services, une étude comparative des prix des céréales sur les différents marchés de la sous-région est favorable au Mali, malgré les hausses répétitives des ces derniers temps. C’est ainsi que pour le riz importé, le marché malien est moins cher qu’en Côte d’Ivoire, en Mauritanie et au Burkina Faso. Entre le Mali et la Côte d’Ivoire, l’écart des prix du riz (sac de 100 kg) est de 20.000 francs Cfa ou 23.000 francs Cfa tandis que qu’entre nous et la Mauritanie, l’écart est estimé à 30.000 francs ou 45.000 francs Cfa. Une différence de 3000 francs Cfa existerait entre nous et le Burkina Faso. Le mil est moins cher au Mali qu’en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Sénégal et en Mauritanie.
Entre le Mali et ces pays, la différence se présente comme suite : pour les 100 kg de mil, les marchés ivoiriens affichent une différence de 1500 francs Cfa à 7500 francs Cfa. Entre le Mali et le Burkina, le Sénégal et la Mauritanie, les écarts entre les prix sont respectivement estimés à 2500 francs, 10 000 francs et 6000 francs Cfa. Par contre, le prix du maïs au Mali est identique au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
C.H Sylla
08 août 2005