Le dernier procès des casseurs du 27 mars a eu lieu hier au tribunal de première instance près la commune III. Les accusés, au nombre de sept, sont poursuivis pour vol, recel, dommage à la propriété d’autrui, troubles graves. Ce sont : Cheickna Niakaté, Souleymane Cissé, Mohamed Kéïta, Lassiné Diané, Aboubacar Danté, Dramane Diakité, Bakary Sidibé. C’est le procureur anti-corruption, Sambé Théra lui-même, qui a occupé le banc du parquet. Le siège du juge correctionnel était tenu par le président, Moussa Sara Diallo.
Au cours des débats, tous ont nié les faits, même Bakary Sidibé qui était en possession de 22 cassettes vidéos, tous des films documentaires appartenant au centre national de documentation et d’information sur la femme et l’enfant. Ce jeune sans emploi et sans domicile fixe avait également dans son sac, au moment de son arrestation, des barres de fer. Les perquisitions effectuées par la police ont permis de trouver, selon l’acte d’accusation, des chaises et autres objets appartenant à cette structure spécialisée des femmes et des enfants, chez Dramane Diakité et Lassine Diané.
Le procureur Théra, très engagé pour punir les auteurs des casses a fait un vibrant plaidoyer en plaçant le procès dans son contexte. « Monsieur le président, des faits graves se sont produits à Bamako, étendus sur la quasi totalité des communes. Des propriétés publiques et privées ont été saccagées, incendiées et des bien volés. Jamais, au grand jamais, nous n’assisterons pas de façon passive à la destruction des biens d’autrui par des tierces personnes. Le Mali, un havre de paix a été construit au prix de plusieurs sacrifices. C’est pourquoi, nous ne tolérerons jamais que notre pays se transforme en un lieu de troubles, de violences et de casses. Nous n’accepterons pas que la tranquillité soit perturbée. Aussi, Monsieur le président, je vous demande de condamner avec fermeté et efficacité des coupables. Pas une condamnation dissuasive. Je requiert un minimum de 18 mois d’emprisonnement ferme » a plaidé avec autorité Sombé Théra.
Très courageux, celui-ci a demandé la relaxe de deux accusés, notamment Cheickna Niakaté et Souleymane Cissé, poursuivis pour recel. « Le procès n’est pas politique, c’est un procès de droit commun. Il n’y a pas de preuve pour soutenir l’accusation contre ces deux personnes. Ils ne sont donc pas coupables parce que l’objet prétendu recélé n’a pas été identifié. Je requiers leur acquittement » a-t-il répété.
Auparavant, le contentieux du gouvernement est intervenu pour demander de condamner tous les prévenus. Aussi, a-t-il demandé au président que les coupables payent solidairement la somme de 301 millions de FCFA, montant correspondant aux préjudices causés.
Enfin, les avocats comme à l’accoutumée, ont plaidé non coupable pour leurs clients. Sans pourtant convaincre. Cependant, ils ont apprécié la clairvoyance du procureur Théra qui avait demandé l’acquittement de deux de leurs clients.
Au finish, le président Moussa Sara Diallo a relaxé trois prévenus au lieu de deux comme l’avait souhaité le parquet. Ce sont : Cheickna Niakaté, Souleymane Cissé, Mohamed Kéïta. Il a condamné à 18 mois d’emprisonnement ferme chacun des quatre autres accusés : Lassine Diané, Aboubacar Danté, Dramane Diakité et Bakary Sidibé.
De même, il les a condamnés à payer chacun 200 000 FCFA. Quant à la prétention du contentieux, le juge a demandé une meilleure expertise des pertes enregistrées avant toute condamnation relative aux préjudices financiers.
Rappelons que le 11 avril dernier, trois procès des casseurs du 27 mars ont eu lieu dans les communes II, V et VI. L’audience correctionnelle d’hier en commune III met fin aux jugements des casseurs.
Donc « plus jamais ça » pour reprendre l’expression du meeting anti-casses, organisé le 9 avril dernier par l’ADEMA, l’ACC et le Mouvement Citoyen.
Chahana Takiou
20 avril 2005