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Pour les citoyens maliens, Koulouba, c’est avant tout le symbole de la souveraineté nationale, le siège du pouvoir, la résidence du chef de l’Etat, le centre de décisions au-dessus duquel il n’y a plus rien, le centre d’impulsion de toutes les décisions politiques, administratives, militaires, économiques, culturelles et sociales engageant le présent et l’avenir de la nation.

Au lendemain de leur accession à l’indépendance, certains pays ont abandonné les chefs-lieux coloniaux pour transférer leur capitale soit dans des cités nouvelles, soit dans d’autres villes mieux outillées et mieux placées pour des raisons spécifiques de politique intérieure.

Par sa position géographique et les multiples avantages de son site, Bamako qui présentait toutes les conditions matérielles et économiques d’une capitale nationale plus que toute autre cité du Mali, fut maintenue comme siège du pouvoir central et centre de la gestion du pays.

En s’implantant au Soudan, la colonisation a changé trois fois l’emplacement de son centre de commandement: au commencement ce fut Bakel, aujourd’hui au Sénégal, puis Médine et Kayes, toutes les trois cités étant situées sur le fleuve Sénégal. Bamako et la cité administrative de Koulouba correspondent au quatrième choix, au choix définitif, pour des motivations qui demeurent encore valables pour l’Etat souverain et indépendant qui a pris son envol le 22 septembre 1960.

Il y a cent ans, le nom de Koulouba, jusque-là inconnu, faisait une rentrée remarquée sur la scène politique et dans l’histoire en Afrique Occidentale. Le Général de Trentinian, lieutenant-gouverneur du Soudan Français de 1899, a eu le premier l’idée d’installer à Bamako, sur le site de Koulouba, au point F, le chef-lieu de la colonie ainsi que les dépendances du Gouvernement du Soudan Français. Il existe plusieurs raisons qui ont motivé ce dernier choix

– LES RAISONS GEOPOLITIQUES:

Kayes est devenu excentrique à la suite de l’expansion coloniale l’Est et vers la vallée du Niger. L’écrivain Félix Dubois, auteur de Tombouctou la Mystérieuse, celui-là même qui avait créé en 1899 une compagnie de taxis pour assurer la première liaison automobile Kayes-Bamako avant la fin des travaux du chemin de fer, constatait en 1896 que la capitale administrative du Soudan, Kayes, se trouvait à la périphérie et le centre à Bamako sur le Niger.

Il était évident pour le Général de Trentinian, qui introduisit la première voiture au Soudan, et pour quiconque voulait bien se donner la peine d’étudier une carte du Soudan Français, que Kayes, base d’opérations obligées lors de la conquête, ville de transit et port de la colonie sur le sénégal, était beaucoup trop excentrique pour rester la capitale politique et gérer quotidiennement des territoires situés à plus de 3.000 km, jusqu’au lac Tchad, et couvrant en 1899, 3.500.000 km2 (territoires conquis et protectorats divers), soit 6,36 fois la superficie de la France.

– DES RAISONS D’HYGIENE:

Le climat plus sain, moins chaud avec moins de moustiques à Koulouba et moins de fièvre fut un argument de poids en faveur de Bamako qui l’emporta sur Kayes, défavorisé par des températures élevées pendant la majeure partie de l’année.

– DES RAISONS STRATEGIQUES:

Le site de Koulouba est plus facile à défendre; et de Koulouba, il est plus facile de surveiller Bamako.

– DES RAISONS DE PRESTIGE:

la majesté des sites de Koulouba et du Diamadia-Koulou (Point G) hantait les esprits qui avaient vu Athènes et la Colline de Fourvière à Lyon, les châteaux de l’Europe médiévale.

– DES RAISONS ECONOMIQUES:

Bamako est un carrefour entre le Haut et le Moyen Niger, la Boucle du Niger, Tombouctou, point de surveillance de l’Algérie au Sud du Sahara, carrefour des routes de l’or, de la cola, du sel, des céréales et des chevaux, tête de la navigation sur le Haut-Niger.

SOURCE: PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

23 mai 2006.