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Evénement exceptionnel, propos exceptionnels
L’ouverture de la réunion ministérielle a presque épuisé le lexique des éloges. Le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga : « en décidant de créer la CEN-SAD, les dirigeants des différents pays ont fait une œuvre visionnaire. C’est un outil pour impulser nos Etats et montrer au reste du monde que la précarité n’est pas une fatalité ».

Parmi les points inscrits au programme de cette conférence, le gigantesque projet d’interconnexion des pays de la CEN – SAD, gage du désenclavement des Etats sahélo-sahariens. Un challenge qui incitera le Premier ministre à exhorter « à la croyance en nous-mêmes, à la bataille dans un monde régi par la mondialisation ».

Pour lui, nous ne réussirons qu’en mettant en œuvre certains projets tels que les télécommunications, la construction des infrastructures routières, ferroviaires et aériennes. D’où l’importance de cette réunion.

Il terminera ses propos par un message fort : « l’efficacité de la politique que nous mettrons en place dépendra de l’engagement de nos différents Etats ».

Au tour du ministre de l’Equipement et des Transports, Abdoulaye Koïta, d’étaler ou plutôt de jeter des fleurs : « Merci d’être venus à Bamako, la capitale des grands événements du continent africain ».

En effet, une semaine après la clôture de la 9ème session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, voici la 2ème réunion des ministres chargés des transports et des infrastructures de la CEN-SAD.

Et le ministre Koïta d’ajouter : « Si la première rencontre regroupait une plus vaste entité, la seconde est exceptionnelle au niveau de notre continent…Oui, la communauté des Etats sahélo-sahariens, CEN-SAD, est exceptionnelle. Exceptionnelle pour le nombre d’Etats membres qui sont aujourd’hui de 21 plus un observateur, le Ghana. Exceptionnelle également pour son originalité d’intégration transrégionale du fait qu’elle regroupe des Etats d’Afrique de l’Est, de l’Ouest, du Nord et du Centre ».

Au menu des discussions ministérielles, on notera le plan d’action de développement des infrastructures de transport, l’amélioration des services de transport à travers, notamment l’harmonisation des politiques et la standardisation des normes de transport, la mise en place d’un mécanisme de financement et de garantie communautaire pour le secteur et surtout la coopération renforcée entre les différents acteurs du transport.

On y ajoutera le projet de convention de coopération en matière de transport routier et de transit et celui relatif au transport maritime entre les Etats de la CENSAD.

L’adoption de ces deux conventions, dira le ministre de l’Equipement et des Transports, « est capitale pour le devenir de nos échanges et le développement économique de notre communauté, facteur essentiel d’intégration et de rapprochement de nos populations ».

Les données des experts affirment que la plupart des pays de la CEN-SAD ne sont pas à hauteur de souhait et ne suivent malheureusement pas le rythme des engagements réciproques et la volonté des leaders.

Pour le ministre Koïta, si l’Afrique commerce peu avec l’Afrique c’est parce que « les infrastructures de communication sont très insuffisantes ». Ce qui a comme corollaire, selon toujours lui, « les difficultés de mise en œuvre des programmes d’intégration économique et la désarticulation de nos économies ».

Le cri de cœur du ministre Koïta
Après avoir souligné les multiples difficultés auxquelles le continent est confronté, un ne pouvait s’attendre qu’à un cri de cœur : « Je reste donc persuadé que les difficultés de communication actuelles ne sauraient perdurer dans la mesure où nous disposons d’outils et instruments efficaces pour relever le défi afin d’éviter qu’un jour nos petits fils nous disent : vous saviez tout cela, mais qu’avez-vous fait ?…C’est pourquoi je vous demande maintenant d’agir concrètement et efficacement pour donner espoir aux millions de populations qui souffrent des conséquences multiformes de l’insuffisance d’infrastructure de transport ». Des propos qui se passent de tout commentaire.

Même enthousiasme chez le secrétaire général de la CEN-SAD, le Docteur Mohamed Al Madani Al-Ahzari : « C’est avec une grande joie que je prends la parole à l’occasion de cette 2ème réunion que la ville de Bamako, carrefour incontournable de la diplomatie multilatérale de développement ». A en croire le Docteur Al-Ahzari, cette satisfaction vient du fait que le président de la République, Amadou Toumani Touré, « lui avait formellement prescrit de mettre un accent particulier, dans le cadre des programmes communautaires, sur l’agriculture et l’eau, sur le transport et les infrastructures ».

Les statistiques de la Banque Africaine de Développement (BAD) confirment que l’absence de routes carrossables, de réseau ferroviare adapté, le commerce de produits maraîchers ou de l’élevage est pratiquement inexistant entre les pays membres de la CEN-SAD.

Le secrétaire général de la CEN-SAD dira, pour cela qu’il faut tout refaire en matière d’infrastructures aussi bien qu’en matière de réglementations nationales, bilatérales et régionales.

Pour cela, a-t-il déclaré, « nous devons nous réorganiser, nous ouvrir les uns aux autres, dépasser nos égoïsmes nationaux ».

Dans la Déclaration de N’djamena, qui a sanctionné la première réunion des ministres en charge du secteur des transports, un certain nombre de pistes d’actions a été dégagé.

Il s’agit d’identifier un réseau routier prioritaire à réaliser, mettre en place un mécanisme de financement des infrastructures de transport, réaliser l’interconnexion des réseaux ferroviaires, créer des ports secs, promouvoir le partenariat public et privé.

« La traduction de ces propositions en actions communes permettra de donner un élan au développement du secteur des transports dans notre région, pour créer un véritable et solide arrimage avec les autres régions ».

C’est en ces termes que le Docteur Al-Ahzari a exhorté les participants à cette rencontre à adopter les différentes recommandations car il a « la ferme intention de les soutenir en les faisant prendre en compte dans le cadre du Plan d’action à court terme 2002-2007 et du Fonds de préparation des projets d’infrastructures » gérés par la BAD pour le compte du NEPAD.

Paul Mben

29 avril 2005