Où peut-on fêter l’indépendance du Mali mieux qu’à Sikasso ? Cette ville qui a perdu des milliers de ses fils le 1er mai 1898 en repoussant l’envahisseur pour préserver son indépendance.
Cette ville dont le roi, ce brave et vaillant Babemba Traoré, accompagné de sa fidèle épouse Kouroukouna Fatouma, a préféré la mort à la honte. Le royaume du Kénédougou est indissociable de Tiéba Traoré, cet autre grand bâtisseur et fondateur du plus grand royaume sénoufo.
Modéré et diplomate, Tiéba fut l’allié des Français. Il agrandit son royaume et construit le Tata, une muraille longue de 9 km et haute de 6 mètres.
Dans son adresse à la nation, le Président Amadou Toumani Touré a vu juste en affirmant que » Sikasso est la ville d’élection par excellence pour célébrer les résistants maliens « .
Pour le chef de l’Etat, » les Maliens doivent rester fidèles aux vertus et valeurs défendues par ceux qui nous ont laissé en héritage, le sens de l’honneur, le goût de la liberté et l’esprit de sacrifice « .
La célébration de la résistance, a-t-il soutenu, ne se fait pas dans une vision passéiste, il s’agit plutôt de puiser dans ces valeurs de civilisation, les ressources morales nécessaires pour affronter le présent et nous projeter dans l’avenir.
La résistance dans tous ses états
Retraçant fidèlement la résistance de la ville de Sikasso face aux troupes françaises, conduites par le Colonel Audeoud et le Capitaine Preti, le défilé a enregistré le passage de l’armée coloniale, équipée de puissants canons.
Cette armée, rappelle-t-on, a assiégé la ville le 15 avril 1898 avant de donner l’assaut final le 1er mai 1898 à l’aube. Ce jour là, le Tabalé retentit plus fort que d’habitude, Sikasso résistera dans la joie, au son du tam-tam, du balafon, des chants et des danses.
Déterminés à aller jusqu’au sacrifice ultime, les Sofas, sous le commandement de Kélétigui Kourouma Berthé, ont fait preuve d’un mépris absolu des canons, des fusils et de la mort.
Point saillant de la manifestation, la sortie de Mômo Traoré (sœur de Tiéba et Babemba) et ses Amazones, ces femmes guerrières en voie de disparition. Ce sont ces braves femmes qui ont défait la puissante armée de l’Almamy Samory Touré.
Un défilé militaire captivant
Les forces armées et de sécurités étaient, comme d’habitude, au cœur du défilé avec des troupes à pied, montées et motorisées. L’armée de l’air, avec deux MIG 21, a fréquemment déchiré le ciel de Sikasso. Les unités méharistes, partie intégrante de la garde nationale, ont été la grande attraction.
» C’est ma première fois de voir des chameaux. Je suis vraiment impressionné par ces animaux. C’est formidable « , s’écrie le jeune Ousmane Bamba, lors du passage des troupes méharistes.
A rappeler que notre pays compte six unités méharistes (Léré, Gossi, Ménaka, Abeibara, Inakounder et Inabog) qui veillent à la surveillance générale des régions du Nord.
» Le matériel militaire que je viens de voir est particulièrement impressionnant. Le peuple malien peut dormir tranquillement, parce qu’il a une armée qui veille sur son sommeil « , a déclaré à la presse le Président Abdoulaye Wade à la fin de l’événement.
Pour l’invité d’honneur du Mali aux festivités du 22 septembre, » ce défilé est à l’image de celui des grands pays. Ce n’est pas un défilé d’un pays sous-développé. Je crois que le Mali est un grand peuple qui a une armée à sa grandeur « .
Le président Wade a été fait citoyen d’honneur de la ville de Sikasso dont une rue a été également inaugurée au nom de l’illustre hôte.
Sory Ibrahima GUINDO
26 septembre 2005.