Le meeting de soutien au président de la République, Amadou Toumani Touré, organisé par l’ADEMA, le samedi 9 avril, a mobilisé la CAFO et une bonne partie de la classe politique, notamment le MPR, le CNID, l’ACC – qui regroupe beaucoup de petites formations politiques. Le Mouvement Citoyen de Djibril Tangara a tenté de ravir la vedette à l’ADEMA à travers ses banderoles et surtout ses militants venus très nombreux pour grossir les rangs de l’ancien parti au pouvoir. Aussi, la salle de 3 000 places du Palais de la Culture, Amadou Hampâté Bah, a-t-il refusé du monde.
Sur les banderoles, on pouvait lire : « ADEMA : respect et protection du bien public et de la propriété privée », ADEMA : « Plus jamais ça », CAFO : « Pour un Mali paisible, démocratique, les femmes disent non à la violence ». Il y a eu d’autres banderoles du Mouvement Citoyen sur lesquelles il n’y a eu aucun message. Elles annonçaient seulement la présence de telles ou telles autres coordinations du Mouvement : Bamako, Mopti, Sikasso, Ségou etc.
Néba Solo et les chasseurs venus de Bamako, de Koulikoro et d’ailleurs ont tenu en haleine le public très enthousiaste. C’est dans cette atmosphère bon enfant, soutenu par les applaudissements et les you-you des femmes et des jeunes que le président de l’ADEMA, Dioncounda Traoré s’est adressé à l’assistance.
Le président du parti des abeilles s’est interrogé en ces termes : « Comment ne pas être stupéfait, comment ne pas être incrédule quand en quelques secondes, des gens raisonnables et équilibrés se transforment en une horde de vandales et de hooligans donnant libre cours à leurs pulsions violentes et à leurs fantasmes, démolissant, détruisant, cassant, brûlant tout sur leur passage, ne laissant derrière eux que des cendres fumantes ».
Le chef de l’ADEMA n’a toujours pas compris ce qui s’est réellement passé le 27 mars et se demande où sont les valeurs qui fondent notre nation ? Où sont ces valeurs pour lesquelles tant d’hommes et de femmes de ce pays sont morts ou resteront handicapés tout le reste de leur vie ? Que sont devenus les idéaux du 26 mars ?
C’est pourquoi, Dioncounda Traoré a clamé : « Non à la violence, non à l’incivisme, non à la destruction, non à la remise en cause des idéaux du 26 mars ». Ce n’est pas tout, l’ancien ministre de la Défense de Alpha Oumar Konaré a laissé entrevoir dans son analyse l’hypothèse d’une tentative de coup d’Etat avorté.
Suivez mon regard ! Dioncounda Traoré s’est montré très étonné de la passivité des forces de sécurité pendant tout ce temps. « Pourquoi n’a-t-on pas vu les forces de l’ordre. Elles ont brillé par leur absence pendant des heures et des heures. Cela veut dire que quelque part, quelque chose se préparait » a-t-il déclaré. « Cette chose-là », Dioncounda n’a pas osé le dire, mais la logique de ses propos a laissé planer l’hypothèse d’un coup d’Etat. A moins qu’il ne veuille préciser davantage son opinion. Nous avons tenté de le joindre pour cela. En vain.
Auparavant, le président du Mouvement Citoyen, Djibril Tangara, très applaudi par ses militants, est monté sur ses grands chevaux pour affirmer, haut et fort, « son refus absolu et définitif de voir la violence dans un pays authentiquement démocratique et respectueux de toutes les libertés ».
Pour clore son intervention, il a lancé avec vigueur des slogans comme : « Non à la violence et à l’incivisme, oui au dialogue et au progrès, oui pour un Mali stable, sous la direction du président ATT, retrouvons ce qui nous unit ».
Chahana Takiou
11 Avril 2005