Très attendu pour déterminer la direction que prendra le parti lors de l’élection présidentielle à venir, le Congrès extraordinaire du Parena tenu du 15 au 17 décembre n’a pas tranché. Les regards restent à nouveau tournés vers la direction du parti à laquelle le Congrès a donné mandat pour déterminer la participation du Parena à l’élection présidentielle.
La dernière Conférence des cadres du Parti pour la renaissance nationale n’avait pas pu franchir la croisée des chemins. Toutes les conclusions à tirer des cinq ans de soutien au pouvoir d’ATT ont été réservées au 2è Congrès extraordinaire. A l’annonce de cette importante rencontre (la plus grande instance du parti) devant se tenir à quatre mois des élections, l’événement ne pouvait que retenir l’attention générale, tant une éventuelle prise de position du parti du bélier blanc serait déterminante.
Hommes politiques, analystes et observateurs ont eu les regards tournés vers le Centre international de Conférence (CICB) de Bamako où se tenait le Congrès du parti sous la présidence de Tiébilé Dramé, président du Parena. Ce parti vient de démontrer une fois de plus que bénéficiant de l’aval du Congrès, le dernier mot revient au Comité directeur qui tranchera.
Ainsi le 2è Congrès extraordinaire du Parena a donné “mandat au Comité directeur pour tisser les alliances en fonction des intérêts vitaux du Mali, du programme du parti, et déterminer, le moment venu, la participation du Parena à l’élection présidentielle“.
C’était sans doute la résolution la plus attendue parmi les nombreuses autres, toutes lues par Mme Simpara Awa Daba Diarra. Pourtant la jeunesse, les femmes autant dire toute cette masse de militants semblaient opter pour une candidature du président du Parti, Tiébilé Dramé à la prochaine élection présidentielle. En témoigne le slogan spontané de la jeunesse qui, sans cesse revenait, scandé par la foule, dans une salle des mille places qui refusait du monde : “Tiébilé, Koulouba ! Tiébilé, Koulouba !…“.
Le discours du président du bureau national de la jeunesse, l’ancien ministre Moussa Balla Diakité, à l’ouverture du Congrès a été sans ambages : “dans quelques mois, le pays connaîtra des élections générales. A cet égard, la jeunesse Parena sollicite le parti pour présenter un candidat, en l’occurrence le Président Tiébilé Dramé à l’élection présidentielle. Notre conviction est longtemps faite que le propre des partis politiques, plus que de toutes autres structures, c’est de concourir à l’expression du suffrage. Et il ne saurait y avoir de réhabilitation des partis tant que ces derniers ne cesseront d’abdiquer face à cette prérogative première dans une démocratie“.
On peut se poser la question s’il y a hiatus entre cette position tranchée et avant-gardiste de la jeunesse et celle décidée par le Congrès dans sa résolution sur les élections générales de 2007. La question se maintient d’autant plus que, malgré la lecture des résolutions, la jeunesse a continué de scander son option pour participer à la présidentielle avec son homme : “Tiébilé, Koulouba...”
Le Parena, un parti qui regroupe de vieux routiers de la politique (comme Me Amidou Diabaté, Koniba Sidibé, Djiguiba Keïta PPR, le Pr Drissa Diakité, Bintou Maïga, Sidi Mohamed Zouboye etc…), a décidé de jouer à fond, la prolongation au cours de laquelle toute option est possible. Présenter Tiébilé Dramé à la présidentielle ou au contraire soutenir ATT à sa propre succession.
Ce qui ne semble pas probable serait de voir le parti soutenir un autre candidat : Soumeylou Boubeye Maïga (convergence 2007) ou Ibrahim Boubacar Keïta (RPM) contre ATT.
Tiébilé Dramé : probable candidat
Ainsi, au delà de la croisée des chemins, le Parena, comme d’ailleurs tout autre parti politique, se trouve dans un “tournant stratégique de la vie politique nationale“.
“Le Parena reste fortement demandeur de partenariats et d’alliances stratégiques dans l’intérêt bien compris du Mali“, dira Tiébilé Dramé aux représentants des partis frères.
Malgré le report de la décision attendue, on peut aisément comprendre que le Parena est en train de prendre toutes les dispositions pour une éventuelle candidature de Tiébilé Dramé.
A l’instar de la profession de foi de son candidat à l’élection présidentielle de 2002, le Parena à la faveur de ce congrès a produit un document intitulé “Notre projet pour le Mali“. La profession de foi de 2002 contenait des propositions concrètes pour “le Mali qui gagne“.
L’essentiel de ces propositions est reconduit dans “Notre projet pour le Mali“. Ce document repose sur quatre idées-forces qui traduisent toute l’ambition du parti pour le Mali, a déclaré Tiébilé Dramé.
Il s’agit premièrement de créer une société avec plus de riches et moins de pauvres. Deuxièmement, de créer une société dont la jeunesse est une chance, un atout et non plus une menace. Troisièmement, créer une société d’avancées démocratiques et de reformes abouties. Et quatrièmement, créer une société de mérite et de justice.
La preuve, selon le président, que “le Parena reste un parti de propositions dont l’objectif plusieurs fois affirmé est de contribuer à faire du Mali un pays à revenus intermédiaires et ce dans un bref horizon“.
Consensus : cinq années de surplace
Le Parena propose pour un Mali qui gagne, que soit entreprise et mise en oeuvre la reforme de l’administration, de l’école, de la politique de formation et d’emploi, la reforme des institutions, des forces armées et de sécurité.
Le Parena propose que soient poursuivies et parachevées la reforme de la justice et celle majeure que représente la décentralisation. “Dans le cas spécifique de l’école, notre politique de formation et notre préparation de la jeunesse à entrer dans la vie active, il est dommage et regrettable que près de cinq années de vent favorable de consensus n’ait pas été mis à profit. Que pendant cinq années de consensus qu’on ait fait que du surplace, que l’on ait continué à repousser la résolution des problèmes de fond comme l’on repousse les saletés dans un coin de la pièce, peur de faire des réformes, peur de balayer. Résultat : l’école est source d’inquiétude pour chaque famille, pour quiconque se penche sur l’avenir de ce pays“, a assené, sans complaisance, Tiébilé Dramé.
La mission confiée au Comité Directeur de formuler la position finale du parti sur la stratégie électorale de 2007 se fera “en tenant compte du seul intérêt du Mali. Nous ne chercherons ni à plaire aux uns ni à déplaire aux autres. Seules les voies et moyens du rayonnement du Mali entreront pour nous en ligne de compte” a-t-il conclu, conciliant ainsi les positions spécifiques de la jeunesse et générale du Congrès.
Boukary Daou
18 décembre 2006.