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Du plomb dans les ailes ! C’est l’expression qui décrit à merveille la noyade collective des Aigles du Mali à Brazzaville le 7 septembre 2008.

Notre équipe nationale masculine de football (seniors) a perdu son football au Stade Alphonse Massamba-Débat et elle s’est inclinée 1-0 devant des Diables rouges qui ont eu su saisir leur chance au moment opportun. Conséquence : les Aigles se font rejoindre par leurs adversaires du jour et sont contraints d’attendre la dernière journée de cette première phase pour se qualifier .

« Je ne sais pas ce qui nous est arrivé. J’avais du mal à reconnaître mes joueurs sur le terrain. Rien n’a marché… ! » C’est ce que confessait le coach Stephen Keshi au vice-président de la Fédération malienne de football (Femafoot), le colonel Boubacar Baba Diarra dans l’avion du retour.

Dominateurs et inefficaces en première mi-temps, l’EN a sombré dans les 15 dernières minutes de la rencontre. Seuls Boubacar Tambadou (qui fêtait sa première sélection) et Amadou Sidibé, le néo-Auxerrois, ont curieusement pu tirer leur épingle du jeu.

Les autres joueurs maliens étaient méconnaissables. A commencer par le capitaine. Seydou Kéita, Momo, Soumaïla Coulibaly… n’ont été que l’ombre d’eux-mêmes. A l’image bien sûr de tous les autres. C’est le plus mauvais match des Aigles depuis le début des éliminatoires combinées Can/Mondial-2010.

L’absence de Frédéric Oumar Kanouté et de El Hadj Mahamane Traoré peut-elle justifiée ce non-match de Djilla et de ses coéquipiers ? Ce qui est sûr, à partir de la 60e les Diables rouges étaient les maîtres incontestés du stade Alphonse Massamba-Débat au grand bonheur de leurs supporters. Entre les différents secteurs, c’était la rupture totale. Avec une défense poreuse, un milieu essoufflé et une attaque privée de balles, le Mali s’exposait au pire à chaque attaque congolaise.

Et à la 86e, les Diables rouges ont gagné le match. Ils se replacent ainsi dans la course à la qualification pour le second tour des éliminatoires combinées Can/Mondial-2010, à égalité de point avec les nôtres. Même si la différence de buts permet à notre sélection nationale de se maintenir à la tête du groupe 10, ils doivent batailler ferme pour largement remporter le match contre le Tchad à Bamako en octobre prochain.

Espérons que d’ici là, Stephen Keshi aura tiré tous les enseignements de cette inacceptable défaite.


FOCUS: Les « enfants gâtés de la République « 

Après la défaite du dimanche 7 septembre 2008 à Brazzaville face aux Diables rouges du Congo, beaucoup d’observateurs se demandent si les Aigles ont réellement conscience de leur mission, de leur devoir à l’égard de leur patrie. Méconnaissables au stade Alphonse Massamba-Débat, les Aigles se sont comportés comme s’ils étaient les vainqueurs du jour. A quelques exceptions près, ils ont presque fait la fête à l’hôtel Laïco Maya-Maya.

« J’avais pensé que beaucoup de joueurs allaient perdre l’appétit et le sommeil après cette défaite. Mais, je vois qu’ils ne sont nullement affectés par cette défaite » , s’est indigné l’un de leurs nombreux supporters. Ils s’en sont donnés à cœur joie à des séances de photo… Et c’est à peine s’ils n’ont pas chambré du champagne dans l’avion avec une attitude arrogante et déplorable à l’égard du personnel navigant, notamment les hôtesses.

Et pourtant, le consul général du Mali leur avait dit quelques heures avant cette importante rencontre, qu’il ne doutait pas du patriotisme de ces « valeureux et dignes fils du Mali ». Il avait ajouté, « cet engagement patriotique admirable vous permettra de mouiller le maillot et de remporter la partie avec brio pour le bonheur du peuple malien ».

Ce que «nous attendons de vous, c’est de mouiller le maillot. C’est cela le message du président de la République, du gouvernement et du peuple malien. Sachez que les Maliens sont partout aujourd’hui mobilisés derrière vous ! Depuis deux mois, les Maliens du Congo préparent ce rendez-vous et ils n’ont rien ménagé, comme le gouvernement d’ailleurs, pour vous mettre dans les meilleures conditions afin de relever ce challenge. Et, sans aucune volonté de vous mettre la pression, vous en êtes capables », leur avait dit le ministre de la Jeunesse et des Sports, qui avait spécialement fait le déplacement de Brazza pour s’assurer que toutes les conditions étaient réunies pour une prestation honorable des protégés de Keshi.

Hélas ! Les Aigles sont restés insensibles à ces messages d’encouragement et à l’incroyable mobilisation des Maliens du Congo, de la RD Congo, du Gabon, de l’Angola… Ils ont livré un petit match qui n’honore pas leur statut. Des « grands professionnels », comme ils aiment à se qualifier, ont été rappelés à l’ordre et à plus d’humilité par les amateurs congolais.

Et comme le ridicule ne tue plus, la grande majorité de nos joueurs n’ont nullement été affectés par cette défaite. La preuve, c’est qu’ils sont nombreux ceux qui ont passé la nuit en boîte comme si de rien n’était. Et pourtant quelques minutes auparavant, ils avaient refusé d’honorer la réception organisée en leur honneur par le président du Comité de soutien aux Aigles du Mali au Congo, Daby Coulibaly.

Une soirée au cours de laquelle mille dollars (1000 $) leur a été offerts par Mamadou Gakou, un Malien de la RD Congo. Et ce malgré la déception de l’après-midi. Cette somme s’ajoutait aux 2 millions de F CFA qui leur avaient été offerts par Batalibé Cissé, un ressortissant malien au Congo.

Et Dieu est aujourd’hui témoin des efforts que l’Etat malien faits pour ces « enfants gâtés de la République ». Primes non négligeables (selon des sources, les Congolais n’ont reçu aucune prime depuis le début des éliminatoires), salon d’honneur, vols spéciaux… Mais, on a l’impression que plus le gouvernement en fait, plus Djilla et ses coéquipiers baissent les bras tout en exigeant davantage.

Malgré la déception, ces Maliens de la diaspora n’ont rien regretté de tout ce qu’ils ont fait pour leurs idoles. Ils ont sportivement avalé l’amère pilule de la défaite dans l’espoir que les joueurs et leur encadrement technique vont rapidement se remettre en cause pour ne pas passer à côté de l’essentiel : la qualification pour l’Angola voire l’Afrique du Sud.

Malheureusement, aucun signe n’indique une telle sagesse dans l’attitude de Djilla et de ses coéquipiers. Leur comportement après leur défaite, malgré les énormes sacrifices consentis par les Maliens du Congo, frise l’inconscience et l’irresponsabilité. A l’encadrement technique de vite reprendre les commandes du navire qui est en train de chavirer ! Et il est encore temps !

Alphaly

10 Septembre 2008