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Au moment où les paysans s’activent pour les récoltes, celles-ci sont aujourd’hui menacées par les criquets pèlerins. L’alerte a été donnée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les autorités maliennes vont-elles encore traîner les pieds comme lors de la précédente invasion acridienne de 2005 ?

Le Mali et le Sénégal viennent d’être alertés par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) d’une possible menace d’invasion acridienne suite à « d’importantes infestations récemment détectées en Mauritanie ».

Outre le Sénégal et le Mali, le Maroc et l’Algérie ont également été alertés, selon un communiqué de la FAO. Face à cette menace, l’organisation onusienne a demandé aux pays concernés de relever « leur niveau d’alerte » a précisé le communiqué.

En 2004, les pays d’Afrique de l’Ouest avaient dû faire face à la pire invasion acridienne en 15 ans. La mobilisation pour endiguer le fléau avait duré près d’un an et avait nécessité des dépenses de l’ordre de 200 milliards F CFA, selon les chiffres fournis par la FAO qui s’était fortement mobilisée aux côtés des pays envahis, tout comme de nombreux partenaires au développement et des bonnes volontés au niveau national.

Des pays comme le Mali n’ont pas toujours remonté la pente de l’insécurité alimentaire consécutive à cette terrible invasion acridienne.

Sur les marchés céréaliers, les prix n’ont plus retrouvé leur niveau d’avant crise acridienne. Bien au contraire, ils continuent à grimper au grand dam des consommateurs.

Cette invasion acridienne avait atteint une ampleur terrifiante au Mali parce que les autorités n’avaient pas tenu compte de l’alerte de la FAO. Ont-elles tiré les leçons de 2004 pour agir maintenant en amont, étouffer les criquets dans l’œuf ?

Rien n’est sûr, car jouer au sapeur pompier est devenu le propre de notre Etat. Surtout que cela pourrait faire l’affaire d’une minorité pour qui la mobilisation intérieure et internationale est une vraie aubaine pour faire fortune.

La crise alimentaire provoquée par la destruction des récoltes avait permis à des commerçants véreux d’augmenter leurs chiffres d’affaire en complicité avec des cadres et agents de l’administration.

En effet, les exonérations adoptées par le gouvernement sur l’importation du riz afin de soulager les populations avaient plutôt profité à des corrompus qui n’avaient pas hésité à monnayer le marché contre de fortes commissions.

L’alerte de la FAO intervient alors qu’en début de semaine, d’autres organisations humanitaires annonçaient qu’en dépit « de bonnes récoltes » cette année, la famine menaçait à nouveau les pays du Sahel dont la grande majorité se trouvent en Afrique de l’Ouest. Gageons que les autorités maliennes vont prendre efficacement les devants.

Moussa Bolly

16 octobre 2006.