Si rien n’est fait, le risque est encore plus grand car les pertes pourraient atteindre le niveau record de 350 milliards de F cfa pour la campagne 2005-2006.
C’est du moins le message que l’association des producteurs de coton africains (APROCA), à travers son président le Burkinabé François Traoré a voulu porter à la connaissance des autorités lors du 23e Sommet Afrique-France et plus tard à l’OMC.
Les producteurs de cotons africains attirent l’attention de tous sur le fait que les subventions injustes du coton menacent la vie de 19 à 15 millions d’agriculteurs et de leurs familles, aussi bien que les économies de la région.
Depuis 2001, les producteurs sont engagés dans une croisade contre ces subventions dans les pays riches qui ont contribué directement à la chute des prix sur le marché mondial.
Quatre pays, le Burkina, le Bénin, le Tchad et le Mali ont lancé, en 2003, l’initiative sectorielle du coton à l’OMC, pour négocier la fin du commerce déloyal.
Il faut rappeler que les exportations de coton représentent 25 à 50% des recettes pour plusieurs pays d’Afrique centrale et occidentale. La situation du coton est préoccupante du fait du dumping du coton subventionné.
L’Afrique a perdu plus de 400 millions de dollars entre 2001 et 2005. C’est pourquoi, en vue de la réunion ministérielle de l’OMC à Hong Kong, les producteurs de coton se sont mobilisés pour rassembler plus de 2000.000 signatures pour une pétition à travers l’Afrique centrale et occidentale.
Dans cette pétition, les producteurs dénoncent les subventions injustes et exhorbitantes accordées aux producteurs des Etats Unis et de l’Union Européenne.
Les deux associations de producteurs de coton africains que sont l’ACA et l’APROCA, après avoir analysé l’évolution du traitement de ce dossier au niveau de l’OMC et constaté que de Cancun à ce jour, il n’y a aucune avancée potable sur ce dossier pouvant susciter l’espoir des 25 millions d’Africains dont la vie est essentiellement liée au coton, portent à la connaissance de monsieur Jacques Chirac président de la République française à travers l’Union Européenne et toute la communauté internationale l’impasse dans laquelle se trouvent les producteurs africains de coton.
Dans leur déclaration commune, elles appellent à une grande attention sur l’impact déstabilisant du marché mondial du coton causé par les subventions déloyales à la production comme à l’exportation accordées aux pays du Nord.
Aussi, elles affirment ne pas comprendre toujours pourquoi la France partenaire de longue date de l’Afrique se réserve de donner une position claire et nette en faveur des acteurs de la filière cotonnière d’Afrique dans ce dossier de subventions.
Tout en rappelant l’effet de ces subventions sur les pays africains qui s’est traduit au cours de la campagne 2004-2005 par une perte considérable de plus de 250 milliards de F cfa, ces associations informent, par ailleurs que si rien n’est fait, ces pertes pourraient atteindre le niveau record de 350 milliards de F cfa pour la campagne 2005-2006.
Le discours de Chirac, un motif d’espoir
Le président des producteurs africains de coton n’ayant pu faire le déplacement de Bamako, ses collaborateurs ont pu écouter l’intervention du président français à ce Sommet. Ils ont déclaré être très satisfaits de cette intervention.
Ils en veulent pour preuve, certains passages dans ce discours dans lequel le président français appelle les USA à supprimer les subventions accordées à leurs producteurs comme l’Europe l’a fait.
Nonobstant ce passage du discours du président français au sommet de Bamako, les producteurs se disent aussi profondement touchés par sa déclaration selon laquelle les paysans africains doivent recevoir la juste rénumération de leurs efforts.
Les suvbentions créent une grande distorsion. Et cette distorsion fait beaucoup perdre aux producteurs africains. C’est pourquoi, ces associations exigent l’arrêt immédiat de toutes pratiques de subventions à la production et à l’exportation ; demandent aux partenaires au développement la traduction en actes concrets des engagements pris aux multiples réunions depuis Cancun en 2003.
Egalement, ces associations en appellent aux gouvernements africains pour la poursuite du combat au sein de l’OMC jusqu’à l’installation définitive d’un commerce équitable, respectueux des règles internationales de la libre concurrence loyale.
Par ailleurs, elles signalent qu’elles encouragent la création d’une industrie textile compétitive et viable capable de transformer une partie significative de notre production cotonnière.
En demandant au président Chirac d’annoncer de manière claire et nette la position de son pays sur le dossier coton à ce Sommet organisé à Bamako, les producteurs africains à travers leurs organisations respectives, promettent de s’engager à tout mettre en oeuvre en vue de la sauvegarde systématique du coton africain pour le bien-être des millions de producteurs du continent.
Laya DIARRA
06 décembre 2005.