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Le chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara est toujours hospitalisé à Rabat, « il va mieux et a l’intention de retourner le plus vite possible à Conakry », a déclaré mardi à l’AFP l’ambassadeur de Guinée au Maroc, Mamadouba Diabaté.

jpg_dadis_bis.jpgMoussa Dadis Camara a été blessé à la tête le 3 décembre à Conakry par son aide de camp, le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba, toujours en fuite.

Transporté par avion au Maroc le lendemain, il a été hospitalisé à la clinique royale de l’hôpital militaire Mohammed V de Rabat et, le 6 décembre, opéré d’un « traumatisme crânien ».

Moussa Dadis Camara « communique régulièrement avec le gouvernement à Conakry dès que le besoin se fait sentir », a affirmé M. Diabaté.

Interrogé sur les propos tenus mardi par le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, qui a mis en garde contre les risques de guerre civile si M. Camara rentrait en Guinée, Mamadouba Diabaté a répondu « ne pas vouloir commenter ce genre de déclarations car elles sont préjudiciables aussi bien sur le plan humain que politique ».

« Je souhaite que M. Dadis Camara reste dans son lit au Maroc et non qu’il revienne » en Guinée « car il serait capable,rien que son retour, de déclencher une guerre civile et on n’en a pas besoin », a déclaré mardi M. Kouchner à l’Assemblée nationale.

Moussa Dadis Camara avait été porté au pouvoir par l’armée le 23 décembre 2008, au lendemain de la mort du dictateur Lansana Conté (1984-2008).
RABAT (AFP) – mardi 22 décembre 2009 – 17h57

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L’Union européenne durcit les sanctions contre la Guinée

jpg_UE.jpgL’Union européenne durcit ses sanctions à l’encontre de la junte militaire en Guinée, au lendemain de la publication d’un rapport accablant des Nations unies sur le massacre du 28 septembre à Conakry. Pour le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner il y a un risque de guerre civile si le chef de la junte Dadis Camara revient en Guinée.

Au lendemain du rapport accablant des Nations unies sur les crimes contre l’humanité commis par les militaires guinéens, l’Union européenne a pris une double décision.

Elle durcit ses sanctions adoptées le 27 octobre à l’encontre de Conakry. L’embargo sur les armes et munitions est renforcé et englobe l’interdiction d’exporter tout équipement ou matériel pouvant servir à la répression.

Deuxièmement, l’Europe ajoute des noms sur la liste des dirigeants guinéens, membres ou associés du CNDD, qui font l’objet de mesures ciblées. Ils seront à leur tour interdits d’entrée et de transit sur le territoire européen.

Les Vingt-Sept ont également décidé de geler tous les fonds et les ressources économiques que ces responsables guinéens détiennent en Europe. Les nouveaux noms seront divulgués très prochainement, dès publication, au journal officiel de l’Union. Une trentaine de noms seraient ajoutés au quarante-deux, figurant déjà sur la liste, qui avait été dressée en octobre, avec en première ligne, le nom du capitaine Dadis Camara.

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Risque de guerre civile si Dadis Camara rentre en Guinée: Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères

Un retour en Guinée du chef de la junte militaire, le capitaine Dadis Camara pourrait provoquer une guerre civile, a estimé mardi 22 décembre le chef de la diplomatie française devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

« Le rapport de l’Onu a été remis samedi soir aux membres du Conseil de sécurité et depuis il est public, vous en avez pris connaissance, il est effrayant, plus encore que ce que l’on savait, plus encore que ce que l’on croyait. Que peut-on faire ? Maintenant, nous devons attendre que le Conseil de sécurité – peut-être mardi – soit saisi. Et en effet, il y aura des sanctions. En attendant, je souhaite que Monsieur Dadis Camara reste dans son lit au Maroc et non qu’il revienne (en Guinée) car il serait capable – rien que son retour – de déclencher une guerre civile et on n’en a pas besoin », a notamment déclaré Bernard Kouchner.

Article publié le : mercredi 23 décembre 2009 par RFI

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Guinée : Quand l’Onu arrive comme un cheveu dans la soupe

Les humanitaires ont leur morale et elle ne s’accommode pas toujours du calendrier des politiques. C’est bien ce que l’on a constaté avec le rapport de Human Rights Watch sur les événements du 28 septembre en Guinée. Le constat est encore plus criard avec la Commission d’enquête de l’Onu dont le rapport, réflexion faite, gêne la stratégie de Sékouba Konaté devenu, par l’effet Toumba, le numéro un de la junte de Conakry.

En incriminant sans ambages Dadis, Pivi, Toumba et Tiemogoba et en recommandant de les traduire devant la Cpi, les enquêteurs rendent, certes, plus improbable encore le retour déjà très hypothétique de Dadis au pouvoir. Ce qui n’est pas pour déplaire à l’opposition guinéenne ni à la Communauté internationale, toutes deux résignées à la formule du moindre mal incarnée l’ancien numéro trois de Conakry.

Mais les conclusions des enquêteurs risquent de renforcer l’unité du Cndd qui n’est forcément dans l’intérêt ni de Sékouba Konaté lui-même en tant que copilote d’une transition dont les Forces vives seront l’autre mamelle, ni des Forces vives qui ne veulent pas d’un Cndd accroché au pouvoir, ni de la Communauté internationale soucieuse de ne pas voir la Guinée réveiller les terribles démons de la Région Mano.

Pivi n’aimait pas Toumba, mais pour éviter d’être son codétenu dans les geôles de Campo, il lui faut composer avec le boucher de Koundara.

Sékouba Konaté n’étant pas cité dans le rapport devient de fait l’ennemi objectif de la bande des quatre. La solidarité de corps qui résulterait de cette situation créée ou exacerbée par le timing du rapport de l’Onu, et qui se renforcera avec d’autres figures de l’aile dure dont l’emblématique Idrissa Chérif peut bien être un souci supplémentaire pour le Général.

Il saute, en effet à l’œil nu, mais curieusement pas à l’œil de l’Onu, que la dernière des choses dont Sékouba Konaté a besoin maintenant, c’est d’effaroucher ses troupes.

Tout ce qui retarde la sainte alliance des militaires autour du nouveau leader influence le processus de transition vers la légalité constitutionnelle devenue, de facto, la feuille de route de l’après Dadis. Mais les humanitaires ont leur morale et elle ne s’accommode pas toujours du calendrier des politiques.

Adam Thiam

Le Républicain du 23 Décembre 2009.