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Des milliers de Maliens continuent d’être humiliés en terre libyenne. Traités de manière dégradante et dépossédés de leurs biens, nos compatriotes sont ramenés au bercail, la mort dans l’âme.

Décidément, Mouhammar El Kadhafi se présente comme un couteau à double tranchant. Vu sous l’angle du «Panafricain», généreux bailleur de fonds des chefs d’Etat africains, il a bonne mine. Mythe que les Chefs d’Etat africains, sous la pression des difficultés économiques traversées par leurs pays, contribuent à cultiver, afin de bénéficier de la générosité et des dons du guide libyen, au détriment de la dignité de leurs concitoyens. C’est ainsi qu’on a vu récemment débarquer des avions, à l’aéroport de Bamako-Sénou des centaines de Maliens traitant Kadhafi de tous les noms d’oiseaux.

Le ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’intégration africaine, Badra Alou Macalou n’a pu s’empêcher de bafouiller des propos incompréhensibles lors d’un entretien accordé à la presse, à l’arrivée des émigrés. Il répétait, sans convaincre, qu’il était urgent que le gouvernement s’occupe des questions liées à l’émigration.

Ce récent cas des émigrés en Libye ne fait que rappeler les tristes évènements montrant nos compatriotes ligotés, parfois bâillonnés et raccompagnés chez eux par des policiers européens. En fait, notre pays s’est singularisé par une absence notoire de politique migratoire.

Au cours de l’inauguration par le président de la République, Amadou Toumani Touré, du Centre d’information et de gestion des migrations (CIGEM), à l’ACI 2000, le 6 octobre dernier, Abdoulaye Konaté, directeur-régisseur du CIGEM indiquait : «le CIGEM ne saurait se résumer à un face à face euro-africain, son objectif étant d’appuyer la définition et la mise en œuvre d’une politique migratoire malienne adaptée aux dynamiques nationales, régionales et internationales. Le projet ambitionne de mieux étudier et analyser la problématique migratoire et d’y apporter des éléments de réponse appropriés.

C’est une expérience pilote qui aborde conjointement les problématiques de la migration, du développement, de l’emploi et de la formation professionnelle et qui va promouvoir la valorisation du capital humain et financier des Maliens de l’extérieur».

Donc, l’absence notoire de politique migratoire a contraint nos autorités à se rabattre sur des initiatives privées qui ont su convaincre l’Union européenne à financer leur projet.

C’est pourquoi, dans leur fiche d’information, les promoteurs du CIGEM expliquent que «le centre a pour objectif d’assister le Mali à définir une politique migratoire malienne en réponse aux préoccupations des migrants potentiels, des migrants de retour et des migrants résidant à l’extérieur du Mali».

Ils indiquent que le centre fournira un appui au gouvernement malien pour l’élaboration de sa stratégie de communication nationale visant la prévention de la migration clandestine.

En fait, les promoteurs ont fini par l’avouer, le CIGEM lancera une campagne contre la migration clandestine, pour, disent-ils, faire prendre conscience des dangers qu’elle représente et pour orienter les migrants potentiels vers les services référents pour l’emploi. Dommage que les responsables du CIGEM prennent les migrants pour des enfants de chœur ou des gens qui ne sont pas conscients des dangers qui les guettent, toujours est-il que ces volontaires à l’émigration sont persuadés que leurs Etats ont failli à leurs tâches.

En tout cas, celle qui les concerne, à savoir la politique migratoire, est inexistante. Les émigrés continuent d’en faire les frais, par des traitements dégradants et des rapatriements humiliants.


Baba Dembélé

14 Novembre 2008