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A cette occasion, le ministre de la Culture Cheick Oumar Cissoko a organisé une cérémonie musicale au Musée National pour rendre hommage à l’artiste et encourager tous les autres à suivre ses traces.

En plus du ministre de la tutelle et de la lauréate, on notait la présence des membres du cabinet ministériel et de plusieurs artistes.

Avec plus de 100.000 exemplaires de Bowmboï vendu en Hexagone, Rokia s’offre un trophée de plus dans sa jeune et prometteuse carrière.

C’est un symbole. Je me sens aujourd’hui plus Malienne que les autres jours. Cette récompense est le fruit du travail de toute une équipe”, a rappelé la fine Rose du Bélédougou, toujours égale à elle-même.

Elle a donc modestement associé tous ses collaborateurs à reconnaissance de son talent et de son mérite. Comme d’habitude, Rokia a tenu à célébrer cette consécration au bercail. Un geste apprécié à sa juste valeur par M. Cheick Oumar Cissoko.

Le ministre de la Culture a profité de cette fête organisée en l’honneur de la star pour saluer ce clin d’œil patriotique de Rokia Traoré qui a tenu à présenter son disque aux autorités du pays.

Selon lui, Rokia « a un style particulier qui émerveille le monde entier ». Le ministre, très fier de sa compatriote, a mis en exergue l’implication personnelle de l’artiste dans la lutte contre la piraterie et son engagement dans des initiatives de développement de la culture malienne.

L’occasion était bonne pour le réalisateur-ministre de rappeler les efforts louables consentis ces trois dernières années par les autorités maliennes pour soutenir la créativité et consolider le rayonnement artistique et culturel du Mali.

C’est ainsi que le président de la République, Amadou Toumani Touré, a doté les capitales régionales et certaines agglomérations méritantes de salles de spectacles dignes de l’ambition culturelle du pays.

En septembre 2003, Rose a fait une entrée fracassante dans le show biz international avec « Bowmboï ». Enregistré en grande partie au Mali, il oscille entre sonorités africaines et ambiance folk.

La voix de Rokia se pose avec justesse et finesse sur des titres aussi différents que « M’Bifo » qui ouvre l’album, un titre écrit pour l’anniversaire de son mari ou « Mariama » en duo avec le chanteur Ousmane Sacko, l’une des plus belles voix masculines du Mali voire de l’Afrique.

Autre invité sur cet album, le prestigieux Kronos Quartet qui ouvre l’univers de l’artiste vers la musique classique contemporaine

Bowmboï, un titre générique inspirée d’une berceuse de sa mère, a confirmé la nette ascension de Rokia depuis Mouneïsa, son premier « bébé ».

« Il surpasse en virtuosité les précédents et trouve un parfait équilibre entre la musique traditionnelle et la vision du monde moderne. Bowmboï, en raison de son originalité échappe à toute tentative de «classification trop simpliste».

Cet album harmonise les instruments traditionnels avec les instruments modernes », écrit un confrère de la place séduit par les mélodies envoûtantes de cet opus.

Le succès de Bowmboï ne surprend aucun connaisseur car la Rose s’était réellement donné les moyens de réussir un coup d’éclat dans le show biz international.

Elle s’était par exemple attachée les services du prestigieux quatuor à cordes, « Kronos Quartet » de San Francisco, pour composer certains titres de cet album.

Née en 1974, l’enfance de Rokia se déroule au fil des affectations de son père, un diplomate. Rokia évolue donc dans un milieu très protégé qui mêle tradition et modernité, en particulier au niveau musical.

Quant à la jeune Rokia, elle écoute du jazz (comme son frère), du blues (comme son père) et tout ce qu’un adolescent du monde occidental écoute dans les années 70 et 80.

N’étant pas issue d’une famille de griots, la modernité musicale n’est nullement un tabou dans sa famille. Donc, entre tradition et modernité, Rokia Traoré trace un chemin particulier dans la création africaine, malienne en particulier.

Sans renier ses origines, elle adapte sa musique à son temps et à ses préoccupations sans à priori ni contrainte. Comme le dit l’autre, Elle mène sa barque avec maestria et talent, parcourant le monde inlassablement pour présenter sa musique et les multiples facettes de la musique malienne.

En dehors des distinctions nationales, ce disque d’or est la 3è consécration internationale de Rokia Traoré. En effet, elle avait déjà été lauréate du Prix RFI-Musiques du monde, en 1997 avec « Mouneïssa » et sacrée Meilleur espoir de la musique africaine aux Kora Awards en 2001 avec Wanita sorti en 2000.

De nombreux médias, en France (Le Monde), aux Etats-Unis (Billboard, New York Times) ou en Angleterre (Folk Roots) l’ont qualifié à l’époque de «Meilleur album du moment» voire de l’année.

Avec son talent et son ambition professionnelle, Rose peut légitimement espérer sur d’autres consécrations mondiales.

Moussa Bolly

14 juin 2005