Partager

jpg_une-52.jpgMaï Diarra est une jeune fille originaire de Bougouni. Comme beaucoup de jeunes filles, elle est arrivée il y a quelques années dans la capitale pour se faire un peu d’argent et préparer éventuellement son trousseau de mariage. La paysanne obtint très vite ce qu’elle cherchait et s’est muée vite fait en une Bamakoise bon teint. Elle apprit grâce à son petit ami à conduire toutes les catégories de motos qu’on rencontre dans la capitale et ne ratait pas les soirées branchées de la capitale. Son copain l’encourageait d’ailleurs et fit naître chez Maï le goût de l’argent.

Très vite, la jeune fille devint une voleuse et se fit chasser par plusieurs employeurs avant de trouver un point de chute chez Nouhoum Traoré à Bacodjicoroni ACI, le mois dernier.

Très propre et toujours tirée à quatre épingles, la nouvelle employée du couple ne tarda à s’intégrer dans la famille. Le chef de famille comme son épouse lui firent au bout de quelques jours seulement entière confiance. Elle se rendait au marché à moto et s’occupait de la cuisine et de l’entretien de l’enfant.

La semaine dernière, Nouhoum Traoré, un transitaire bien connu de la place, reçut d’un de ses clients à l’étranger la somme de 7 millions Fcfa qu’il devait envoyer à Sikasso pour le dédouanement d’une cargaison de marchandises en provenance de la Côte d’Ivoire. Au cours de l’échange avec le client, Maï comprit que la somme devait arriver dans les jours suivants. Comme elle l’avait prévu, l’argent était effectivement arrivé et le chef de famille le plaça dans une mallette qu’il prit soin de mettre dans une armoire dans sa chambre à coucher. L’employée de maison à qui on ne cachait rien dans la famille a été mise au courant parce que lorsque Nouhoum voulut cacher l’argent, lui et sa femme en parlèrent en présence de Maï bien connue dans le quartier sous le nom de Maïni. Le lendemain, Nouhoum alla à son travail et sa femme se rendit au Centre de santé de référence de la Commune V pour des visites médicales. A Maïni, Mme Traoré donna le prix des condiments et recommanda la cuisine du jour.

Deux « Jakarta »

Une fois les maîtres des lieux sortis, Maï alla au marché pour acheter les condiments. De retour, elle entra dans la chambre à coucher de sa maîtresse, força la porte de l’armoire et retira la mallette qui contenait l’intégralité de la somme. Puis elle rejoignit son amant qu’elle invita à s’enfuir. Le jeune homme à qui elle expliqua son vol ne vit aucun inconvénient. Le même jour, ils allèrent à Senou et prirent le premier car pour Bougouni, la ville de la jeune fille. Dans la capitale du Banimounitié, la demoiselle ne se rendit pas immédiatement chez ses parents. Elle resta avec son copain pendant quelques jours avant de lui remettre une partie de la somme pour acheter deux motos Jakarta. Le garçon obéit et revint avec les deux engins flambant neufs. Les deux jeunes gens s’abandonnèrent à la bamboula et faisaient tout pour montrer qu’ils avaient gagné beaucoup d’argent dans la grande ville.

De retour de l’hôpital, la femme du transitaire se rendit compte de l’effraction et appela son époux qui vint quelques minutes plus tard pour constater les dégâts. Il ne perdit pas de temps et alla se confier au commissaire Amara Doumbia, le chef de la section voie publique. A son tour, le jeune commissaire informa son chef le commissaire divisionnaire, Abdoulaye Danfaga. Après une concertation entre les deux officiers, l’inspecteur stagiaire Kassim Coumaré a été chargé de mener l’enquête. Sans perdre de temps, le policier alla dans les environs de la famille du transitaire et parvint à obtenir des bribes d’informations qui le menèrent chez une autre amie Maï qui est Sanogo celle-là.

Après un petit échange, cette homonyme lui apprit que la voleuse est bien connue pour son vice. Elle avait fait plusieurs familles d’où elle avait été chassée par ses employeurs qui avaient tous par le passé constaté la disparition des objets de valeur de leur maison. Maï Sanogo a ensuite informé le jeune policier que sa cliente serait actuellement à Bougouni avait son petit ami. Elle ajouta que le couple avait quitté précipitamment la capitale sans donner de raison à personne. Seulement ceux qui connaissaient bien la jeune fille s’était doutés qu’elle avait perpétré un acte répréhensible.

Muni de ces informations, l’enquêteur du 4e arrondissement fit le compte rendu à sa hiérarchie. Le commissaire Amara Doumbia contacta le plaignant pour voir s’il pouvait aider l’inspecteur chargé de l’enquête à se rendre à Bougouni. Il s’est trouvé qu’un jeune frère de Nouhoum Traoré devait se rendre dans la même ville. Il chargea celui-ci d’essayer de repérer la voleuse et d’aviser les autorités compétentes.

A Bougouni, le jeune homme ne tarda pas à localiser Maï Diarra. Il appela le transitaire et lui dit avoir vu sa « bonne » en compagnie de son amant sur deux engins à deux roues. Pendant ce temps, le 4e arrondissement avait saisi la brigade de recherche et de renseignements du commissariat de la localité. La BR de Bougouni se mit en branle. Mais au moment où elle s’apprêtait à mettre la main sur sa cible, Maï et son amant avaient déjà été cueillis par la brigade territoriale de gendarmerie de la ville.

Ayant appris que sa voleuse avait été localisée, Nouhoum avait appelé une de ses proches qui travaille à la présidence de la République pour lui demander des conseils. Ce dernier, ne sachant peut-être pas que l’affaire est déjà au niveau de la police, lui a conseillé de s’adresser à la gendarmerie.

Maï et son copain ont été arrêtés au milieu de la semaine dernière. Outre les deux engins qu’ils avaient achetés avec l’argent du transitaire, les gendarmes trouvèrent sur elle, dans une des poches de son pantalon jean, la maigre somme de 89.000 Fcfa. Interrogé sur le reste des 7 millions, le couple de voleurs a répondu qu’il avait été dupé par un camarade de l’amant de la fille. D’après leurs explications, lorsqu’ils sont arrivés avec l’argent à Bougouni, l’amant informa son ami qui lui conseilla de lui confier l’argent le temps de voir s’ils n’étaient pas suivis par des enquêteurs de la police. Le couple aurait juste gardé sur lui le prix des deux motos et un peu d’argent de poche. Tout le reste a été confié à cet ami qui a aussitôt pris la clé des champs. Des rumeurs font état de sa présence dans un pays voisin.

Maï et son copain séjournent présentement à la gendarmerie de Bougouni. Ils seront sûrement transférés à Bamako pour répondre devant la justice.

G. A. DICKO