La culture peut être un puissant levier pour le développement d’un pays, comme l’atteste éloquemment le cas des « Dragons » de l’Asie du Sud-Est, qui se sont, justement appuyés sur leur culture pour impulser leur décollage économique et social.
Héritier de grands empires, à l’image de ceux du Ghana, du Mali et du Songhaï, dont les civilisations ont rayonné à travers temps et espace, le Mali, à côté du fait que Dieu l’a doté de fabuleuses ressources naturelles, jouit d’une richesse culturelle incommensurable sous-tendue par une histoire qui sort du commun.
A l’instar des ressources naturelles, cette richesse culturelle demeure, malheureusement, sous-valorisée, voire pas du tout valorisée.
En somme, nous sommes assis sur de l’or en train d’admirer le cuivre de l’autre, comme le dirait le sage de Bandiagara, Amadou Hampaté Ba.
L’un des éléments, les moins connus de cette histoire millénaire du Mali est l’audace de cet empereur mandingue, Abubakari II qui, en 1312, abandonna volontairement le pouvoir pour explorer les limites de l’océan. Sa flotte aurait mouillé sur les côtes du Brésil.
Vu sous cet angle, Abubakari II fait partie des pionniers de l’ère des grandes découvertes …Avant Christophe Colomb, avant Magellan, avant Vasco de Gama. Le dramaturge Gaoussou Diawara vient d’y consacrer un livre, « Abubakari II, explorateur mandingue », fruit de vingt années de recherches.
Pr. Gaoussou Diawara, qui a pratiquement consacré sa vie à cette figure mythique de notre vécu social, a créé, en 1996, une Fondation Abubakari II qui avait lancé l’idée de deux projets ambitieux : un centre et un monument Abubakari II.
Le centre serait un symbole de la mémoire maritime des peuples noirs. Il serait bâti sur les berges du fleuve Djoliba sous forme de centre culturel qui accueillerait des chercheurs venant de partout à travers le monde, avec salle de conférence, bibliothèque, librairie, espace de vente d’objets d’art, de CD, d’effets d’habillement…
Histoire de permettre à la fondation de secréter de l’argent pour financer ses activités. Le centre pourrait, en outre, comporter un hôtel pour héberger les chercheurs de passage à Bamako. Et devrait entreprendre des travaux de recherche liés à l’eau, à l’assainissement et à l’amélioration de la qualité de la vie en milieu urbain.
Quant au monument, tout aussi ambitieux, il comporterait un bâtiment souterrain avec une partie émergée de 40 mètres de haut où l’on voit un colosse (Abubakari II) menant une embarcation.
En somme, la mémoire du passé sortant de l’eau. Coût du projet : 1,850 milliard de FCFA. Sur le plan architectural, le projet avait même été conçu par le président de l’Ordre des architectes du Mali.
Malheureusement pour le projet, il a coïncidé à une époque (2002) où le président Alpha Oumar Konaré était en fin de mandat. La volonté politique n’a donc pas suivi. Qu’à cela ne tienne, il ne coûte rien de le réactiver. D’autant qu’il est porteur au double plan symbolique et économique.
Yaya SIDIBE
26 Avril 2010.