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Le constat est amer et implacable. Avoir à faire à l’administration malienne donne la « désespéranite aig??e ». Il faut être un brave parmi les braves pour réussir le parcours du combattant qui sépare deux mondes pourtant indispensables l’un à l’autre.

Lorsqu’un honnête citoyen a le malheur de franchir le seuil d’une de ces pléthoriques directions du service dit public, seule sa désespérance est à la mesure de l’exploit qu’il s’apprête à accomplir.

Le premier obstacle, qui n’est pas le moindre, consiste à ne pas se perdre dans un dédale de bâtis disséminés dans une cour si vaste que même un Mongol (nomade des grandes steppes asiatiques) s’y perdrait.

La seconde difficulté est l’embuscade.

En effet, pour tout individu non initié à la chasse embusquée, il est quasi-impossible d’attraper au vol un déambulant doué de langage afin d’obtenir la première clé du périple titanesque qui n’est autre que l’orientation vers le service approprié.

Franchis ces deux obstacles, voici le troisième s’ouvrir à vous, derrière une porte aux poignets dégoupillés signe avant-coureur du drame dont vous allez être l’acteur principal malgré vous.

En effet, derrière cette porte, se trouve une table métallique sur laquelle trône généralement un PC flambant neuf recouvert pour le protéger de la poussière et de la paperasse dissimulant une vague silhouette que l’on identifiera, après avoir lancé un bonjour intimidé, comme étant le maître de céans. Il vous faudra un second bonjour en bambara pour qu’enfin sa majesté daigne relever la tête afin de fustiger du regard celui qui a osé le sortir de sa douce torpeur.

Prenant votre courage à deux mains vous franchissez le seuil et venez vous placer juste devant la table en bafouillant la raison de votre venue. Et là, c’est le drame !

D’une voix autoritaire, l’Administration vous malmène, vous prouve par a+b que vous êtes un mauvais citoyen, que vous auriez dû savoir que la procédure est la procédure et que les documents que vous demandez vous seront communiqués si le téléphone – qu’elle vous montre du doigt – sonne et qu’à l’autre bout du fil se trouve le ministre de l’Administration en personne.

L’Administration malienne est exsangue, sans âme ni morale. Elle croule sous le poids de procédures archaïques.

Le développement se fera par et avec une Administration forte, sereine. Il est inconcevable que les citoyens franchissent avec retenue et craintes les portes de leurs services publics.

Redonner un visage humain à notre administration est le gage de notre réussite sociale et économique.

Sada Sy

22 Octobre 2010.