L’échangeur multiple de Bamako aura été un investissement judicieux. En plus de donner de l’allant à la capitale en aidant ainsi à la propulser dans la modernité urbanistique en ce début de 21ème siècle, l’ouvrage participe grandement à fluidifier la circulation.
Après son inauguration, le 20 septembre dernier, les habitants de Djicoroni-Para n’ont pas hésité à extérioriser leur joie et exprimer leur gratitude au président de la République à travers une marche et des chants et danse. C’est que la voie d’accès, qui va du monument de la Paix à ce quartier populeux de l’ouest de Bamako, répond parfaitement aux commodités d’une route digne de ce nom, spacieuse et bien carrossable.
Seulement voilà : revers de la médaille ou plus exactement comble de paradoxe, depuis la mise en fonction de cette bretelle, au lieu de faire leur bonheur, elle constitue la principale source des malheurs des habitants de Djicoroni Para et, d’une manière générale, des usagers de la bretelle. Car, il ne passe pas de jour sans que cette artère ne soit le théâtre d’un grave accident de la circulation, la plupart du temps mortel. On en voit de tous les scenarii : Djakarta contre Djakarta, Sotrama contre Sotrama, Djakarta contre piéton, Sotrama contre Djakarta, Benne contre Sotrama, véhicule particulier contre cycliste…
L’état de la route n’étant plus incriminé, ce sont l’incivisme des usagers et la méconnaissance et/ou le non-respect des principes élémentaires du code de la route qui sont désignés comme les principaux responsables de la tragédie.
Enivrés par la grandeur et la modernité de l’espace, certains conducteurs se croient obligés de rouler à tombeau ouvert, à slalomer sur la voie, à observer des arrêts brusques sans se préoccuper des autres usagers, comme s’ils participaient à un safari-géant. Il est grand temps d’arrêter le massacre en mettant l’accent sur l’information et la sensibilisation des usagers et, au besoin, utiliser la coercition pour faire respecter l’ordre, la discipline et la loi. Et préserver ainsi l’intégrité physique et la vie d’honnêtes citoyens.
Yaya SIDIBE
05 Novembre 2010.