Le blé ne cesse de faire parler de lui. Jusqu’en octobre prochain, l’or vert s’échange à 173 livres (environ 121 100 Fcfa) pour 100 t pour le blé ELCM et 169 dollars (environ 82 810 Fcfa pour 20 t de blé domestique WCE utilisé en boulangerie. Tels sont les prix affichés sur le marché international.
En décembre prochain, la même quantité (*) sera vendue à 173 dollars (environ 84 770 Fcfa). À ce prix d’achat, s’ajoutent les charges liées au fret entre la zone de production et la meunerie des Grands moulins du Mali (GMM) sis à Koulikoro.
Est-il besoin de signaler que la hausse des prix découle des aléas climatiques dans les zones de production de l’Europe du Nord.
Dans une correspondance adressée, au début de ce mois-ci, aux GMM, le céréaliste français, Hugot Baudet, tire une fois de plus la sonnette d’alarme.
Selon lui, au regard des prévisions, il existe un déficit en termes d’offre de l’ordre de sept millions de tonnes pour répondre à la demande mondiale. Ce manque à gagner entraîne une nouvelle diminution des stocks mondiaux de blé.
Dans un autre registre, toute l’attention est portée sur l’Argentine et l’Australie où la sécheresse a eu un impact sur les surfaces emblavées. Si le manque de pluie perdure, il pourrait causer de sérieux dommages aux plantules en pleine croissance et entraîner de nouvelles tensions sur le marché de l’or vert, avertit le céréaliste français.
L’envol en cours de l’or vert sur le marché mondial, de plus en plus pris dans le tourbillon, est une aubaine pour le blé-culteur de notre pays qui possède déjà une riche expérience dans la culture de l’or vert.
En effet, cette emblavure est une tradition séculaire dans le nord de notre pays, notamment dans la région de Tombouctou. Il symbolisait déjà les échanges commerciaux et culturels entre l’Afrique Noire et l’Afrique Blanche. C’était pendant l’époque précolonaile.
Culture de rente, le blé à été beaucoup appuyé à l’époque coloniale par la CICONIG et plus tard l’Office du Niger. Ces deux structures ont respectivement redoré son blason dans la zone de Diré. À ce jour, cette localité est considérée comme l’une des plus grandes zone de culture de blé dans notre pays.
Signalons qu’après la grande sécheresse de 1973, le gouvernement du Mali avait mis l’accent sur la relance de la culture du blé. En 1976, plusieurs projets et opérations avaient été impliqués pour son développement dans la région de Tombouctou, bénéficiant même de financements d’origine divers (gouvernement malien, USAID, FAC, ACDI).
Plusieurs projets et ONG sont intervenus et continuent de promouvoir la culture irriguée en distribuant des motopompes et en finançant des aménagements hydro-agricoles. Malgré un potentiel dépassant 40 000 ha de culture, la filière blé ne s’est toutefois jamais réellement développée. Sa production stagne. Elle n’atteint même pas 10 000 t par an. Alors que les besoins du Mali dépassent à l’heure actuelle 100 000 t par an.
De fait, la production totale de l’or vert dans notre pays se situe entre 5 000 t et 7 000 t par an. De surcroît, une bonne est commercialisée ou transformée artisanalement.
En effet, le tableau de la production de blé du PACEM et l’organisation des producteurs BaaHuu évolue en dents de scie.
Durant la campagne agricole 1998-1999, la production atteignait 1 719 t sur laquelle 660 t ont été vendues. En 1999-2000, elle s’estimait à 3 300 t dont 1 582 t seront écoulées.
En 2000-2001, elle chuta légèrement pour se retrouver à 2 801 t dont 975 seront vendues. En 2001-2002, elle augmente sensiblement en volume. Mais, le niveau de vente ne suivit pas.
Quant à la production, elle s’était hissée à 2 826 t et le niveau de vente, qui avait baissé, était limitée à 921 t, soit 54 t en moins que l’année précédente. En 2002-2003, la production a, à nouveau piqué du nez. Les producteurs n’ont récolté, cette campagne-là, que 2 249 t dont 577 t seront écoulées.
Enfin, en 2003-2004, la production s’est de nouveau relevée. Mais, le niveau de commercialisation n’a toujours pas suivi. Sur 3 000 t récoltés, 425 t seulement seront vendues durant cette campagne.
À l’analyse, la culture du blé dans notre pays végète encore au stade artisanal. La comparaison de l’évolution des superficies cultivables en blé et en riz irriguées montre une tendance à la stagnation pour le blé.
Alors que celles du riz augmentent régulièrement. Cependant, la culture du blé devient de plus en plus lucrative. La forte tendance à la production de biocarburant qui contraste avec l’évolution du comportement culinaire provoque une surenchère autour du blé.
Avec ses potentialités, le Mali peut devenir un grand producteur dans la sous-région ouest africaine. Mais, l’autre potentialité du blé malien demeure sa vertu marchande.
Selon les spécialistes, les variétés cultivées dans notre pays créent plus de plus-value. Ainsi, de plus en plus, les investisseurs privés s’investissent dans la production de blé dans notre pays.
Nous y reviendrons.
Source : Internet « ADVFN »
Étude de compétitivité sur la filière blé au Mali
L’Essor
19 septembre 2007.