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C’est demain 8 juin que le président de la République, sera réinvesti. En prélude à l’événement, nous avons approché certains responsables des partis politiques qui se sont prononcés sur le bilan des cinq ans de ATT et ce qu’ils attendent de lui à l’occasion de son dernier mandat.

Djiguiba Kéita (Parena, FDR) : « Qu’ATT soit le président de tous les Maliens »

« Je pense que le bilan des 5 ans d’ATT a été caractérisé par du bon et du mauvais. Du bon, agrémenté par le populisme d’ATT lui-même. Avec son système de m’as-tu vu, qui fait qu’il a fait 5 ans à faire de la campagne, caractérisé par l’ouverture de chantiers qui existaient réellement, mais surtout par la finition de chantiers ouverts par l’Adéma à plus de 70 %. Je dis que la politique de logements sociaux dont il prétend être l’initiateur, n’est nullement une innovation. Ce sont des choses qui ont toujours existé sous les présidents Modibo Kéita, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré.

Le côté négatif a été caractérisé par l’immense déception, par l’immobilisme politique. Depuis la conférence nationale jusqu’à un certain temps, il n’y a jamais eu un certain consensus avant le président ATT. Il devait profiter de cette situation pour apporter des révisions aux textes fondamentaux de la République.

De 2002 à 2007, on avait cette chance pour apporter des changements. C’est seulement à ces seules conditions qu’on peut faire des élections législatives crédibles. Voyez-vous pour les élections législatives, c’est au Mali seulement qu’on a un système majoritaire à 2 tours. Au Parena, nous avions demandé un système mixte pour les législatives, mais le président ATT a refusé. Nous avions aussi demandé la réforme de l’Armée. Toutes ces choses ont été rejetées par ATT.

En termes de perceptives, comme nouvel élu, nous lui demandons qu’il soit le président de tous les Maliens. Qu’il sorte dans sa gouvernance le système de clan et qu’il sorte également son système à tendance régionaliste, voire ethnique. Il est temps qu’on lui dise que ces pratiques ne peuvent plus continuer. Que la gestion des ressources de l’Etat soit faite dans les conditions saines. Son dernier mandat doit être placé sous le signe de la volonté politique d’assainir l’administration, la réforme du Vérificateur général et l’érection de la section des comptes de la Cour suprême en Cour des comptes conformément aux traites de l’Uémoa. Ces deux structures de contrôle doivent être dotées de moyens humains conséquents pour assurer de façon conséquente la lutte contre la délinquance financière et la corruption sans que cela ne tourne aux règlements de comptes en faveur des gouvernants de l’heure
».

Me Hassane Barry (UDD, ADP) : « Nous attendons l’annonce des futurs projets »

« Pour ma part, j’estime que le bilan est largement positif et cela se confirme par la réélection d’ATT. Si le bilan n’était pas positif, il aurait certes passé, mais pas aussi largement, avec un score de 71 %. Les Maliens n’avaient aucune raison d’aller ailleurs. Le peuple n’a plus besoin de discours académiques, mais de réalisations concrètes avec un candidat qui leur dit : voilà ce que j’ai fait. Je ne vais pas rentrer dans l’énumération des réalisations d’ATT, qui sont connues de tous. ATT est un candidat qui est allé à l’écoute du peuple et qui a voué ses actions aux préoccupations des Maliens.

Nous attendons que les chantiers commencés soient achevés. Par rapport au mandat qui commence vendredi, nous attendons que le président nous présente ses nouveaux projets dans le domaine économique, financier, dans le domaine de la lutte contre la corruption et de la délinquance financière. Qu’ATT nous redéfinisse les missions du Vérificateur général et l’étendue de ses pouvoirs car c’est vraiment flou. Bref, nous attendons l’annonce de ses futurs projets pour le Mali
».

Oumar Mariko (Sadi) : « Nous allons continuer à souffrir »

« Le mandat des 5 ans de ATT a été la poursuite de l’application des programmes de l’ajustement structurel avec la liquidation du reste des entreprises et sociétés d’Etats, que le régime d’Alpha n’a pu finir. ATT est revenu sur la privatisation de l’Energie, chose qu’il faut saluer. Le Mali ne peut pas avancer tant qu’on est sous orientation néo-libérale. Le bradage systématique des structures publiques comme l’école, la santé ne garantit pas l’avenir de nos populations. Sur le plan de la communication, quelques atteintes aux libertés des médias ont été commises.

Sur le plan International, le Mali n’a pas brillé. Le peuple continue de souffrir. Le pays n’a pas bougé quant aux changements annoncés.

Quant aux perceptives, il y a beaucoup de belles promesses. Nous posons la question est-ce que la politique de la demande sociale n’a pas échoué pendant ces 5 ans ? Par rapport à tout ce qui a été dit, nous voyons que le prix des produits ne cesse d’augmenter, la production du riz a chuté. Dans ce contexte, il est difficile que les promesses soient tenues. Tant qu’on ne change pas en Etat démocratique et populaire, nous allons continuer à souffrir
».

Propos recueillis par Amadou Sidibé et Ogopémo Ouologuem

07 juin 2007.