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Hier mardi, le staff de campagne du Dr Soumana Sako était face à la presse. Le but était d’édifier l’opinion publique nationale et internationale sur les facteurs expliquant la contreperformance électorale du candidat du Cnas-Faso hèrè, la requête en annulation du scrutin introduite auprès de la Cour Constitutionnelle ainsi que la position du parti concernant la suite du processus électoral.

Le 06 août, quatre jours après la proclamation des résultats complets provisoires par le gouvernement, le parti Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS Faso Hèrè) est sorti de son silence. Au cours d’une conférence de presse animée par le secrétaire politique du parti, Edmond Dembélé, la Cnas s’est prononcée sur trois points précis.

En premier lieu, le score électoral (0,87%) du candidat de la Cnas, Soumana Sako, à l’issue du premier tour du scrutin présidentiel du 28 juillet. Un score que le staff de campagne qualifie de « dérisoire ». Selon eux, les observateurs renseignés reconnaissent que le poids électoral effectif du Dr Soumana Sako est largement supérieur au chiffre donné par le ministère de l’intérieur. Cela ne peut s’expliquer que par certains facteurs dont la fraude est le principal.

Mais il y a aussi la campagne menée par des « forces antidémocratiques » en faveur d’un candidat précis, une coalition de forces religieuses et militaires qui ont battu campagne contre le Dr Sako en raison de « ses courageuses prises de position contre l’intrusion des militaires et des leaders religieux dans le champ institutionnel politique». Cela n’a pas commencé maintenant car, entre 1987 et 1991, et de juin 1992 à 2013, « le candidat du peuple » a fait l’objet d’une campagne de dénigrement, censure et ostracisme, y compris de la part des médias publics et d’organes privés.

Cela explique d’ailleurs pourquoi le candidat de la Cnas n’a pas été reconnu par les électeurs sur le bulletin unique comportant plusieurs photos miniaturisées. Ce facteur technique n’était pas le seul à jouer négativement sur les résultats scrutins.

Défaillance technique

D’autres comme la mauvaise qualité de l’encre qui a fait invalider des centaines de milliers de bulletins, le manque de délégués Cnas dans tous les bureaux de vote faute de moyens financiers, la non prise en compte par le Ravec des électeurs potentiels non enrôlés avant 2009.

Le conférencier a également évoqué des facteurs d’ordre organisationnel. Notamment l’impact négatif du coup d’Etat du 23 mars sur les activités des partis politiques, en particulier l’élan qu’avait pris la Cnas suite à l’investiture de son candidat en décembre 2011, la démobilisation de la base électorale et le manque d’animation politique continuelle qui ont fait des militants et sympathisants de la Cnas « des proies faciles pour les acheteurs de voix ». Le conférencier ne tire pas seulement sur les autres mais fustige également « la défaillance et l’inefficacité des directions nationales des mouvements des femmes et des jeunes du parti dans un pays où l’électorat est largement jeune », surtout que la Cnas n’avait plus la plénitude de ses moyens en tant que machine politique qui n’avait pas encore réussi à se transformer en machine électorale.

Par ailleurs, la Cnas n’a pas de moyens financiers, ce qui a lourdement handicapé sa communication et la mobilisation de ses militants, le déplacement du candidat tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Le conférencier a également évoqué « la fraude systématique et à l’achat des votes », notamment des bulletins pré-remplis, des urnes bourrées, des votes manipulés pour faire passer un candidat dès le premier tour.
En deuxième lieu, la Cnas a saisi la Cour constitutionnelle pour l’annulation du scrutin du 28 juillet, une annulation donc une reprise du scrutin dont les conséquences pour la démocratie et la paix sociale seront « moins grave que celles pouvant découler de l’élection d’un président par la fraude organisée et l’achat à grande échelle des votes ».

Les conférenciers ont indiqué que leur requête a été déposée le dimanche 4 Aout dernier, dans le délai de 48heures suivant la proclamation des résultats.

Le staff de campagne de la Cnas attend les résultats de cette requête avant de donner, s’il y a lieu, d’éventuelles consignes pour la suite du processus électoral.

Et s’il y a lieu, « il le fera en toute indépendance et en toute responsabilité, en n’ayant à l’esprit que l’intérêt supérieur du peuple, conscient qu’il est de l’impérieuse nécessité d’assurer, entre autres, le retour complet et sans subterfuge à l’intégrité territoriale et à la concorde nationale, la sauvegarde de la laïcité de l’Etat, la refondation démocratique et le changement dans la justice sociale, le réarmement matériel, moral et républicain de nos forces armées et de sécurité, la recherche de solutions durables à la crise de l’école et de l’emploi, la libération économique, politique et sociale de la femme, l’éradication de la grande et petite corruption, la gestion transparente des ressources publiques et le développement économique et social équilibré de toutes les régions du Mali en coopération avec le reste du monde et en harmonie avec nos valeurs positives de société comme seul gage d’une paix sociale durable.»

En conclusion, le conférencier a fait comprendre que son parti ne s’alliera jamais avec un parti qui a des liaisons dangereuses avec des milieux militaires et religieux.

Cheick Tandina

Le Prétoire du 07 Août 2013