Les prestations entre les différentes troupes régionales présentes à la Biennale 2008 à Kayes continuent leur petit bonhomme de chemin au Stade “Abdoulaye Makoro Sissoko“. Ainsi, après Tombouctou et Mopti (les 21 et 22 Décembre 2008), c’était au tour de Ségou et de Kidal (respectivement, les 23 et 24 Décembre 2008) de mettre leurs talents culturels en exergue, à travers différentes disciplines.
En effet, toutes les oeuvres de ces disciplines (orchestre, pièce de théâtre, ballet, choeur, solo de chant,…) puisent leurs thèmes dans l’actualité nationale, africaine et internationale.
Après les troupesde Ségou et Kidal
Ainsi, dans sa Pièce maîtresse intitulée “Dougoutigui dén“, la troupe de Ségou a “touché du doigt“ les effets néfastes de l’excision. Elle retrace la souffrance subie par la fille du Chef de village au moment de son excision et l’incompétence des guérisseurs traditionnels à arrêter la grande hémorragie dont la fille a souffert.
A travers cette mise en scène donc, la troupe de Ségou invitait les populations à abandonner la pratique de la mutilation génitale féminine qui se solde généralement par des conséquences dramatiques.
Quant au Ballet, il délivrait un message de sensibilisation sur les moyens de protection contre le VIH-SIDA qui est également un fléau qui provoque des ravages dans le monde, particulièrement en Afrique. Le solo de chant, ui, mettait en exergue les avantages que peut avoir la scolarisation des filles, et les désavantages de leur non scolarisation.
Tout comme la troupe de Ségou, celle de Kidal a fait mention du fléau du SIDA dans prestation du Choeur, et la scolarisation des filles dans son ballet à thème. La Pièce de théâtre et l’Orchestre mettaient l’accent sur l’unité et la paix.
En effet, cette Pièce de théâtre, intitulée “La paix maintenant“ illustrait la situation de trouble dont le Nord du pays fait l’objet, et qui se trouve aujourd’hui plongé dans un chaos provoqué par des rebelles souvent appelés des bandits armées.
Ainsi, dans cette Pièce, les rebelles invoquent les raisons qui les ont poussés à prendre les armes. La principale raison invoquée est le sous- développement des régions du Nord, notamment la région de Kidal. Aussi ont-ils divulgué leur stratégie d’attaque qui consiste à tendre des embuscades aux forces loyalistes, à poser des mines, à profiter du sable dont ils maîtrisent seuls le secret.
Cette Pièce retrace également les conditions de détention des militaires pris en otage ; la vie dans le maquis et dans les familles de ceux-là mêmes qui ont préféré le maquis. A la fin de la Pièce, la paix à laquelle aspire beaucoup de Maliens est finalement retrouvée. En résumé, cette Pièce est un appel aux rebelles à déposer les armes, pour
l’unité et la paix.
Celles de Sikasso et Kayes
Ce sont les deux troupes de ces deux régions qui ont suivi celles de Ségou et de Kidal, plus précisément le 25 et 26 Décembre 2008, toujours au Stade “Abdoulaye Makoro Sissoko“.
Et toujours dans le cadre de dénonciation et de sensibilisation, la troupe de Sikasso, à travers son Orchestre, a évoqué un autre phénomène. Il s’agit de cet engin à deux roues qui est la source de beaucoup d’accidents routiers meurtriers, tant dans les capitales régionales que dans le District de Bamako : la moto “ Djakarta“. Aussi, la troupe a invité à un changement de comportement de ces propriétaires d’engins à deux roues.
Dans sa Pièce de théâtre, la troupe a abordé, encore une fois de plus, la problématique de l’immigration clandestine avec, d’une part son cortège de mort soit dans les déserts, soit dans la mer, et d’autre part, les conditions inhumaines dans lesquelles les immigrés pour l’Europe sont refoulés.
Le Solo de chant touchait également un thème qui est d’actualité : il s’agit de la protection de l’environnement. Tandis que le Ballet à thème, qui a fait revivre l’histoire de Ségou, expliquait ainsi la manière dont Dougakoro a été trahi par sa femme Ba Nah, au profit de son adversaire Dah Monzon Diarra.
La prestation de la troupe de Kayes était la plus attendue du public (si on peut le dire ainsi), au regard de la grande foule qu’elle a pu draîner vers le Stade où se déroulent les compétitions. Avec cette forte mobilisation, les populations de la Cité des Rails entendaient donner un cachet particulier à la prestation de leur troupe, afin qu’elle puisse obtenir une place honorable dans le classement, le jour de la proclamation des résultats.
La région de Kayes est reconnue comme une zone où la majorité de la population immigre à l’étranger. L’occasion était donc bonne, pour sa troupe, de passer des messages de sensibilisation à travers sa Pièce de théâtre et son Solo de chant. Quant au Choeur, il dénoncait les magouilles et la corruption qui sévissent en maîtres… maux au sein des services publics.
Le Ballet à thème , intitulé “Djéliya“, mettait l’accent sur le comportement des griots d’hier et des griots d’aujourd’hui. Il mettait en exergue le degré de fidélité des griots de l’époque et le degré d’infidélité des griots de notre époque.
Moussa TOURE, envoyé spécial à Kayes
29 Décembre 2008