Annoncée tambour battant comme l’événement culturel phare du cinquantenaire, la Biennale artistique 2010 risque de se tenir sans la troupe de Sikasso. Et pour cause. Les 110 artistes recrutés au compte de la Cité du Kénédougou menacent de plier armes et bagages si l’exécrable traitement à eux réservé perdurait davantage.
La position clairement affichée par les éléments de la troupe de Sikasso risque de constituer un cheveu dans la soupe de la Biennale artistique et culturelle, prévue du 19 au 29 décembre 2010. En effet, si de leur côté, les plus hautes autorités n’ont pas lésiné sur les moyens pour que la fête soit belle, la Commission d’organisation, est sévèrement critiquée pour ne pas accorder d’importance aux artistes qui réclament une rémunération de 150 000 F CFA au lieu des 75 000 F CFA initialement prévu pour deux mois d’internat.
Depuis le 15 octobre 2010, la troupe de Sikasso est à l’internat. A moins d’une semaine de la Biennale, c’est la tristesse et la désolation sur les visages des artistes. Si certains regrettent de s’être fait enrôler dans les troupes, d’autres, par contre, menacent de quitter les rangs si la situation de maltraitance perdure.
C’est dire qu’une lueur de chaos plane sur l’événement.
» La région n’a pas les ressources financières pour vous payer à 150 000 F CFA, la porte est grandement ouverte pour ceux qui ne peuvent pas faire le travail à 75 000 F CFA, car sans vous la Biennale aura bel et bien lieu ». Voilà l’incendiaire refrain entonné par le président de la nébuleuse Commission régionale d’organisation, le gouverneur de région en personne.
Le responsable de la troupe de Sikasso, Mando Goïta, pense que les revendications de sa troupe sont légitimes, mais que c’est la manière qui n’y est pas. En outre, a-t-il laissé entendre, certains prennent la Biennale pour une vache laitière. « Il faut que les jeunes soient animés de la fibre patriotique, sans laquelle l’événement ne saurait réussir ». Toutefois, a-t-il indiqué, la Commission d’organisation a affiché sa volonté de d’accorder des majorations sur les 75 000 F CFA si seulement la troupe gagne le trophée.
Baguette de fer
Selon nos sources, la Commission, présidée par le gouverneur Mamadou Issa Tapo, a été montée de toutes pièces, ce qui explique sa grande inflexibilité et son manque de sensibilité aux doléances des artistes. Pourtant, ce ne sont pas les fonds qui manquent. Les autorités régionales ont lancé un appel à tous les Sikassois, où qu’ils se trouvent, pour soutenir l’initiative, afin que la région puisse relever le défis.
C’est ainsi que même le plus grand indigent de la région a été harcelé pour mettre quelque chose dans la cagnotte. Mieux, en plus des centaines de millions glanés ça et là auprès des organisations, associations et autres donateurs, la Commission d’organisation a reçu de la part de l’Etat des fonds issus de la privatisation partielle de la Sotelma. C’est dire que les plus hautes autorités n’ont pas lésiné sur les moyens pour que la fête soi belle.
Aussi, selon nos sources, la Commission d’organisation use une stratégie de musellement. C’est ainsi que le porte-parole de la troupe de Sikasso, Souleymane Togola, a été intimidé par un commissaire de police de Sikasso.
Le comble aujourd’hui c’est que ce sont les artistes acquis à la cause qui sont arbitrairement piétinés par le gouverneur et ses collaborateurs. Face au refus de Mando Goïta de transmettre ses doléances aux autorités régionales, la troupe de Sikasso a menacé de plier bagages avant même l’ouverture de la Biennale. Il y a bien sûr peur sur la Biennale du cinquantenaire.
David Dembélé
(26-Mars)
15 Décembre 2010.